La deuxième table ronde portait davantage sur les initiatives et perspectives d’évolution pour les jeunes diplômés en outre-mer et à en croire la plupart des participants les enjeux sont assez importants et les constats souvent similaires que l’on habite à la Martinique, à la Réunion, en Guyane ou à Mayotte. Même si ces deux derniers départements connaissent de plus grandes difficultés.
Les jeunes diplômés recherchent des opportunités professionnelles
Pascal Chavignat, directeur des ressources humaines du groupe Bernard Hayot a ainsi fait le constat, à l’instar des autres intervenants, qu’une fois leur bac obtenu beaucoup de jeunes partent pour poursuivre leurs études dans l’hexagone et ne reviennent quasiment pas ou longtemps après. Cela est dû selon lui à une faible attractivité des outre-mer et au manque d’opportunités pour les jeunes diplômés. C’est ce que confirme également Mitchelle Malezieu, fondatrice de la plateforme « Retour au peyi » qui est revenue vivre en Guadeloupe après ses études en métropole. Elle n’a pas trouvé d’emploi en rapport avec sa formation et en adéquation avec ses qualifications. Beaucoup de témoignages de jeunes ultramarins abondent dans ce sens, notamment sur l’absence d’opportunités professionnelles.
D’autres intervenants ont souligné le difficile désenclavement de certaines régions ultramarines entrainant un manque considérable de candidatures, notamment pour les métiers liés à la santé. Et cela touche l’ensemble du territoire, a fortiori les outre-mer. Les jeunes ne restent pas ou ne reviennent pas ce qui entraine à court, moyen et long termes une perte de transfert de compétences. Ajoutez à cela la volonté des jeunes diplômés de voyager, les problèmes de logements et/ou de mobilité comme c’est le cas sur le territoire de Mayotte et l’équation devient difficile à résoudre.
L’absence de formations et d’offres d’emplois adaptées
C’est ce que confirme Feyçoyl Mouhoussoune, le retour dans l’île au lagon après des études en métropole a été difficile car les attentes et les ambitions sont grandes et peut-être trop par rapport à ce que peut offrir notre territoire, notamment en termes de propositions d’embauches et de marché de l’emploi qui sont souvent restreints. Lui a fait le choix de l’entreprenariat et a remarqué durant son parcours le manque de fonctions support dans l’île comme du personnel administratif, des comptables, des responsables financiers, des ressources humaines, des spécialistes. Sans compter les problèmes de recrutement qui doivent être anticipés près de huit mois à l’avance. « C’est un véritable sujet, explique-t-il. Car à Mayotte le besoin de recrutement est immédiat. Les jeunes diplômés n’ont pas envie de rentrer tout de suite ».
Pourtant, le fait de travailler à Mayotte permet souvent de gagner en expérience et en responsabilités. Il faut ainsi, selon lui, sensibiliser les employeurs sur le fait que les jeunes diplômés ont envie de monter rapidement en compétences et ont des attentes en matière salariale. « Il faut savoir faire la bonne proposition pour les attirer ». Les employeurs doivent également anticiper leurs besoins, se projeter dans l’avenir et rester au contact des jeunes en établissant des partenariats avec des associations étudiantes, des écoles, les universités. L’offre de formations étant limitée dans le 101e département français, il faut travailler sur les compétences et l’accès aux compétences en recensant les acteurs et les besoins, ainsi que les profiles en adoptant une approche pragmatique. « Il faut mettre en valeur les atouts du territoire et proposer des solutions aux problèmes de logements, de hausse des prix, mais aussi de mobilité. Sachant qu’à Mayotte tous les secteurs sont en tension et que le secteur privé subit une forte concurrence du public qui propose plusieurs avantages… », constate-t-il.
Ainsi sur notre territoire subsistent les problèmes de formations qui doivent être adaptées aux besoins de l’économie locale, ainsi qu’un manque d’attractivité en matière d’évolution professionnelle. « La qualité de l’offre se développe mais cela ne va pas assez vite », selon Feyçoyl Mouhoussoune.
B.J.