Quel bonheur de voir le rez-de-chaussée du bâtiment principal, du collège Zakia Madi, prendre vie, ce mercredi après-midi et se revêtir, non pas de vives couleurs mais bien d’une noble palette ternaire, relative aux damiers et pions noirs, blancs et verts, stratégiquement répartis sur les 16 petites tables numérotées, prêtes à accueillir nos 32 participants. Ils ont entre 11 et 12 ans et viennent de 5 établissements au total. Chiconi, M’Tsangamouji, Ouangani, Kawéni 1 et Dembéni sont donc dans les starting-blocks, parés à soutenir leurs respectifs jeunes ambassadeurs qui vont, d’ici peu, s’activer les méninges dans un cérébral combat qui s’annonce de plus passionnants. Chaque compétiteur disputera au total 5 parties de quoi laisser pleinement les diverses stratégies et combinaisons s’exprimer librement afin de déstabiliser les successifs adversaires.
Bien au delà d’un simple jeu
Déplacement dans l’espace, géométrique visualisation, potentialités et anticipations, calculs simples ou encore équations… Autant de données qui matérialisent avec efficace et astucieuse concrétude le bien fondé des mathématiques. Et c’est justement en ce sens qu’à été créé, en ce début d’année, le club de dames du collège de Dembéni, rattaché au club de mathématiques de l’établissement organisateur précité. Une manière de développer, deux fois par semaine, lors de la pause méridienne, l’intelligence pratique de ces tout nouveaux élèves du secondaire. Une intelligence qu’ont souhaité mettre au défit les professeurs volontaires encadrants et organisateurs de ce bel événement; notamment Sylvain Marthe-Rose qui a activement oeuvré pour mener à bien et à bout, ce projet : « Cette création de club était vraiment une volonté personnelle à laquelle s’est greffée ce souhait de tournoi. Nous avons volontairement tablé sur un petit nombre comme il s’agissait d’une première mais nous comptons bien pérenniser l’événement et l’ouvrir à d’autres classes et établissements. C’est un long travail préparatif en amont qui nécessite beaucoup d’investissement personnel mais je suis fier de voir tous ces élèves présents, prêts à relever le défi », nous confie le professeur de mathématiques.
Le déroulé du tournoi
C’est notamment grâce au soutien logistique des équipes de l’Institut de recherche en enseignement des mathématiques, de l’informatique et des sciences (IREMIS) du Centre universitaire de Mayotte que les compétitives festivités ont pu être actées enregistrant, pour chaque participant, les résultats obtenus en fin de partie. Ainsi, au moyen d’un algorithme informatisé précis, les différentes rencontres étaient annoncées, incluant numéro de table et couleur de pions avec lesquels on se devait de jouer. Un calcul millimétré tout comme le temps de jeu total par partie, qui se voulait de 7 minutes pour chaque concurrent. 7 minutes pour faire ses preuves, manger un maximum de pions adverses, bloquer et gagner. La silencieuse quiétude, entrecoupée par le léger clap des minuteurs durant les ’’matchs’’, apparaissait des plus contrastées avec l’active émulation physique et sonore propre aux interludes, entre les rencontres. Un moyen inconscient d’évacuer le stress ressenti avant de passer à l’étape suivante.
Après plus de 2 heures de concentration, le podium final tant attendu s’est dessiné, offrant pleine victoire à Nosta Nahouda du collège de M’Tsangamouji devant Houssaidine Ahmed Abdou et Raïza Houmadi, tous deux collégiens des respectifs établissements de Ouangani et de Dembéni. Une victoire bien méritée à la saveur un peu particulière, pour ne pas dire tristement ironique, au regard du fait qu’il serait justement question, pour des raisons budgétaires, de perdre dès la rentrée prochaine ce club de jeux de réflexion… En espérant que cette belle mise en lumière, sous le feu des projecteurs médiatico-académiques, appuiera en la faveur d’une issue bien plus positive que nous souhaitons à cette quarantaine de jeunes et talentueux membres du club de M’Tsangamouji et leur nouvel ambassadeur vainqueur.
MLG