Les dégâts collatéraux de la réforme des retraites

C’est la période politique la plus agitée que le pays ait traversée depuis longtemps. Chaque camp a joué sa partition avec plus ou moins de logique pour tenter de porter ou d’enterrer, c’est selon, une réforme où sont annexées des avancées pour Mayotte. Petites ou grandes avancées ? Chacun voit midi à la porte de son parti.

Adoptée avec un seul vote, au Sénat, et un accord en Commission Mixte Paritaire (CMP), la réforme des retraites sera donc passée grâce au 49-3 et de peu, puisque 9 voix auraient pu renverser le gouvernement lors du vote de la motion de censure ce lundi. A la mine du président du parti des LR Eric Ciotti lors des débats, on comprenait que la consigne de vote contre la motion de censure avait tourné court. Pour rappel, il avait été préféré au sénateur Bruno Retailleau il y a quelques mois pour incarner les LR, tous deux étant favorables à la réforme des retraites.

Beaucoup de monde vilipende le soutien actuel des LR à cette réforme en dépit de sa logique impopularité, sans se souvenir que le parti avait monnayé son soutien en janvier dernier par le report de l’âge de la retraite non pas à 65 ans comme le décidait le texte, mais à 64 ans. Plutôt que de s’étonner comme le fait le conseiller départemental d’opposition Soula Saïd Souffou que « 42 députés LR sur 61, dont Mansour Kamardine, ont soutenu le gouvernement », il faut donc se demander au contraire pourquoi 19 ne l’ont pas fait. Cela augure certainement d’un éclatement des LR à brève échéance, à l’encontre de la mission qu’Eric Ciotti s’était donnée, celle de rassembler à l’issue de sa nomination.

Rappelons aussi que cette réforme est portée par le ministre du Travail Olivier Dussopt, membre du PS jusqu’en 2017.

Le ministre Olivier Dussopt avait approuvé les trois amendements pour Mayotte

Tirer un trait sur ou dessous les avancées ?

L’autre dommage collatéral est la division de nos deux députés. Suivant la décision de son groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) auteur d’une des deux motions de censure signée par la NUPES et le RN notamment, pour faire tomber le gouvernement, Estelle Youssouffa a décidé de ne pas soutenir par là même l’amendement en faveur du relèvement des retraites à Mayotte dont elle avait initié la rédaction. Son collègue LR, Mansour Kamardine a logiquement suivi la décision de son groupe, soutenant par l’occasion l’amendement de relèvement du minimum vieillesse de 150 euros, une prouesse avions-nous souligné, et l’engagement du gouvernement que la retraite complémentaire des agents contractuels du secteur public soit ouverte à Mayotte, avant la fin de l’année, « cela fait 21 ans qu’ils l’attendent ! », souligne-t-il dans un communiqué.

Rappelons que ce projet de loi des retraites porte également un amendement sur les retraites complémentaires pour les professionnels de santé, défendu par le sénateur Thani Mohamed Soilihi.

Souhaitant tout mettre dans la balance pour justifier son choix, le député Kamardine explique ne pas vouloir « reporter, à des dates inconnues, l’urgente opération Wuambushu du mois d’avril et la loi de sécurisation de Mayotte du mois de juin (…) Nous n’avons plus de temps à perdre pour Mayotte au moment où l’action publique se déploie enfin avec force.»

Mais la plus grande cassure, c’est certainement celle qui s’est creusée entre le président Macron et les citoyens français sur une impopulaire réforme destinée à préserver le système des retraites par répartition, qui demandera d’avoir totalisé 43 années de cotisation dès 2027… année où se jouera une autre échéance pour laquelle plus d’un prédisent l’aboutissement sur un vote contestataire.

Anne Perzo-Lafond

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