29.8 C
Mamoudzou
mardi 30 mai 2023
AccueilorangeUn rapport 2022 de la Défenseure des droits qui étrille à nouveau...

Un rapport 2022 de la Défenseure des droits qui étrille à nouveau Mayotte

Claire Hédon est de plus en plus sollicitée. Et cette autorité indépendante de l’Etat chargée de « permettre l'égalité de tous et toutes dans l'accès aux droits », va avoir du pain sur la planche à Mayotte après la publication du rapport interministériel sur le déficit des politiques publiques noyées sous la pression migratoire.

Dans son rapport annuel d’activité sur 2022, la Défenseur des droits Claire Hédon, rappelle vouloir cibler les personnes placées en situation de vulnérabilité, « car ce sont elles qui sont particulièrement exposées à des risques d’atteinte à leurs droits ».

Le nombre de réclamations adressées à la Défenseure des droits augmente chaque année, il y en a eu 125.452 en 2022, soit une hausse de 9%. Sur l’ensemble du pays, ce sont 250 agents, 570 délégués répartis sur 990 points d’accueil, et 94 jeunes ambassadeurs des droits de l’enfant et de l’égalité (JADE) dans 22 départements, dont Mayotte.

Si 24% des réclamations portent sur le plan national sur le droit des étrangers, suivi par la protection et à la sécurité sociale (21%), plusieurs thèmes font l’objet de sollicitation à cette institution. Et autant de cas particuliers qui trouvent pour certains une solution après une recommandation de la Défenseure des droits, qui n’a pas de moyen coercitif.

Défenseure des droits, Mayotte
C’est naturellement à Mayotte que la Défenseure des droits est la plus sollicitée sur les droits des étrangers

Il peut s’agir de l’accès aux droits des personnes âgées vivant seules, d’une discrimination dans l’accès au logement, de la possibilité d’assister aux obsèques d’un proche pour un détenu, de l’interruption en cours d’année scolaire de l’accompagnement par l’Aide sociale à l’enfance d’un jeune majeur isolé, de la lutte contre la prostitution des mineurs, de licenciement après dénonciation d’un harcèlement sexuel, de l’accès aux droits dans un contexte de dématérialisation des données, mais aussi, de la protection des lanceurs d’alerte, etc.

La protection de l’enfance en sous-France…

Un des chapitres qui retient l’attention de Claire Hédon, et la nôtre, c’est « L’état dramatique de la protection de l’enfance en France ».  Les services du Défenseur des droits ont mené un travail d’instruction de plusieurs années à la suite de la saisine d’une infirmière inquiète du traitement réservé aux enfants accueillis dans un centre départemental de l’enfance et de la famille. À l’issue, la Défenseure des droits pointe notamment « l’insuffisance de la surveillance et du contrôle de la structure de la part du conseil départemental et de la préfecture, ainsi que l’absence de concertation, de coordination et de travail en réseau entre le département et l’agence régionale de santé ».

Prenant acte d’un certain nombre d’améliorations depuis les faits, elle formule 16 recommandations, portant sur les taux d’occupation et le sureffectif, le devoir de surveillance et de contrôle des établissements de protection de l’enfance, le mode de gouvernance, de management et de recrutement, les réponses interinstitutionnelles en faveur des enfants présentant des problématiques complexes, et le soutien du service de l’Aide sociale à l’enfance aux établissements qui prennent en charge les enfants.

Un lit prévu pour les bébés au CRA avant reconduite à Anjouan

Le département n’est pas mentionné, et si le problème de la prise en charge des mineurs isolés tend à se généraliser dans le pays, Mayotte colle au profil détaillé ci-dessus.

Notre département fait naturellement l’objet de critiques de la Défenseur des droits qui se dit une nouvelle fois « très préoccupée du nombre d’enfants enfermés en Centre de rétention administrative (CRA) ». Dans une décision adressée au service en charge de l’exécution de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, elle souligne les nombreuses violations des droits des mineurs à Mayotte : rattachement arbitraire de mineurs à des tiers et modification de leurs dates de naissance aux fins de rétention administrative et d’éloignement du territoire.

La Déléguée attendue par toute une population

La Défenseure remet sur la table les recommandations formulées par son prédécesseur Jacques Toubon, notamment la fin de l’enfermement des enfants en centre ou local de rétention administrative et « des pratiques de modification unilatérale de dates de naissance des adolescents interpellés aux fins de placement en CRA et d’éloignement. »

Type de réclamations les plus fréquentes

Il serait utile qu’une coopération s’installe entre le gouvernement et la Défenseur des droits pour trouver une solution au problème souligné par le rapport interministériel : l’absence de déclaration de paternité des parents reconduits aux Comores, qui laissent leurs enfants à Mayotte les condamnant à l’errance et la désocialisation. Et donc à la saturation des services sociaux départementaux et de l’Etat. Des parents qui ensuite, ne veulent pas les récupérer une fois retournés dans leur pays, situation révélé par le même rapport. Il serait intéressant d’entendre la Défenseure des droits à ce sujet.

Une Déléguée du Défenseur des droits est présente à Mayotte, qui permet un meilleur accès au droit pour ceux qui ont des difficultés de maitrise la langue française, qui reçoit dans les Maisons France service de Sada, Ouangani et Combani, « les habitants de Mayotte qui pensent que leurs droits n’ont pas été respectés ». La représentante à Mayotte de l’institution est notamment intervenue en faveur d’enfants âgés de 4 à 8 ans « qui n’ont pas pu faire leur rentrée, suite à des refus d’inscription », et a pu obtenir satisfaction. Au regard des 6.000 à 9.000 enfants dans ce cas à Mayotte, les permanences risquent d’être saturée, et les solutions pas faciles à trouver.

Tout le monde rêve d’avoir une Défenseure des droits chez soi, les enjeux à Mayotte sont tels en terme d’accès au RSA ou à une retraite digne, qu’elle va devoir se démultiplier.

Anne Perzo-Lafond

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

l'actualité

+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
EDM, Mayotte

Perturbation dans l’alimentation électrique à Chirongui en raison d’un accrochage de câble

0
Electricité de Mayotte (EDM) rapporte un incident survenu la veille dans le Sud-Ouest de l'île. Ce lundi, autour de 11h, un accrochage de câble par la société EMCA au niveau de Tahiti plage a occasionné...
Parents relais, gilets jaunes, Mayotte, Castaner, Thierry Suquet

Tout de jaune vêtus, les parents-relais présentent le dispositif de prévention de la délinquance...

0
Un dispositif de prévention contre la délinquance qui fonctionne et sans subvention, vous connaissez ? Allez, un petit indice de couleur, le jaune. Eh oui, les « gilets jaunes » qui assurent la paix dans le quartier de Kawéni sont bien de retour depuis plusieurs mois sous l’appellation « parents relais »

Des protections hygiéniques durables pour lutter contre la précarité menstruelle

0
A l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle qui s’est déroulée le 28 mai, la Mission locale de Mayotte avait décidé d’inviter la semaine dernière, durant quelques jours, l’entrepreneuse Corinne Boulay, créatrice de la marque La Week’Up. Elle est intervenue dans plusieurs établissements scolaires pour parler de précarité menstruelle et a donné une conférence sur ce sujet vendredi dernier devant une cinquantaine de personnes.
Festival image sous-marine, Mayotte, Nicolas Barraqué, Galathea, Cachalots, René Heuzey, Vincent Guillaume

FIISM : Hippocampe d’or pour la murène dragon d’A. Camilleri-Guillebert et Happy Divers

0
De grands noms de l’image sous-marine concourent désormais au Festival qui s’est internationalisé cette année à Mayotte. On y a battu les records de films, photos et dessins, faisaient remarquer Nicolas Barraqué et son jury lors de la soirée de clôture. Avec davantage de place faite aux images de notre lagon
Comores, élections, Azali Assoumani, Wuambushu, Mayotte

Comores : le pays entre dans une période pré-électorale

0
Une opération de révision des listes des électeurs a démarré dimanche 28 mai. Pouvoir et opposition se défient par rassemblements politiques interposés. Les deux camps, avec la société civile, dénoncent collectivement l’opération Wuambushu. Mais le processus électoral lancé risque de tordre le cou au plan de mobilisation contre cet évènement toujours en cours à Mayotte. Le premier tour des élections du président et des gouverneurs des îles devrait avoir lieu avant la fin de l’année

Recent Comments