C’est en fin d’après-midi ce samedi 24 juin, quasiment à la tombée du jour, que le protocolaire cortège ministériel fait son entrée sur le site de Combani. À part 3 zébus broutant paisiblement les herbes hautes jouxtant les parois de l’entrée sud de ladite retenue, il n’y a pas foule. Pas une bouéni lavant joyeusement son linge ou bien de proches villageois venus remplir, comme à l’accoutumée, leur(s) seau(x). Les forces de l’ordre et services d’intervention spéciaux veillent au grain pour l’occasion. Une saine et sanitaire quiétude que l’on souhaiterait voir perdurer pour garantir à minima la qualité de notre eau vouée à être consommée. Et d’autant plus, sachant qu’elle se fait rare. Bien trop rare de par le Monde et tout autant en notre petit caillou qui s’assoiffe peu à peu, subissant quasi impuissant un accroissement de ses coupures hebdomadaires. Du jamais vu depuis 1987. Fini les aquatiques 30 glorieuses ! Il est temps que tout un chacun agisse en conscience dans ce combat préventif qui doit être commun, en plus d’actions et de moyens que le Gouvernement s’engage à déployer en divers points.
« Ça n’est pas un problème d’argent… »
« … La République ne laissera pas mourir de soif ses enfants ». Ces termes sont ceux du ministre Jean-François Carenco indiquant que des mesures logistiques et législatives se veulent très prochainement concrètes, voire déjà en vigueur, comme il est le cas pour la zone d’approvisionnement d’eau en bouteille qui s’élargit désormais au territoire mauricien, faisant ainsi sauter les interdictions et complexités administratives d’importation, jusqu’à lors tenues entre nos 2 nations. À cela s’ajoute une proche volonté de massifier nos accords de soutien avec nos voisins réunionnais, en parallèle d’un gel des prix de l’eau, actuellement en cours d’étude par le Conseil d’État et qui devrait se matérialiser par décret, d’ici le 15 juillet prochain.
Concernant les indispensables aspirations d’accroissement de la capacité locale de production d’eau, là encore, les grands investissements initiaux du plan 2025-2026 se veulent accélérés pour 2024. À court terme, l’arrivée confirmée des 2 osmoseurs supplémentaires, d’une capacité globale de 1 200 m3, alliée aux travaux de forages et de résorption des fuites, liées notamment à la vétusté du réseau d’eau mahorais, devraient là aussi offrir la possibilité « de gagner quelques milliers de mètres cubes » pour tenir dans les prochains mois, selon les dires ministériels, en plus des mesures précédemment évoquées et de l’actuelle usine de dessalement, d’une production quotidienne de 3 600 m3, qui devrait passer à 4 700 m3, en décembre prochain.
Tous ensemble contre la guerre à la sécheresse
Evaluée telle une crise pour le Gouvernement, cette situation sans précédent qui nécessite un traitement plurilatéral, se doit d’être l’affaire de tous, comportement citoyens inclus. « …Quand on voit qu’on lave encore des bateaux, des voitures, ça n’est pas acceptable, on gaspille l’eau. On ne peut pas avoir d’un côté des ruptures d’eau et des gens qui lavent leur voiture de l’autre. J’ai donc demandé à Jean-François Carenco de prendre des moyens beaucoup plus importants pour contrôler; il y a déjà eu un certain nombre de verbalisations mais on va les accélérer dans les jours qui viennent » stipule le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Dans ce contexte d’immédiateté, où tous les chantiers sont prioritaires, l’approche se veut tout de même structurelle, pour notamment appréhender les années à venir.
À cette volonté de création d’une 3ème retenue collinaire, se greffe toutefois la complexité quasi immédiate de dégager rapidement le foncier nécessaire à l’implantation stratégique de cette nouvelle et grande usine de dessalement d’eau tant espérée — initialement prévue pour 2027 qui finalement se voit à la programmation 2024, d’une capacité de production journalière s’élevant à 10 000 m3 — sachant que le volet pécuniaire ne se veut absolument pas problématique, comme il est bien rappelé par nos officiels protagonistes.
Un combat de tous bords qui peut compter sur une pleine et mutuelle mobilisation, à la fois locale et gouvernementale; de quoi rassurer les troupes, notamment pour la rentrée prochaine, d’ici quelques mois, et l’ouverture des établissements scolaires; en plus du maintien et bon fonctionnement d’autres et indispensables entités publiques telles que le centre hospitalier et ses dispensaires. Établissements qui devraient bénéficier, dans un premier temps, de la gratuité de cette mise à disposition d’eau embouteillée, en attendant de voir quelles autres dispositions seront proposées par nos acteurs institutionnels.
À défaut de solution(s) miracle(s) qui coule(nt) de source, respectant également l’utopie de la pleine préservation environnementale tant désirée (production et pollution de plastique amoindrie, diminution des émissions de gaz et de l’emprunte carbone etc.), saluons toutefois le concret et la réactivé actuellement proposés, au regard d’une crise de l’eau qui ne date pas d’hier… Espérons que toutes ces promesses, cuvée 2023, ne tombent pas à l’eau et marquent enfin l’efficient tournant tant attendu, par la patiente population mahoraise, à l’aube de cette 5ème coupure hebdomadaire.
MLG