Proportionnels à la courbe démographique ascendante de notre territoire, les besoins en matière d’acteurs Santé et du domaine sanitaire, croissent d’année en année, comme il est également cas pour le corps des infirmiers. Après 3 années intensivement denses en matière d’apprentissage, de stages, de contrôle continu et même d’examens, les heureux étudiants infirmiers décrochent, si tout va bien, leur diplôme d’état; incontournable laissez-passer pour entrer officiellement dans la cour, non pas des grands mais bel et bien des soignants. Augmentant leur promotion au fil du temps, afin de répondre, encore une fois, à l’appétence d’un centre hospitalier montant en puissance, les effectifs des étudiants intégrant la 1ère année d’étude, pour devenir infirmiers, sont désormais de 85 places pour une capacité d’accueil de 35 sur le site mahorais… Je vous vois venir ! 85 moins 35, ça veut dire qu’on en fait quoi des 50 futurs apprenants ’’en trop’’ ?! Eh bien grâce à des partenariats avec d’autres régions, notamment hexagonales, nos mahorais et futurs spécialistes des soins ’’s’expatrient’’ le temps de leur cursus notamment à Nîmes, Quetigny et, plus récemment, Grenoble. Une mouvance qui n’est pas des moindres tant sur le plan psychologique, logistique que pécuniaire et pour ce faire, les acteurs du Conseil départemental ET de l’Ifsi sont bien décidés à améliorer la donne cette année, afin que ces futurs étudiants soient largement soutenus pour mettre toutes les chances de réussite de leur côté.
Concentrez-vous sur vos études, on s’occupe du reste
Pour nos jeunes bacheliers fraichement diplômés ayant notamment formulé leurs voeux d’apprentissage post-bac en soins infirmiers, via Parcoursup, il faut savoir que le Conseil départemental prend en charge quasiment tout ce qui a trait à leur future vie d’étudiant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’est pas donné. Qu’il soit question des frais pédagogiques et d’inscription, de transport intersession (vacances), de la prime d’installation, de mobilité pour la vie de tous les jours, pour les stages ou encore de la fameuse bourse, c’est au bas mot un coût global sur 3 ans, de minimum 60 000 euros; voire plus si l’étudiant redouble. Et pour assurer toute cette mécanique administrative de suivi des dossiers, au cas par cas, et de versement de ces différentes compensations, c’est Omar Soufou Ali et ses équipes qui assurent cette lourde tache
: « À Mayotte, les choses bougent activement pour vous accompagner » introduit le chef de service à son attentive assemblée. « Vous allez goûter à bien des changements en peu de temps. Nous vous demandons juste d’être sérieux pour cette nouvelle vie qui s’ouvre à vous et d’être assidus dans l’actualisation administrative de vos dossiers. Comprenez bien que s’il vous est demandé des papiers, en un calendrier précis, pour justement pouvoir vous verser toutes ces aides auxquelles vous avez le droit, ne venez pas incriminer le département s’il y a quelconque souci car justement vous n’avez pas respecté votre engament sur ce point. Nous ne pouvons courir après chaque étudiants, c’est juste normal ».
Des étudiants et futurs étudiants déjà bien tête en l’air apprenant qu’à près de 15 jours de leur (très) proche rentrée, certains n’avaient toujours pas constitués ou rendu leur dossier, ou d’autres qui ne se sont pas vraiment souciés de relancer leur(s) interlocuteur(s) pour leur futur lieu de vie… Ça commence un peu mal mais ça devrait aller, justement grâce aussi aux petites fourmis de l’ombre, telles que Singa Dahlani, référente formation sanitaire au sein du CD depuis 2017 qui se fait bien des cheveux blancs à chaque pré-amorce de septembre et plus encore : « Les étudiants se réveillent sans cesse lorsqu’il est déjà question d’urgence. Le retard fait malheureusement partie de leurs habitudes de vie mais je donne mon maximum pour que tout se passe pour le mieux avant départ justement ».
Un engagement légitiment réciproque
Au regard de ce pari sur l’avenir et des frais engendrés, il est demandé en contre-partie certaines obligations à respecter. Au moyen d’un contrat signé, les futurs étudiants infirmiers, aussi ambassadeurs mahorais, s’engagent à adopter une attitude respectable tout au long de leur parcours, ponctualité et sérieux inclus, et de travailler sur notre sol pour une durée « qui égale au triple celle pendant laquelle ils ont bénéficié du financement départemental ».
En somme, pour 3 ans d’études, les futurs infirmiers sont appelés à exercer pendant 9 ans en notre île au doux parfum en matière de besoins hospitaliers et 12 ans s’ils ont redoublé une année. Pour ces redoublement justement, seul 1 joker est autorisé, raison double de mettre les bouchées triples pour, à l’arrivée, ne pas tomber du 50ème étage…
Outre le fait que cet engagement booste et pérennise clairement les besoins des effectifs de notre territoire, il a aussi pour vocation de responsabiliser ces différents profils qui, par le passé, une fois les billets d’avion et la prime initiale en poche, avaient tendance à abandonner dès la première année, voire même à se volatiliser. Pour ce qui est des billets d’avion initiaux Aller, début des études et Retour ’’définitif’’, fin d’études, c’est à la charge de l’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité (LADOM); hormis pour les étudiants encore mineurs qui eux sont pris encore plus en charge par le Conseil départemental, mutuelle incluse.
« Chaque année, nos besoins annuels pour un efficient roulement, se voudrait de 120 infirmiers. Pour amoindrir le phénomène de turnover et inscrire dans le temps nos équipes. Ces engagements sont quelque chose de tout à fait sain en attendant, dans futur proche je l’espère, de pouvoir constituer notre propre Ifsi avec des promotions de 150 primo élèves » nous confie Salime Aynoudine, chargé de l’Institut des études en santé et directeur des soins au sein du CHM. Alors que 29 étudiants infirmiers locaux, fraichement diplômés, viennent d’intégrer les rangs de notre institution publique, il est comptabilisé pour cette rentrée 2023-2024 près de 200 départs de quoi laisser quelques inquiétantes places vides et justifier doublement ces aspirations de développement quasi intramuros.
Une grande première qui va faire grand bien !
Outre le fait que cette réunion préparatoire globale et collective était au final quelque chose de bien nouveau, il se met en place cette année un poste très attendu tant par les équipes de gestion du CD que par celles de l’Ifsi. En effet, pour cette rentrée il a été nommé un référent qui aura la lourde tâche de suivre pédagogiquement parlant chaque étudiant ’’expatrié’’; chose qui ne s’était jamais réellement faite en amont, hormis quelques déplacements en Métropole de la direction de l’Ifsi.
C’est ainsi que Brahim Aitterrami, cadre de santé et formateur depuis plus de 15 ans, s’occupera de faire les vas et viens et surtout de suivre de très très (très) près nos petits poulains infirmiers : « Ces étudiants sont nos étudiants mahorais mais finalement, ils ont toujours été entre deux eaux et bien souvent livrés à eux mêmes. Cette désorientation parfois brutale, je l’ai moi même vécue dans mes jeunes années et c’est par le partage de ma propre expérience que nous souhaitons les soutenir. Le but c’est d’être le plus réactif possible pour déceler lorsque quelque chose ne va pas et rectifier le tir pour que la poursuite des études se fasse dans les meilleures conditions possibles. D’ailleurs, dès octobre/novembre prochains, un représentant du département, le directeur et moi-même allons nous rendre à la rencontre de tous nos 1ère année afin de s’assurer de leur bonne installation, de l’acclimatation initiale et de la prise de marques. Il faut qu’ils sentent qu’ils ne sont pas seuls et que nous sommes là pour eux ».
Cette réunion préparatoire rentrée 2023-2024, de ce mercredi, aura donc concerné les 30 futurs étudiants en partance pour les respectifs instituts régionaux de formation sanitaire et sociale de la Croix-rouge de Nîmes et Quetigny (15×2 pour chaque centre). Une même réunion qui aura lieu, ce jeudi, pour les 20 autres futurs étudiants en partance pour l’Ifrss de Grenoble dont les respectives rentrées se tablent entre le 1er et le 4 septembre prochains. Souhaitons à tous ces profils aussi divers que motivés de garder pleine confiance en eux, de s’accrocher avec sérieux et rendez-vous dans 3 ans dans les couloirs du CHM.
MLG