Les choses ont été bien préparées et pour l’occasion Mayotte La 1ère avait délocalisé son plateau au sein même de la cour du lycée de Dembéni afin de retransmettre en direct ses émissions durant une bonne partie de la matinée. La station en a profité pour donner du temps d’antenne aux élèves du lycée. Plusieurs d’entre eux ont ainsi participé aux différents directs en faisant une revue de presse ou en interviewant des intervenants tel que Archimède Ravoay, membre de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) Mayotte. L’objectif de cette matinée était aussi de mettre en valeur les web radios scolaires en activité dans les lycées de Dembéni, de Coconi, ainsi que les collèges de Chiconi, de Koungou et de Kani-Kéli. La radio Dziani a relayé en direct les web radios sur l’antenne de Sun FM.
Un « séminaire » pour tracer des pistes de travail
Michel Toumoulin, proviseur du lycée de Dembéni, n’a pas caché son enthousiasme quand on lui a proposé, il y a de cela 6 mois, d’accueillir la première fête de la radio à Mayotte au sein de son établissement. « Cela fait écho à l’opération que nous avons menée au mois d’octobre 2022 avec la radio 101 du lycée où les élèves ont animé des émissions en direct et en duplex avec un autre lycée situé en métropole. Pendant 5 jours, ils ont effectué 25 heures de direct. Un événement unique et une première mondiale ! » se rappelle-t-il. Aussi, la première fête de la radio à Mayotte ne pouvait pas se faire ailleurs qu’au sein du lycée de Dembéni. Le fait de réunir toutes les web radios de Mayotte en un lieu unique le temps d’une matinée permet selon Michel Toumoulin de « Construire une histoire collective et collaborative. De mettre en perspective des pistes de travail », explique-t-il.
La radio du lycée de Dembéni émet ainsi régulièrement des émissions en direct, et à en croire le proviseur, le média de la radio est un formidable outil pour l’éducation aux médias des élèves car cela leur apporte énormément de choses positives. « La radio est un bienfait pour les élèves. J’ai pu voir des transformations complètes, les voir grandir rapidement, gagner en maturité, oser prendre des initiatives, avoir le sens de l’auto critique. Je les ai vus progresser dans de nombreux domaines. Ils sont devenus responsables et citoyens, raconte-t-il. Les web radio doivent être un lieu de libre expression, sans sujets tabous et où l’on peut traiter de tous les thèmes ».
Le projet de radio lycéenne et web radio est un sujet qui passionne Michel Toumoulin qui avait déjà fait ses armes dans un lycée de métropole avec la radio 2B qui émettait sur la fréquence 101, comme le 101e département français… « La fréquence 101 est déjà utilisée à Mayotte, sinon cela aurait fait un joli clin d’œil, sourit-il. Je suis venu avec ce projet j’espère qu’il sera poursuivi. Les jeunes sont motivés, ils s’affranchissent de leur timidité de la peur, de leurs angoisses et s’autorisent des libertés d’expression. A mon sens, la radio scolaire est émancipatrice, elle forme le citoyen. C’est un apprentissage de l’expression. Les élèves doivent pouvoir parler de tous les sujets, même ce qui peut être dérangeant ».
En direct sur les ondes
La matinée s’est déroulée en deux temps. Une première partie avec une participation des élèves aux directs de Mayotte La 1ère et un deuxième temps où les élèves des établissements scolaires de Dembéni, Coconi, Chiconi, Koungou et Kani-Kéli ont animé, en direct, des émissions sur radio Dziani. Certains ont ainsi parlé de déforestation, des problèmes environnementaux liés aux déchets, d’autres de contes ou encore d’un voyage organisé à Madagascar. Les élèves ont joué le rôle de journaliste et ont véritablement travaillé leur prestation.
Aussi, pour célébrer cet événement, la fête de la radio avait pour parrain le journaliste Saïd Combo Yacout, véritable encyclopédie des médias à Mayotte. « J’ai commencé en 1981 à FR3 Mayotte un peu par hasard, tout d’abord en tant que traducteur. Après le bac, je ne savais pas trop quoi faire, j’ai été contacté par FR3 et cela a été le début de l’aventure. Je suis allé en métropole pour me former au métier de journaliste au sein de Centre universitaire d’enseignement du journalisme (CUEJ) à Strasbourg, puis je suis revenu à Mayotte en tant que journaliste. J’ai ainsi présenté les informations dans les deux langues, en shimaoré et en français, et fus par ailleurs le premier présentateur du Journal télévisé (JT) à Mayotte », se remémore-t-il.
Le fait d’être le parrain de cette première édition de la fête de la radio lui procure une certaine émotion. « C’est une chance, un honneur d’être associé en tant que parrain et pionnier ». Quant à son sentiment sur la prestation de ces jeunes reporters, il est plutôt confiant. « Je suis rassuré de la façon dont ils s’expriment. Ils sont à l’aise. Ce sont les futurs journalistes de demain ! » déclare-t-il. Grâce à sa riche et grande expérience, il n’est pas avare en conseils. « Il faut leur montrer que c’est possible. Ils doivent persévérer et aller à l’école. Le bac d’abord ! s’exclame-t-il. Cela permet d’ouvrir les portes et de faire les bons choix ». Il encourage ainsi ceux qui veulent embrasser la carrière de journaliste. « C’est un métier noble qui permet d’évoluer dans le temps, d’être au courant de tout et de participer à la vie de la cité. Il faut être fier de ce métier ». Et de conclure « Vive la radio ! »
B.J.