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Autonomie énergétique des Outre-mer : Publication du rapport

Autorisée officiellement le 19 juillet dernier, la publication de ce rapport informatif, relatif à l’autonomie énergétique dans les différents territoires ultramarins, relate donc, tel un bilan complet à l’instant T, des diverses observations et mises en place en matière de production énergétique.

Présenté par les rapporteurs Jean-Hugues Ratenon et Davy Rimane, respectivement députés de la Réunion et de la Guyane, cet état des lieux — missionné par la Délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale, en date du 11 octobre 2022 — se veut quelque part trame concrète pour engager des réflexions quant à la lutte contre le dérèglement climatique ainsi que les aspirations de souveraineté énergétique propres à chaque territoire et, de manière globale, à la volonté politique nationale française. Après la rencontre d’une centaine d’interlocuteurs, 50 auditions entre Paris et certaines collectivités visitées*, les rapporteurs ont pu faire remonter nationalement leurs diverses observations sourcées.

(de g. à d.) Jean-Hugues Ratenon et Davy Rimane (DR)

Trouver des alternatives au carbone…

Au regard de cette volonté de privilégier les politiques vertes, notamment en matière énergétique, il est un fait généralisé rendant « la tâche ardue » comme il est souligné dans le rapport, sachant que les habitudes de vie et l’Économie dans nos territoires, résultent majoritairement des hydrocarbures que ça soit comme source de production énergétique ou bien même de carburation liée au transport. Un constat implacable environnemental ET fiscal qui pousse les collectivités à rappeler leur besoin de soutien dans cette volonté de transition, auprès du Gouvernement, tout en n’occultant guère leurs respectives singularités, approche ultramarine voire insulaire, incluse.

La centrale électrique géothermique de Bouillante, en Guadeloupe, profite du profil volcanique de île

Concernant certaines alternatives déjà mise en place, notamment en lien avec la technologie solaire photovoltaïque, les rapporteurs appellent expressément l’État à revoir à la baisse les tarifications, par arrêté, afin de « relancer la pose de panneaux solaires ». Il est également fait état d’un souhait d’accompagnement personnalisé des projets, par la Commission de régulation de l’Énergie**, dans chaque territoire. Concernant la piste géothermique, et d’autant plus en zone volcanique, il est là aussi demandé de frapper directement aux portes de l’Union européenne afin d’appuyer l’aide financière quant aux études et travaux de forages. Et enfin, volet incontournable face l’industrie énergivore des transports, il est préconisé d’encourager et developper diverses alternatives favorisant d’une part, le covoiture dans un premier temps mais aussi l’attrait vers des moyens de transport « doux » de type pédestre, vélo, trottinette…ect. Et d’autre part, de créer des structures en matière de suivi et recyclage des déchets de types batteries électriques et panneaux solaires usagers.

À la Réunion, en plus des souhaits de développement des énergies éoliennes maritimes, il est un projet en cours, de climatisation marine au centre hospitalier universitaire de Saint-Pierre***

Regard sur Mayotte 

« Cumulant les handicaps en termes de niveau de vie et de développement, l’archipel de Mayotte reste très éloigné des objectifs d’autonomie énergétique. Son électricité reste très largement dépendante des importations de fioul et les objectifs de diversification vers le solaire et la biomasse apparaissent modestes ».

38,1 MW de la production de l’électricité mahoraise proviennent de la centrale thermique à fioul des Badamiers et 73 MW de celle de Longoni.

Bloc introductif du rapport qui annonce les grandes lignes et enjeux de notre caillou mais rappelons qu’ «impossible n’est pas ’’mahorais’’» et pour aller vers une destination et des volontés précises, il faut savoir d’où on part.

DR

Concernant notre énergie carbonée, basée principalement sur l’importation de fioul, elle est donc apportée par l’unique monopole d’EDM, assurant à la fois la production, le transport et la distribution de l’électricité sur notre territoire. Une production de près de 112 millions de Watts répartie entre les centrales thermiques de Longoni et des Badamiers. À ce dispositif s’ajoute la centrale de biogaz de Dzoumogné ainsi que 81 petites centrales photovoltaïques à travers tout le département. Et malgré cette contribution un peu plus verte (11,6% pour la production photovoltaïque), les ressources fossiles restent les plus usitées. Une volonté de préservation environnementale plus appuyée qui se confronte aussi à la réalité d’une expansion démographique, économique et donc, énergétique, assez intense (+12,3% d’abonnés entre 2017 et 2021).

DR

Concernant les transports, sachant l’importation au final très récente (depuis 2019) des premiers véhicules électriques, « sans surprise, les véhicules à énergie fossile représentent la quasi-totalité du parc mahorais ». Pour le plus grand bonheur de l’unique distributeur de carburant sur notre île, les consommations de gasoil et d’essence ont connu une hausse notoire, toujours étudiée entre 2017 et 2021, de respectivement +19,6% et 13,9%. L’importance de développer un réseau de transport collectif à travers tout le département est aussi mentionné, soulignant par la même occasion la noble initiative du projet Caribus.

Les projets et alternatives 

Au regard de sa production actuelle, en termes d’énergie renouvelable (5,5%), le département ambitionne donc d’atteindre les 30% d’ici 2030. Une ambition déjà en marche au regard, par exemple, du déploiement de plus en plus ramifié et important de centrales de type photovoltaïques. À cela, dans sa volonté de « montrer l’exemple pour développer l’offre sur le territoire et par la même occasion réduire son empreinte carbone », le rapport souligne qu’EDM a déjà installé 294 panneaux photovoltaïques sur le toit de son siège et a bel et bien entamé son virage vert, porté sur l’innovation et la transition énergétique à moyen-long terme. Un virage respectueux de l’Environnement qui vise également à réduire de manière drastique la dépendance à l’importation d’hydrocarbure.

Stockage de panneaux photovoltaïques sur les toits de l’aérogare

Concernant les autres pistes et options des énergies renouvelables, malheureusement, le verdict en comparaison des autres territoires ultramarins est sans appel : il n’en existe pour le moment aucune réellement enclenchée. Exit donc, dans l’immédiat, le biogaz, la biomasse, les énergies éolienne et hydraulique et, tristement, la géothermie malgré une activité volcanique implacable qui pourrait très largement tourner en notre écologique faveur, comme il est déjà cas à en Guadeloupe par exemple.

Ce sont donc divers exposés qui mettent en avant les complexités mais aussi, potentialités et atouts, des différentes collectivités étudiées, rapportés dans cet épais document adopté par la Délégation aux Outre-Mer de l’Assemblée nationale. Un rapport qui fait état de 19 préconisations relatives au respect rationnel de la spécificité de chaque territoire mais aussi l’intérêt commun de mutualiser ses idées au profit de projets porteurs, cohérents et respectueux de l’Environnement. 

DR

Prochaine étape ? « Faut qu’on, y’a qu’à ! »

 

MLG

 

Replay de la présentation de ce rapport à la Délégation des Outre-Mer de l’Assemblée Nationale

*Collectivités physiquement visitées : La Réunion, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et la Guyane

** Autorité indépendante créée le 24 mars 2000, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) veille au bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz en France, au bénéfice des consommateurs finals et en cohérence avec les objectifs de la politique énergétique.

***Le projet repose sur la technologie du Sea Water Air Conditioning, alternative peu énergivore permettant d’utiliser les eaux froides (ici une eau à 5°c) puisées entre 800 et 1 000 mètres sous le niveau de la mer pour faire fonctionner les climatiseurs de grands bâtiments. L’étude de ce projet prévoit une réduction de la consommation électrique globale de l’établissement de 30 %.

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