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jeudi 2 mai 2024
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L’éducation financière : parce que les petits euros font souvent les grandes épargnes

C’est la 2ème année que l’IEDOM éduque les collégiens à la gestion d’un budget, par l’intermédiaire de leurs profs. Et quasiment tous les établissements ont été couverts. Et beaucoup d’élèves comptent le mettre en pratique sur leur dépense d’argent de poche !

« L’apprentissage de la gestion d’un budget, ça intéresse tout le monde, les élèves sont très réceptifs, mais les profs aussi ! », témoigne Daoulab Ali Charif, Chargé d’études à l’IEDOM Mayotte. Les Instituts d’Emission Outre-mer sont les incarnations de la Banque de France pour les territoires ultramarins, ils ont d’ailleurs été mandatés par elle depuis l’année dernière pour déployer la stratégie nationale d’éducation économique, budgétaire et financières (EDUCFI), notamment auprès des collégiens. « La Banque de France s’est rendue compte que sur l’ensemble du cursus scolaire, il n’y avait pas d’éducation à la gestion. On peut sortir avec un Master sans savoir gérer son argent », complète Daoulab Ali Charif.

C’est seulement la 2ème année que l’opération est mise en place, et, à Mayotte, elle rencontre un vif succès, « l’année dernière, nous avions couvert 6 collèges, alors que cette année, 20 sur les 22 collèges ont participé, soit 95 classes. Nous avons comme objectif d’atteindre toutes les classes de 4ème ».

Au collège de M’gombani, un peu tous les niveaux ont bénéficié des enseignements sur l’éducation financière et la gestion des budgets. Trois enseignants, de mathématiques et d’histoire-géographie, ont été formés par l’IEDOM et ont dispensé les cours d’EDUCFI.

Jacques Mokulovic et Patrick Croissandeau, un duo où l’enseignant n’est pas celui qu’on croit sur ce sujet

« L’argent de l’Etat n’est pas un puits sans fonds »

« Donc vous savez tous gérer un budgets maintenant ?! », Patrick Croissandeau fait quasiment le show dans l’auditorium du collège, « alors, dites moi pourquoi faut-il épargner ? ». Les réponses fusent chez les collégiens, « pour faire des bénéfices ! », « pour accomplir un rêve ! », « en cas d’imprévus ! », des chemins de vie qui s’annoncent différents…

Pour le directeur de l’IEDOM, des messages sont importants à passer : comment dépenser sur des sites d’achat en ligne, savoir qu’il n’y a pas de crédit gratuit, repérer les arnaques financières, etc. Le lien est donc fait depuis deux ans entre le rectorat et l’IEDOM, « merci pour l’accompagnement des enseignants, on nous demande de faire de l’éducation, or ce n’est pas notre métier ». Du jeune public recueilli, un « merci à vous aussi ! » fuse, preuve que la mission est remplie.

D’autant que pour celui qui tient les manettes de l’éducation nationale, « l’éducation financière, c’est compliqué ! » Jacques Mikulovic refaisait le cheminement historique de l’apparition de la monnaie, depuis le troc, « des échanges de marchandises ou de services, dont on a eu du mal à estimer l’équivalence de valeur et qui a nécessité l’apparition de la monnaie. On dit toujours que s’endetter c’est s’enrichir, mais sous réserve de se constituer un patrimoine et en étant sûr de rembourser. C’est ‘La cigale et la fourmi’ de La Fontaine ». Le recteur se lançait dans la macroéconomie, « l’Etat finance des collèges, des enseignants, grâce à des recettes d’impôts et de taxes. Donc ce n’est pas un puits sans fond », un enseignement utile à Mayotte où le « Sirkali » (argent public) est perçu comme un argent facile et émis à profusion.

Des chips ou des bonbons… pas de graves entorses à la gestion

Des élèves qui jonglent avec succès avec leur argent de poche

Un à un, les gestionnaires de budget en herbe recevaient leur passeport Educfi. La plupart ont de l’argent de poche, qu’ils gèrent en cigale ou en fourmi en fonction des caractères. « Mes parents me donnent 2 euros par jour pour que j’achète à manger, mais ça peut aussi être un chèque déjeuner », témoigne l’une qui avoue préférer les sandwichs vendus à l’extérieur que la collation du collège, quand son voisin nous glisse, « moi, je l’utilise des fois pour acheter des chips, je préfère ». Yousrat est confortée dans sa gestion : « Dès fois j’ai un euro, dès fois cinq quand ma mère veut que j’apprenne à économiser, je dépense pas beaucoup. J’avais économisé 200 euros, mais j’ai dû les redonner à ma mère qui a eu une dépense urgente. Elle me les rembourse peu à peu ».

Amadou reçoit 50 euros par mois, charge à lui de bien les gérer pour s’acheter un repas chaque jour, « je prends un sandwich ou je vais au resto. Pour l’instant, j’ai économisé 15 euros. » Avec ses 5 euros par jour, Jacqueline s’achète un sandwich à l’extérieur, « et quand il me reste des sous, je fais des courses de riz quand il n’y en a plus à la maison. »

Très mur pour son jeune âge, Nadjim ne reçoit pas régulièrement d’argent de poche, « je mange chez moi tous les jours », mais ses parents lui en donnent quand il en a besoin. La formation EDUCFI a été bénéfique explique-t-il, « j’ai appris à dépenser mon argent plus intelligemment, et à ne pas acheter tout le temps des bonbons. » Quant à Younes, il met la barre haute y compris dans le vocabulaire choisi, « c’est très rare que mes parents me donnent de l’argent car je mange chez moi. J’ai appris à dépenser l’argent à bon escient car je veux épargner. »

Ils pourront aller plus loin en allant sur le portail « Mes questions d’argent », de la Banque de France, avec « 83 astuces pour faire des économies », ou sur le site Citéco de la Cité de l’Economie à Paris, ou encore sur l’ABC de l’économie, recommandait Patrick Croissandeau.

Des élèves qui finiront peut-être comme leurs aînés sur les bancs de la prépa aux concours d’école de gestion au lycée de Sada !

Anne Perzo-Lafond

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