Rappelant la forte natalité du territoire, 10.795 naissances en 2022, l’élue évoque un record le 9 mars dernier avec 45 naissances en 24h. « A ce rythme, je n’ose imaginer à combien nous seront à la fin de cette année 2023. » On peut le lui dire, 16.425 en plus. Heureusement que dans ce domaine, rien n’est linéaire.
Mais toute augmentation se traduit forcément en habitations, en salles de classe et moyens hospitaliers supplémentaires, bref, toutes les politiques publiques sont impactées, puisque ne pouvant suivre ce rythme effréné.
Sans compter que, comme l’explique Mariame Saïd Kalame, cette situation « met à mal la santé des femmes » : « 13% des grossesses concernent les jeunes de moins de 18 ans (…) 600 jeunes mères sont scolarisées dans le second degré. »
Nous l’avons réclamé à plusieurs reprises, il faut rétablir une politique de régulation des naissances. Si elle veut lancer le débat alors que se prépare le Projet Régional de Santé à l’ARS, elle rappelle que « la planification familiale est une compétence pleine du Département », qui doit « assurer la protection et la promotion de la santé maternelle et infantile », le rôle des PMI. Si certaines sages-femmes s’évertuent à mener cette politique, elles sont quotidiennement rattrapées par la charge de travail, pour plusieurs raisons explique l’élue, « la médecine de ville est encore dans une phase balbutiante et très inégalement répartie sur le territoire », et « la présence significative d’étrangères en situation irrégulière sur le territoire, associée à l’absence des complémentaires santé (CMU et CMU-C ) orientent l’activité des PMI essentiellement vers les consultations de routine. »
De l’avis de tous, la campagne « 1, 2, 3, bass » (Pas plus de trois enfants), avait fonctionné à Mayotte comme elle le rappelle. Avec une nuance prés, elle s’adressait aux habitantes sur place alors qu’il faut urgemment communiquer à destination des femmes arrivant des Comores au taux de fécondité « près de deux fois plus élevée », nous dit l’INSEE, 6 enfants par femme en 2017 contre 3,5 pour celles nées à Mayotte.
C’est pour ces raisons que Mariame Saïd Kamale veut « déclarer la planification familiale comme grande cause Départementale pour les 10 prochaines années », « relancer avec les partenaires une campagne départementale de sensibilisation et de planification familiale adapté à la société mahoraise » et « Désigner un comité de prévention et d’accompagnement sur les pratiques sexuelles de manière opérationnelle. »
A.P-L.