29.8 C
Mamoudzou

Non lieu pour l’ancien président Soibahadine dans l’affaire de l’organigramme du CD

Il faisait figure de vieux sage au Département, la nouvelle de la mise en examen de Soibahadine Ibrahim Ramadani en 2019 pour prise illégale d’intérêt avait fait l’effet d’une bombe. Y compris sur sa santé. Fin des poursuites donc pour lui et les 9 directeurs poursuivis

Alors qu’il met sur pied un nouvel organigramme début 2019, le président Soibahadine Ibrahim Ramadani est vivement critiqué sur l’octroi de certains postes. L’intersyndicale des agents de l’époque se fend d’une tribune, « La matière grise agonise » pour dénoncer des liens familiaux entre certains cadres nouvellement promus et le président du Département. Ceux qui connaissent le conseiller départemental de Ouangani restent sceptiques, mais un rapport de la cour des comptes soulignant des « détournements de procédure de nomination des directeurs » ne semble plus laisser de place au doute.

Le président est placé en garde à vue suspecté d’avoir procédé à des emplois en raison de liens familiaux, puis mis en examen pour prise illégale d’intérêt, avait indiqué le procureur de l’époque Camille Miansoni. Nous avions alors contacté Soibahadine Ramadani, qui s’était défendu de tout recrutement de proximité : « Il est facile à Mayotte de chercher, et de trouver des liens de parenté. Les candidatures ont été faites régulièrement », nous avait-il indiqué. Une partie des neuf directeurs visés par la plainte étaient également mis en examen.

Si le président Soibahadine semblait solide quant à cette procédure judiciaire, quelques jours après, il faisait un malaise et était Evasané à La Réunion. Il s’était remis mais restait affecté par ce déboire judiciaire. Depuis, de nouvelles élections eu lieu. Mais côté justice, plus rien.

Me Tesoka : « Les trois ans d’enquête se terminent en non lieu  » (Image d’archive)

Cousin à la mode de Bretagne

Le procureur Yann Le Bris, qui ressort actuellement tous les vieux dossiers, dont celui d’un autre ancien président du CD, Daniel Zaïdani et ses futari privés, a réexaminé l’affaire. Il n’y voit pas de quoi fouetter un ancien président et demande un non-lieu.

Le juge d’instruction qui a repris l’affaire vient de suivre cette orientation, c’est donc une ordonnance de non lieu qui vient d’être prononcé contre Soibahadine Ibrahim Ramadani, ainsi que les directeurs également concernés.

Pour étayer cette décision, chaque nomination a été étudiée. Il se trouve que l’un des directeurs exerçait à un poste similaire depuis des années au CD et de plus n’était pas du même bord politique que le président dont il était un des opposants, un autre avait les diplômes surpassant ceux de ses concurrents, ou encore, les liens familiaux étaient trop lointains pour soupçonner une intention frauduleuse.

On peut alors se demander pourquoi les soupçons ont ainsi été développés s’ils ne reposent sur rien, comme le jugent l’actuel procureur et le juge d’instruction. Certains des partisans du président à l’époque avaient jugé l’affaire politique, pour que, même si l’échéance des départementales n’était que 2021, Soibahadine Ibrahim Ramadani ne se représente pas.

Qu’il y ait eu des soupçons, c’est une chose, mais ils sont censés avoir été vérifiés pour que des éléments graves mènent à une mise en examen. Or, force est de constater que ce n’est pas le cas. Une issue qui aurait pu être fatale à la santé du président.

Laurent Tesoka et le président Soibahadine lors des débats sur le toilettage institutionnel en juillet 2017

Nous avons contacté l’avocat de l’ancien président Me Laurent Tesoka, qui se réjouit de cette décision : « Dès le départ, j’ai bataillé pour que l’innocence de mon client soit reconnue. Et l’ordonnance de non-lieu vient de me conforter dans cette certitude, il n’y a donc pas matière ou d’éléments pour le condamner ».

Il s’agissait d’une tâche sombre, donc définitivement gommée, au tableau de sa mandature qui avait vu les comptes du Département considérablement redressés.

Anne Pero-Lafond

Partagez l'article:

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Santé bucco-dentaire : moins de 3 dentistes pour 100 000 habitants à Mayotte

Il faut bien du courage aux Mahorais qui ont des problèmes dentaires pour se faire soigner sur le territoire. Les dentistes libéraux ne sont plus que 9 pour les 321 000 habitants recensés sur l’île au 1er janvier 2024. Nous faisons le point sur la situation avec Thierry Arulnayagam, le représentant URPS bénévole des dentistes de Mayotte et conseiller ordinal régional des chirurgiens-dentistes

CSSM : les raisons d’un trou d’air de 12 ans sans cotisations sociales pour les indépendants

Ils sont 3.000 de déclarés sur l’île, et n’ont pas pu cotiser, notamment pour leur retraite jusqu’à présent. La raison ? Le décret destiné à appliquer l’ordonnance de 2011 n’a jamais été pris

La Préfecture lève un pan du voile de sa réponse « eau potable », pour lutter contre le choléra

La Préfecture de Mayotte, l’ARS, les Eaux de Mayotte, les communes, et la société Mahoraise des Eaux annoncent un "plan d’action visant à améliorer l’accès à l’eau potable", notamment pour des zones "à haut risque"

Mieux éduquer les ados à la vie affective pour améliorer leur protection, et celle de la société  

Au cœur des enjeux des jeunes enfants, la précarité affective. Parce que ceux qui sont victimes de violences, sexuelles ou autre, ne le verbalisent pas ainsi en raison d’un entourage déficient, des actions sont menées. C’est dans ce cadre que se tenaient ce week-end les 2ème "Débats jeunes de Mayotte" organisés par l'association Haki  Za Wanatsa et le Collectif CIDE
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com