Dès dimanche, on connaissait les grandes lignes du discours de rentrée scolaire de Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation nationale. Si l’effacement de son prédécesseur derrière le président de la République a été constant jusqu’à la fin, notamment sur l’annonce par Emmanuel Macron lui-même de la revalorisation des salaires des enseignants à travers un « Pacte », Gabriel Attal ne semble pas du même acabit.
Le nouveau ministre annonçait avant sa conférence de presse le retour des évaluations des épreuves de spécialités en juin, annulant le calendrier Blanquer, l’interdiction des abayas, vêtement traditionnel au Moyen-Orient porté au-dessus des autres, et dans son discours aux recteurs de France jeudi dernier, il avait déjà fait part de sa volonté de mener trois combats : « Élever le niveau, bâtir une école des droits et des devoirs, et bâtir une école qui donne confiance et qui émancipe ».
Sur la thématique d’une remise à niveau autour des savoirs fondamentaux « au cœur de l’école », étant donné que « nous sommes toujours en-dessous de la moyenne européenne », pour citer encore le ministre, un exemple de politique volontariste a été donné par Gabriel Attal, introduit à Mayotte par le précédent recteur Gilles Halbout : « Nous avons aussi testé de nouvelles méthodes, innové dans l’apprentissage des savoirs. A Mayotte, par exemple, l’appropriation de la lecture par l’ensemble de la communauté éducative, assortie d’une formation pour les professeurs et d’un travail sur les manuels, a permis une progression rapide dans la maîtrise des fondamentaux : en CE1, là où la moitié des élèves n’était pas entrée dans la lecture, ils ne sont plus qu’1/3, en mi-CP, là où seul 1/3 des élèves était entré dans la lecture, ils sont presque 50%. »
Effectifs à 24 en maternelle
Tous les niveaux seront concernés, et toujours sur le primaire, sa conférence de presse de rentrée évoquait qu’en CM1 et CM2, « la priorité sera la maîtrise du français », avec une pratique renforcée de la lecture et l’écriture. Un axe qu’avait déjà évoqué presque mot pour mot l’actuel recteur dans notre interview, « Jacques Mikulovic : en français dans le texte ! » En effet à Mayotte, le shimaore était la langue la plus utilisée en primaire, bloquant ensuite la bonne compréhension des enfants au collège, une pratique qui perdurerait dans certaines classes.
En terme d’apprentissage, Gabriel Attal appuyait également sur la maternelle, avec la poursuite du « dédoublement des classes en éducation prioritaire », avec un plafonnement des effectifs à 24, ce qui va toujours poser problème à Mayotte en raison d’un déficit du bâti face à la pression démographique, avec un « plan maternelle » qui permettra la poursuite de la formation des enseignants, et l’amplification de l’école « dès 2 ans » en éducation prioritaires, avec les mêmes effets bloquant chez nous.
Au collège, une heure hebdomadaire de soutien en français ou en mathématiques sera proposée aux 6ème et le dispositif « Devoirs faits » d’accompagnement sera généralisé. Enfin au lycée, les maths font leur grand retour après leur éviction due à la réforme Blanquer qui ne les proposait pas systématiquement en fonction des spécialisations, le tout avec le nouveau calendrier d’un bac qui retrouve quelques lettres de noblesse en fin d’année.
L’évolution « socle » de salaire est confirmée, « tous les professeurs de ce pays toucheront entre 125 et 250 euros nets en plus par mois, de manière inconditionnelle », qui intègre la revalorisation de 1,5% de point d’indice décidé cet été, et le « Pacte enseignant » est confirmé, « Il s’agit d’unir nos efforts pour la réussite des élèves, et de payer jusqu’à 50 % de plus l’heure de cours pour un professeur qui fait dix-huit heures de remplacement par an, soit deux par mois environ », voyant dans cette mesurer « une rémunération supplémentaire ».
De nombreuses autres annonces sont déclinées, mais on sait d’ores et déjà que le harcèlement est retenu comme la « grande cause » de l’année scolaire 2023-2024. Avec un focus sur les plates-formes internet, « Internet, pour un enfant harcelé, c’est comme une cour de récréation sans bornes, sans règles, sans adultes pour le protéger », a commenté Gabriel Attal.
A.P-L.