Alors qu’il met sur pied un nouvel organigramme début 2019, le président Soibahadine Ibrahim Ramadani est vivement critiqué sur l’octroi de certains postes. L’intersyndicale des agents de l’époque se fend d’une tribune, « La matière grise agonise » pour dénoncer des liens familiaux entre certains cadres nouvellement promus et le président du Département. Ceux qui connaissent le conseiller départemental de Ouangani restent sceptiques, mais un rapport de la cour des comptes soulignant des « détournements de procédure de nomination des directeurs » ne semble plus laisser de place au doute.
Le président est placé en garde à vue suspecté d’avoir procédé à des emplois en raison de liens familiaux, puis mis en examen pour prise illégale d’intérêt, avait indiqué le procureur de l’époque Camille Miansoni. Nous avions alors contacté Soibahadine Ramadani, qui s’était défendu de tout recrutement de proximité : « Il est facile à Mayotte de chercher, et de trouver des liens de parenté. Les candidatures ont été faites régulièrement », nous avait-il indiqué. Une partie des neuf directeurs visés par la plainte étaient également mis en examen.
Si le président Soibahadine semblait solide quant à cette procédure judiciaire, quelques jours après, il faisait un malaise et était Evasané à La Réunion. Il s’était remis mais restait affecté par ce déboire judiciaire. Depuis, de nouvelles élections eu lieu. Mais côté justice, plus rien.
Cousin à la mode de Bretagne
Le procureur Yann Le Bris, qui ressort actuellement tous les vieux dossiers, dont celui d’un autre ancien président du CD, Daniel Zaïdani et ses futari privés, a réexaminé l’affaire. Il n’y voit pas de quoi fouetter un ancien président et demande un non-lieu.
Le juge d’instruction qui a repris l’affaire vient de suivre cette orientation, c’est donc une ordonnance de non lieu qui vient d’être prononcé contre Soibahadine Ibrahim Ramadani, ainsi que les directeurs également concernés.
Pour étayer cette décision, chaque nomination a été étudiée. Il se trouve que l’un des directeurs exerçait à un poste similaire depuis des années au CD et de plus n’était pas du même bord politique que le président dont il était un des opposants, un autre avait les diplômes surpassant ceux de ses concurrents, ou encore, les liens familiaux étaient trop lointains pour soupçonner une intention frauduleuse.
On peut alors se demander pourquoi les soupçons ont ainsi été développés s’ils ne reposent sur rien, comme le jugent l’actuel procureur et le juge d’instruction. Certains des partisans du président à l’époque avaient jugé l’affaire politique, pour que, même si l’échéance des départementales n’était que 2021, Soibahadine Ibrahim Ramadani ne se représente pas.
Qu’il y ait eu des soupçons, c’est une chose, mais ils sont censés avoir été vérifiés pour que des éléments graves mènent à une mise en examen. Or, force est de constater que ce n’est pas le cas. Une issue qui aurait pu être fatale à la santé du président.
Nous avons contacté l’avocat de l’ancien président Me Laurent Tesoka, qui se réjouit de cette décision : « Dès le départ, j’ai bataillé pour que l’innocence de mon client soit reconnue. Et l’ordonnance de non-lieu vient de me conforter dans cette certitude, il n’y a donc pas matière ou d’éléments pour le condamner ».
Il s’agissait d’une tâche sombre, donc définitivement gommée, au tableau de sa mandature qui avait vu les comptes du Département considérablement redressés.
Anne Pero-Lafond