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Schéma économique de Mayotte : Bilan des 2 jours de colloque 

Ce sont ces jeudi et vendredi derniers, au coeur du Pôle d’excellence rurale de Coconi, que l’ensemble des acteurs institutionnels économiques de notre département se réunissaient afin de définir, quasi à l'unisson, les axes de priorisation à maintenir mais aussi à développer, voire créer, pour cette nouvelle édition SRDEII 2023-2028.

Comme ainsi évoqué lors du discours d’ouverture de la vice-présidente départementale, Bibi Chanfi, jeudi 11 mai dernier, ce nouveau Schéma régional de développement économique, d’internationalisation et d’innovation a pour but de donner trame concrète quant au devenir économique de notre territoire. Un territoire soumis à des enjeux de taille, à une profonde restructuration mais aussi un territoire riche des ses potentialités et atouts peu ou pas encore exploités.

Crevons l’abcès du foncier 

Au regard de ces 2 jours de mobilisation et pleine participation tant physique que neurologique, on peut dire que les discussions étaient animées et ne manquaient pas d’idées lors de ces ateliers de présentations thématiques et d’échanges. Politique d’aide aux entreprises, Soutien à l’innovation, Aménagement du territoire et grands investissements, Capital humain et formation professionnelle, Développement durable et résilience territoriale ou encore Positionnement régional et stratégie d’internationalisation; soit au total 6 ateliers soutenus tenant compte des projets antérieurs, en cours et donc, à créer sous la baguette de cette nouvelle mandature départementale.

Selon Bibi Chanfi « Les défis même fonciers ne sont pas insurmontables, bien au contraire… »

Un Conseil départemental au discours clair et encourageant, bien décidé à reprendre le lien avec les différentes intercommunalités pour débloquer les sujets en suspens et faire évoluer les projets économiques prioritaires à venir. Pour ce faire, le sujet brulant du foncier était sur toutes les lèvres. Un sujet qui, paradoxalement n’est pas tant problématique qu’il n’y paraît selon Bibi Chanfivice-présidente départementale : « Je suis partante pour dire qu’il faut qu’on change de discours et qu’on arrête de dire que le foncier est un problème, je pense que c’est un petit peu l’excuse de tout en fait. Nous parlons de NOTRE foncier, c’est justement une solution pour laquelle il est désormais impératif d’aller dans le fond de ce sujet; il faut qu’on prenne nos responsabilités. Du foncier, il y en a, pas mal même mais aussi occupé de façon illégale par nous tous. Par des mahorais ou même des entreprises honnêtes qui profitent de la force de ces années peu regardantes et de ce flou cadastral. Forcément lorsqu’on arrive sur des très gros projets de création de zones d’activités, on a besoin d’avoir un grand périmètre ciblé mais c’est compliqué parce qu’un tel est là depuis longtemps mais sans vraiment de justification législative reconnue etc. Donc clairement, il faut qu’on mette les pieds dans le plat et que cet axe soit réglé, régularisé. Cela ne plaira peut être pas à tous mais il est avant tout question d’intérêts communs et non plus individuels ».

Des nouvelles idées à valoriser 

Répartis sur 2 salles en animation simultanée, les ateliers se voulaient sous la médiation experte des intervenants du cabinet Mzé Conseil comme Faïna Abdou et David Héricotte qui ont eu l’occasion d’échanger avec les participants concernés et de répertorier les idées intéressantes à potentiellement exploiter notamment sur l’aspect du manque à gagner au niveau du ratio import-export de notre territoire.

Même après toutes ces heures de concentration et d’échanges, la participation est toujours aussi dynamique dans les ateliers

Comme ainsi exposé dans le bilan SRDEII mandature 2019-2023 qui vient de s’achever, il apparait que le marché de l’export n’est quasiment pas existant ici, engendrant une instabilité notoire de balance économique et une forte dépendance quant à notre tissu local. Afin de rééquilibrer cette balance, il a été exposé des pistes de développement d’un marché régional international afin de positionner Mayotte tel un transitaire certificateur qualité pour les autres pays limitrophes ayant des aspirations d’export vers l’Europe mais qui ne peuvent les concrétiser faute de complexité au niveau des normes et lourdeurs administrativo-logistiques. Une manne financière loin d’être négligeable.

Le sujet de la transformation des produits importés régionalement a aussi été évoqué. En somme, profitant du fort et riche potentiel de production des autres pays, notamment dû à des superficies plus grandes, Mayotte importerait des produits bruts afin de les transformer et commercialiser sur place mais également à l’export. L’exemple de la production pêche avec Madagascar est un exemple concret parmi tant d’autres qui garantirait par ailleurs une autonomie alimentaire de notre territoire au lieu de toujours importer depuis la Métropole. Schéma onéreux de surcroît. 

Dans cette volonté de commercer davantage avec les pays voisins et de développer enfin ce volet exportation, il a aussi été fait état de créer un label de qualité de luxe afin de valoriser nos produits locaux plutôt limités en terme quantitatif, notamment à usage cosmétique, exposant ainsi Mayotte tel un laboratoire d’un marché VIP.

D’autres pistes à creuser 

Au sens propre comme au sens figuré car, après le foncier, les aspects maritime et aérien ont là encore été un sujet animé au regard des études de faisabilité effectuées, en cours et à venir.

Pour le directeur du Cabinet Mzé Conseil, le difficulté était aussi de canaliser les idées de chacun afin que les discussions ne partent pas en des sens bien trop larges

Notamment sur le volet aéroportuaire. Beaucoup d’idées lumineuses mais avant tout tributaires du lieu où sera acté cette piste vol long courrier tant convoitée sans restriction comme nous l’indique Guillaume Jaouen, intervenant à ce colloque et également directeur du cabinet Mzé Conseil, en charge de la rédaction de ce nouveau SRDEII : « Même s’il n’est pas du ressort du schéma de trancher à ce niveau là quant à localisation, cela aura forcément un impact sur l’organisation économique même du territoire. Il est important d’anticiper toutes les configurations possibles pour placer nos curseurs au bon endroit. S’il est envisagé la concrétisation de cet aéroport en un autre lieu, cela aura aussi un impact sur le territoire actuel de Petite-Terre ». Annoncés pour 2026, ces travaux entreront directement en action lors de la durée de ce nouveau mandat SRDEII. Un projet qui n’est pas des moindres poussant à la réflexion économique anticipée.

Concernant la structure même du schéma qui s’achève, pas de remises en question confirmant ainsi qu’il s’agira de rester sur cette même lignée des 7 orientations auxquelles s’ajouteront donc de nouvelles conceptions à développer.

L’équipe des animateurs et intervenants de ce colloque (de g. à d.) David Héricotte, Guillaume Jaouen et Faïna Abdou

La suite des événements 

Ainsi s’achèvent 2 jours compacts qui marquent, au final, le commencement d’une seconde phase tout aussi intensive. Le document global établi et rédigé sera lui même soumis à un temps de relecture en plus petit comité où seront énumérée thématique par thématique. Une réunion avec les syndicats patronaux sera également programmée. 

Présenté courant juillet prochain, lors de la Conférence territoriale de l’action publique (CPAP)*, en présence des présidents des intercommulnalités, du Conseil départemental, des chambres consulaires et du préfet, ce schéma sera dans la foulée soumis au vote afin d’être définitivement acté. Moins lourd et/ou restrictif qu’un plan local d’urbanisme (PLU) par exemple, il a tout de même sa portée légale qui n’est pas des moindres.

Même si les travaux Herculéens paraissent titanesques, il est important de se souvenir que Mayotte n’a de cesse de confirmer ses pleins et conjoints accroissement et évolution économiques et ce, quels qu’en soient les défis rencontrés. 

« Il ne faut pas que nous nous laissions abattre par les difficultés. Oui, il y en a mais il y a aussi une croissance à exploiter et un potentiel investisseurs très important » déclare Bibi Chanfi en discours de clôture avant de poursuivre : « Notre rôle c’est de faire venir ces investisseurs chez nous, qu’on les sécurise, qu’on puisse les soutenir et qu’on cadre notre organisation pour que ces mêmes investisseurs sachent à qui s’adresser quand ils viennent sur notre territoire. Ils viendront chez nous parce que la croissance, preuves à l’appui se trouve ici, à Mayotte ». 

Remerciant l’ensemble des participants pour leur implication soutenue, ce colloque s’est achevé en amorce d’après midi, ce vendredi 12 mai.

 

MLG

 

*Avant de la présentation définitive de ce SRDEII lors de la CPAP, il aura également été pris en compte les trajectoires prioritaires ordonnées pour les territoires ultramarins lors du 2ème Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) qui se déroulera à Paris, le 12 juin prochain.

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