Un bilan positif pour l’année 2022
Au cours de l’année dernière, l’activité économique sur le territoire a été « vigoureuse » pour reprendre le terme de Patrick Croissandeau, directeur de l’IEDOM de Mayotte. Même si la consommation globale des ménages est un peu moindre qu’en 2021, elle est restée à un niveau satisfaisant avec notamment une hausse des échanges extérieurs en dépit d’une forte inflation constatée en fin d’année dernière. Mais cela n’est pas juste propre à Mayotte puisque l’ensemble du territoire français, y compris les Outre-mer, ont connu une forte inflation. On constate simplement qu’elle était supérieure dans l’île à la moyenne nationale, notamment au mois de décembre 2022.
Ce qui est à noter en revanche, c’est la forte progression du nombre de demandeurs d’emploi qui bondit de plus de 20% (+20,3%) par rapport à 2021. Selon Patrick Croissandeau « Cela est dû à davantage de formalisations, il y a eu plus de déclarations », explique-t-il. Le climat des affaires a été, quant à lui, au beau fixe puisque les intentions d’investissement se sont maintenues et ont même progresser avec des carnets de commandes largement remplis, relate l’IEDOM.
La consommation des ménages s’est également maintenue à un niveau très favorable avec des importations de produits courants et des biens d’équipement qui ont dépassé les 16% de croissance par rapport à 2021. Les immatriculations de véhicules neufs ont en revanche légèrement diminué (-2,4%). Ce qui est plus dérangeant, c’est l’indice des prix à la consommation (IPC), qui lui n’a cessé d’augmenter, au grand dam des entreprises, avec plus de 7% sur un an. Ce qui fait dire à l’IEDOM que « 78% des entreprises ont déploré en décembre 2022 une hausse des prix de leurs intrants (éléments nécessaires au processus de production) alors qu’il a baissé au niveau national ». En revanche, l’IEDOM précise que l’activité de l’ensemble des secteurs économiques a été dynamique à l’image du BTP avec des carnets de commandes remplis et des hausses de trésorerie.
L’activité du commerce et le secteur des services se sont stabilisés et sont plutôt sur une pente ascendante, même s’il demeure encore quelques inquiétudes au niveau des délais de paiement. Du fait de cette trésorerie plus consistante, l’épargne des entreprises s’est renforcée avec une hausse de 1,6% par rapport à l’année dernière. Concernant les ménages, le recours aux crédits à la consommation est en net croissance puisqu’il a progressé de 6,6% sur un an pour s’établir à 333,5 millions d’euros. Le crédit à l’habitat augmente légèrement de 1,7% sur un an (214,4 millions d’euros). Enfin pour les entreprises, les crédits d’investissement frôlent les 10% de croissance sur un an, ce qui est plutôt une bonne chose. Ainsi en 2022, la conjoncture économique a été très favorable avec une activité en nette hausse dans tous les secteurs.
L’année 2023 sera-t-elle aussi dynamique ?
Selon le directeur de l’IEDOM de Mayotte, sauf catastrophe naturelle majeure, le dynamisme devrait se poursuivre au cours de cette année, le tout est de savoir dans quelle proportion car il faut quand même rester prudent. Les nombreux projets qui vont se concrétiser prochainement devraient servir de moteur et maintenir un certain dynamisme comme la livraison du data center, la construction d’un centre commercial à Combani, le projet Caribus, la construction de logements sociaux, ou encore les travaux d’aménagement au port de Longoni. D’autant plus que les problèmes d’approvisionnement ont diminué ces derniers mois avec une baisse du coût des transports à l’instar des conteneurs devenus moins chers, etc.
Les délais de livraison tendent aussi à se normaliser selon l’IEDOM. L’inflation, quant à elle, devrait continuer légèrement à augmenter ces prochains mois malgré une baisse de la part de l’énergie. « C’est une inflation importée due en partie à la crise de la Covid et à la guerre en Ukraine, souligne Patrick Croissandeau. Ainsi les prix dans l’alimentation devraient continuer à augmenter légèrement. Mayotte suit la tendance nationale », explique -t-il. Toujours selon lui, le pic de l’inflation à Mayotte devrait être atteint à la fin du premier semestre de cette année et tourner aux alentours de 6% et de 4% si on enlève l’énergie et les produits alimentaires (inflation sous-jacente). L’accès aux crédits devrait également se maintenir à un niveau assez fort car « Les établissements de crédits en France sont solides » assure le directeur de l’IEDOM.
En résumé l’année 2023 devrait voir persister l’inflation et les taux de crédits augmenter car de nombreux défis doivent être relever comme l’accès à l’eau, les problèmes d’insécurité, la disponibilité du foncier, les compétences en matière d’ingénierie et de main d’œuvre. Pour cela Mayotte peut compter sur le dynamisme de son économie, la mise en œuvre de grands projets d’infrastructure ainsi que sur une forte consommation des ménages. « La dynamique est là mais on a besoin de muscler l’économie en augmentant notamment l’offre productive. Il faut aussi mieux maitriser l’inflation ce qui permettra une plus forte croissance », résume Patrick Croissandeau.
Seules inconnues pour l’instant, les répercussions que va engendrer l’opération Wuambushu sur l’économie mahoraise. « Car il y aura forcément des conséquences sur l’activité économique du territoire », estime le directeur de l’IEDOM.
B.J.