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Jeunes ambassadeurs et sentinelles des coraux en action 

Plus d’un an après son démarrage, le projet Future Maore Reefs continue son expansion pluridisciplinaire et notamment pédagogique par la mise en place, ce jeudi, d’un tout nouveau sentier public marin, à quelques brasses des rives de Musical Plage.

Lancé officiellement en octobre 2021, ce projet — co-construit entre le Cufr, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le Parc naturel marin de Mayotte — avait offert, l’année passée, une toute première approche encadrée de bouturage de coraux pour les chanceux élèves des respectifs établissements du collège de Bandrélé ainsi que de l’école primaire de Pamandzi. Opération réussie couronnée de succès qui se devait de réitérer son exploit sachant, en parallèle, la pleine continuité du programme Future Maore Reefs et le suivi notamment scientifique qui s’y greffe. 

Bébé corail deviendra grand

En un an, c’est près d’une vingtaine de boutures qui a survécu à la casse humaine, aux intempéries, aux températures élevées et autres facteurs environnementaux étudiés qui impactent et dégradent, de manière plus ou moins directe, les récifs coralliens attenants à notre île.

Clément Lelabousse et Anne Chauvin encadrant l’atelier bouturage des CP de Pamandzi 5

Des boutures résistantes qui ont, de surcroît, pris ampleur et se sont développées donnant pleine légitimité au chantier entrepris. L’objectif de cette matinée, pour cette armée des 22 petits ambassadeurs de l’école élémentaire de Pamandzi 5, entourés de leurs institutrices Chloé et Virginie, c’est de bouturer 80 branches de coraux cassées avec l’aide légitime des scientifiques de l’IRD (basés à la Réunion) présents depuis les prémices de ce programme, et à l’étude d’expérimentations parallèles d’autres jardins de replantations de massifs coralliens en différents endroits du lagon, sous surveillance du Parc naturel marin (PNM), en plus de ce spot purement pédagogique : « Il est important de comprendre que le Parc marin n’est pas une réserve ou encore une mise sous cloche. Notre but premier est le développement durable de l’île au regard aussi de projets humains qui imputent obligatoirement les dégradation et destruction des coraux pour lesquels nous sommes consultés en amont. La genèse de ce programme Future Maore Reefs, s’appuyant sur la vision scientifique de l’IRD, c’est justement d’anticiper des solutions notamment par rapport à ce projet de piste longue en Petite-Terre pour lequel nous avons été sollicités », nous précise Clément Lelabousse, chargé de mission qualité de l’Eau et récifs coralliens au Parc naturel marin de Mayotte.

Nos bébés coraux cassés prêts à renaitre

Des solutions basées avant tout sur des études et recherches fondamentales en lien avec le fonctionnement local de notre écosystème dans un contexte où divers facteurs changent et pour lesquels l’IRD souhaite justement  trouver remèdes et résolutions basés sur la Nature même, tout en étudiant leurs évolutions : « Depuis la mise en place de ces premiers bouturages, nous venons à peu près tous les 3 mois faire des relevés. Tout notre protocole de restauration, tout comme les matériaux utilisés, s’inscrivent dans une démarche qui se veut le plus naturel possible », précise Anne Chauvin, consultante et ingénieure en écologie marine au sein de l’IRD, responsable du bouturage de ce programme.

Un sentier marin pour tous 

Isabelle Urbina-Barreto expliquant le principe de la photogrammétrie 3D à un jeune écolier

Pour dynamiser cette matinée participative, divers ateliers techniques et ludiques étaient proposés. Les biologistes en herbe ont pu notamment apprécier et participer au travail de surveillance et répertorisation visuelle de la biologiste marine post-doctorante, Isabelle Urbina-Barreto (rattachée aussi à l’IRD), au moyen de son process de photogrammétrie 3D des bébés coraux fraichement bouturés et identifiés. De son côté, Julie Closse, animatrice scientifique rattachée au programme Pareo*, est venue animer un atelier d’interaction et de jeu coopératif, basé sur les savoirs du milieu marin tropical afin de stimuler la curiosité

Julie Closse et son atelier jeu des 7 familles du récif

intellectuelle et les connaissances des jeunes présents. « L’approche de Julie est intéressante dans la mesure où l’on vient solliciter son expérience pédagogique déjà existante sur un autre projet international pro-océan Indien, pour la tester et mettre en application dans notre programme Future Maore Reefs » souligne Aline Tribollet, directrice de recherche au sein de l’IRD.

Pour les collégiens du Club Lagon de Bandrélé et leur professeur d’EPS, David Chorel, l’activité s’est poursuivie directement sur le plan d’eau au moyen de palmes, masque et tuba par chacun, afin d’aller observer de plus près le tout nouveau sentier marin pédagogique matérialisé par 4 bouées. Au bout de ces dernières, reposant sur 2 à 4 mètres de fond, nos divers micro jardins coralliens, ainsi qu’un reef ball de béton sur lequel seront positionnées les toutes dernières boutures.

David Chorel en plein exposé éducatif et environnemental auprès de ses collégiens de Bandrélé, avant d’aller nager à la découverte du sentier marin

Il est à noter que ces bouées sont volontairement dépourvues d’anneau d’amarrage afin d’éviter tout mouillage intempestif de la part d’embarcations loisirs mais aussi de pêcheurs. Chacune de ces bouées comportera des panonceaux descriptifs afin d’informer de manière ludique nos curieux baigneurs. D’ici 2 mois, la mairie de Bandrélé devrait également équiper la plage de signalisations pédagogiques en lien avec ce sentier et avertir également la population quant aux méfaits destructeurs des marches aqua-pédestres sur coraux. Sachant les régulières activités marines du club précité à même ce site, il a été proposé, dans le cadre du projet Future Maore Reefs, une collaboration à ces collégiens afin de devenir officiellement les sentinelles du sentier. Un questionnaire d’observation relatif au type et nombre de fréquentations, allié à diverses autres données, est en cours d’élaboration et sera donc mis à disposition des 6ème à la terminal et relevé à l’issu par l’IRD.

Repenser les formations scientifiques marines

Cette matinée fut également ponctuée par la visite du recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic. L’occasion d’échanger avec les différents protagonistes présents en lien avec cet aquatique programme pluridisciplinaire.

Aline Tribollet, captivant la pleine attention des collégiens du Club Lagon de Bandrélé

Dans la continuité de ses aspirations de montée en puissance et de développement de l’offre d’enseignement spécialisé scolaire et universitaire sur notre territoire, alliée à des réflexions plus larges en termes de priorisations et ramifications des problématiques et besoins locaux, notamment le domaine de la souveraineté agro-alimentaire (pour le moment orienté spécifiquement Agriculture), le recteur a tenu à souligner qu’il serait intéressant de reconsidérer l’approche de notre lagon en terme pédagogique large : « Il est important localement de le préserver, le valoriser mais il peut aussi être un lieu d’enseignement plus poussé et technique justement. Tout ce qui a été mis en place avant n’a pas fonctionné c’est une réalité. Finalement on a tenté trop de CAP ou BEP, des formations d’exécutant qui n’attiraient pas. Il faut désormais envisager de voir plus haut visant des formations supérieures et scientifiques et nous avons justement besoin la Recherche pour nous conseiller et orienter dans les bons axes ». Un panel de formations diversifiées, plus poussées et techniques à l’image d’un IUT mahorais que n’a pas manqué d’évoquer J. Mikulovic en en plus d’une cohérence avec la présence d’une antenne IRD au sein même de notre île, permettant ainsi de bénéficier, sur place, de l’expertise scientifique d’acteurs locaux, notamment dans le domaine biologique et marin.

Le recteur de Mayotte entourés, entre autres, des CP de l’école élémentaire Pamandzi 5

L’énorme travail anthropologique 

En plus du caractère purement ludique et pro-scientifique de ce programme, se greffe un travail de recherche en lien avec l’Éducation sous toutes ses formes dans un contexte établi et, dans ce cas précis, relatif au rapport Population locale et Mer. Comprendre dans les grandes lignes en quoi ce genre de projet dit Top-Down — initié en amont par l’approche des scientifiques ayant sollicité l’École  représente une plus-value dans l’apprentissage des enfants.

(De g. à d.) Georgeta Stoica, Marta Gentilucci et Philippe Charpentie, interrogeant volontairement les enfants au regard de cette matinée afin d’en apprécier les remarques retour dans le cadre de leurs respectifs travaux de Recherche

De manière finalement assez philosophique mais paradoxalement, très étudiée dans le concret de l’Anthropologie, loin de l’image simpliste du « to be ou not to be », réaliser si l’impact de l’enseignement se veut plus percutant lorsqu’il part de la démarche scientifique à destination de l’enfant ou son contraire, propre à la construction d’un programme éducatif basé sur les questions des enfants auprès de leur(s) enseignant(s) pour finalement aller trouver réponse avec les aide et support des scientifiques. Une étude indispensable visant à poser les bases solides d’un programme d’enseignement répondant aussi à une vision évolutive et des besoins locaux car le but escompté n’est justement pas de reproduire un schéma type national pour le transplanter de manière similaire partout ailleurs. Pour comprendre cette approche somme toute systémique, où chaque acteur est un maillon indispensable pour la pérennisation et l’impact d’un tel projet, Marta Gentilucci, post-doctorante, encadrée par Georgeta Stoica de l’Université Icare de La Réunion, accompagnées de Philippe Charpentier, docteur en Sciences de l’éducation au Cufr. 

Ainsi vous l’aurez compris, Future Maore Reefs se veut ramifié en divers points à la fois accessibles, complexes, interrogatifs mais, avant tout, force de propositions concrètes pour les diverses problématiques rencontrées sur notre territoire alliées à des défis environnementaux, socio-éducatifs et économiques pour lesquels on ne peut plus battre en retraite. Bien que l’approche scientifique se poursuive ultérieurement sur d’autres axes parallèles, le programme d’expérimentations inédites prendra officiellement fin cette année.

 

MLG

 

* PAREO est un programme régional et international d’éducation, porté par l’IRD, entre la Réunion, les Seychelles et l’île Maurice, pour la protection des récifs coralliens dans l’océan Indien. À vocation aussi scientifique il permet de transmettre des connaissances sur les massifs coralliens, tout en impliquant et re-connectant les élèves avec leur écosystème.

Le docteur biologiste Anne Chauvin nous présentant une réplique miniaturisée du reef ball immergé en ce sentier marin
Parc Naturel Marin et IRD, unis pour ce projet Future Maore Reefs

 

Les accessoires indispensables pour un parfait aqua-bouturage

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