Oula, Caresse, Yopaï, Ounono ou encore Frizou. Les présentations ne sont plus à faire pour cet exploitant également franchisé, depuis 1995, de la fameuse marque française à la petite fleur qu’est Yoplait. La laiterie de Mayotte, c’est une entreprise industrielle qui a su conserver tout le qualitatif d’une approche artisanale et ce, malgré une incroyable modernisation, aussi dirigée vers la transition numérique.
Elle a tout d’une grande…
Qui pourrait penser que derrière ces murs s’articule tout un labyrinthique chaînage qui n’a strictement rien à envier aux usines laitières de Métropole. Un chainage de process relatifs à l’entière élaboration, sur zone, des produits commercialisés que nous connaissons, au moyen d’une gestion intégralement informatisée et d’une vision globale à 360°. Dit comme ça, ça en jette, n’est-il pas ? Et bien en toute et saine neutralité journalistique, nous devons bien reconnaitre qu’il est une certaine fierté de découvrir telle technologie de travail sur notre territoire où la complémentarité intergénérationnelle est noblement de mise.
En effet, là où les anciens de la boite seront experts sur l’aspect qualitatif même du produit, leurs homologues benjamins seront plus à même d’évoluer sur les outils numérisés visant à réduire avant tout la pénibilité de certaines tâches, en lien avec la chaîne de montage. Et si comme nous, vous vous inquiétez de savoir si les machines ont pour vocation de remplacer l’humaine main d’œuvre; rassurez-vous, que nenni ! Bien au contraire même, et ce, chiffres à l’appui. Avec une moyenne de 1 à 2 recrutements annuels, sans compter les employés présents depuis 15 à 20 ans, embarqués dans cette aventure, la Laiterie de Mayotte en 2023, c’est 53 salariés et elle ne compte pas en rester là.
Les presque 50 nuances de lait et petit topo chiffré
Étalée sur une superficie de 4 200 mètres carrés, la LDM, dans les grandes lignes, c’est 6 familles de produits, elles même sous-ramifiées par 5 à 6 sections, soit au bas mot une trentaine de références actives, représentant 16 millions de yaourts sortis de l’usine mahoraise en 2022, pour un poids de production de 2 200 tonnes (soit actuellement 42 tonnes de yaourt produits par jour contre 24 tonnes encore en 2021*). Une production bien entendu basée sur du lait en poudre, intégralement importé de l’Hexagone et d’autres ingrédients provenant du marché européen mais également international, telles que les matières grasses laitières, venant de Nouvelle-Zélande ou encore le sucre, d’Afrique du Sud (mais aussi de la Réunion comme il est actuellement cas). Malheureusement, faute de qualité stable, de traçabilité et de filière suffisamment carrée en l’industrielle matière, aucun produit ou arôme du marché local n’est exploité, notamment la vanille, comme le souhaiterait Emmanuel Clerc, directeur de la maison concernée, arrivé en 2020 et issu d’un long parcours dans le domaine de l’Agro-alimentaire :
« Dans notre domaine professionnel, il est demandé aussi une qualité agréée, chose qu’il est encore complexe de trouver sur notre territoire. Nos produits ont pour vocation à être consommés et nous nous devons de respecter des normes précises. Pour le moment, il est compliqué ici de sourcer, comme on dit vulgairement dans le jargon, de trouver des fournisseurs locaux mais ça viendra, je le souhaite. Nous nous heurtons toujours à une histoire de taille de marché. Pour un industriel, débloquer les filières, cela sous-entend avoir accès à des volumes suffisants. Encore une fois, ça viendra ».
La suite des événements
Depuis sa prise de fonction, le nouveau directeur de la Laiterie de Mayotte a été partie prenante dans la textuelle élaboration de la dernière phase d’une feuille de route, relative au déploiement d’un plan de développement industriel, tablé sur la période 2022-2025. Un plan qui, à l’image de la solidité et de la forme économique de cette société, s’est établi, comme toujours, « en bonne intelligence » selon les propres termes d’Emmanuel Clerc et qui a déjà trouvé concret par 2 volets sur un total de 4.
Ainsi, en 2022, comme précédemment indiqué*, la capacité de production a donc pu doubler grâce à l’achat de 3 cuves supplémentaires (passant de 6 à 9). En 2023, grâce à l’obtention, pour la toute première fois, d’un Fonds européen de développement régional (Feder) de 1,1 millions d’euros — soit 70% du coût global de l’investissement — la production de chaud et de froid de la laiterie a été optimisée, aussi dans une approche moins énergivore, offrant ainsi, d’une part, un remplacement des anciens montages et, d’autres part, un gain de place maximisé, notamment au niveau du département d’étuvage**, offrant dorénavant une capacité d’accueil de 29 emplacements palettes, contre 12 auparavant.
Concernant les étapes restantes, il sera donc question, en 2024, du remplacement des 2 lignes de conditionnement de pots de yaourts (après remplissage) existantes — d’un rendement de 2×2000 pots par heure — au profit d’une seule ligne cadencée à 16 000 pots/h. Une ligne bien entendue intégralement automatisée visant à réduire « la pénibilité du travail ». Et pour 2025, dernière étape de cette feuille de route, il sera question du complet remodelage de la chaine de production des bouteilles de type Yop, incluant la mise en place d’un système de bouchon solidaire, afin de faire un pas de plus vers la préservation environnementale.
Et c’est pas fini !
Dans sa volonté, à la fois de satisfaire la légitime appétence de ses actionnaires, et d’amortir les frais actuels déjà sortis, Emmanuel Clerc avance en prudente intelligence, graduellement parlant, avec toutefois un objectif noble bien précis, dans les proches années à venir, qui est celui d’amorcer le processus d’une baisse drastique du coût de production de ses yaourts et, par conséquent, celui de vente, en faveur des portefeuilles les plus modestes. En somme, je modernise ma chaine de production pour un meilleur rendement global et c’est par ce rendement que je pourrai fluidifier ma distribution et donc réduire mes coûts. Et pour des performances aussi liées au stockage et à la fluidité de circulation, il n’est pas exclu, dans la tête du dit directeur, d’envisager des alternatives telles que des entrepôts frigos en divers lieux de notre territoire ainsi que l’implantation d’une seconde laiterie délocalisée.
C’est donc dans une perspective déjà entre-dessinée à horizon 2030 que nous laissons Emmanuel Clerc et ses équipes s’affairer autour de ces grands chantiers en cours et à venir, avec tout de même une légère inquiétude quant au volet hydrique et la crise que nous connaissons actuellement… Une crise pour laquelle le discours du directeur se veut on ne peut plus clair : « Quand il n’y aura plus d’eau, il n’y aura plus de yaourts ! « … D’ici là, niveau danse de la pluie, n’y allons pas, ni par 4 chemins, ni avec le dos de la cuillère ! Soyons conscients, économes et (naïvement) confiants et croisons les doigts pour les prochains mois.
Joyeux anniversaire la Laiterie et rendez-vous dans les 30 prochaines années…
MLG