31.8 C
Mamoudzou
lundi 27 janvier 2025

La Résidence du gouverneur élue à la Fondation du Patrimoine, mais rien n’est encore gagné

Alors ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand avait foulé les planchers d’une Résidence du gouverneur en mauvais état en 2011. Il y avait donné sa vision, partagée ici, d’y installer le musée de Mayotte. Depuis l’édifice a poursuivi sa dégradation. Nous avons interrogé les représentants de la Fondation du patrimoine sur les modalités de financement.

En septembre 2017, le président de la République confiait à Stéphane Bern une mission d’identification du patrimoine en péril et de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurer. De cette initiative est née le Loto du patrimoine, dont le produit a été attribué à la Fondation du patrimoine.

Six ans après son lancement, la Mission Patrimoine a dressé un bilan qu’elle juge positif puisque près de 230 millions d’euros ont pu être mobilisés grâce au Loto du patrimoine, grâce aux crédits du ministère de la Culture et aux mécénats d’entreprises et dons collectés par la Fondation du patrimoine, opératrice de cette Mission.
460 des 745 sites sélectionnés sont désormais sauvés grâce à cette opération, soit 60% des sites inscrits. Rien n’est gagné donc pour notre Résidence du gouverneur retenue cette année.

La Résidence sur trois étages avec son escalier à double volée en fer à cheval (Photo : A.P-L.)

L’un des derniers visiteurs de marque à l’avoir parcouru en grande pompe fut le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand en 2011, qui avait prononcé son « Vous tenez le lieu de votre futur musée ! ». L’occasion pour nous de visiter les lieux avec le neveu du président François Mitterrand. Périlleux, puisqu’il fallait à la fois être attentif à de possible chute de persiennes, et ne pas risquer de se coincer un pied dans un trou de plancher termité.

« Un tel lieu conçu par les ateliers Eiffel, nous ne pouvons le laisser dans cet état ! », poursuivait le ministre qui soulignait les travaux « conséquents » à entreprendre, « mais j’ai confiance dans les élus », concluait-il… en l’absence de conseillers départementaux sur place. Les travaux étaient alors évalués à environ 3 millions d’euros, mais l’édifice n’a eu de cesse de se dégrader depuis.

Un projet de musée qui résiste aux aléas

Il faut dire que le vent avait tourné ensuite et en 2015 les élus du Département prenaient une motion contre l’ancien ministre qui dans un ouvrage, les avait traités dans son ouvrage « La Récréation », de « nullité affligeante ». Mais il y en avait eu pour tous les DOM, un vrai florilège, comme l’avait décrit France TV.

En tout cas depuis plus de 10 ans, Mayotte doit se contenter d’une préfiguration de musée, certes de grande qualité et élevé au rang de Musée de France, mais aux murs fragilisés par un tremblement de terre en 2020 qui avait nécessité sa fermeture par son directeur Abdoulkarim Ben Saïd.

Le ministre, de dos, avait traversé une coursive délabrée

Nous avons interrogé Baptiste Garrigue, Chargé de mission, Délégation Océan Indien de la Fondation du patrimoine sur le mode de participation au budget de rénovation. « Nous menons cette mission avec le soutien du ministère de la Culture et de la Française des Jeux. Les dotations que nous attribuons sont estimées par la Fondation à partir du montant global que rapportent chaque année les jeux Mission Patrimoine déployés par la Française des Jeux. » Mais est également pris en compte le plan de financement global de chaque projet : « En fonction de l’actualisation du plan de financements des lauréats « emblématiques » chaque été, nous sommes en mesure d’annoncer nos aides aux projets sélectionnés au titre des sites emblématiques régionaux lors des Journées Européennes du Patrimoine en septembre de l’année de sélection. » Nous en saurons donc plus en septembre, mais il faut faire montre de volonté politique.

Importée en kit

En moyenne sur les différents projets déjà retenus à Mayotte par la Mission Patrimoine, dont les usines sucrières, la Fondation a participé à hauteur de 15% des budgets de travaux présentés, « soit un montant total de 653.000 euros d’aides accordées depuis la première édition en 2018. »

Un lustre aux motifs hippocampe agrémentait le plafond (Photo : A.P-L.)

Cette année, ce sont 18 sites emblématiques qui ont été retenus pour être aidés par la Fondation du patrimoine. La Résidence du gouverneur était dédiée au logement du Gouverneur de Mayotte à Dzaoudzi. On apprend qu’elle fut entièrement importée en kit depuis la métropole et « construite par les ateliers Moisant entre 1891 et 1892. Elle succède à une maison-modèle de même fonction qui se trouvait là depuis 1845. »

L’ossature métallique est remplie en brique, avec un système de double paroi voué à assurer une ventilation naturelle à l’intérieur, en adaptation au climat tropical. Il s’élève sur trois niveaux entourés de galeries périphériques. La façade principale est dotée d’un escalier à double volée en fer à cheval. L’aménagement intérieur a malgré tout été « très modifié », mais des traces de polychromie ancienne sont encore visibles sur quelques portes. Le fond de la parcelle est occupé par deux longères datant de 1851 et 1857. Six réverbères agrémentent le parc, dont deux sont probablement de la fin du XIXe siècle, ainsi que trois canons, dont le plus ancien date de 1813.

« L’édifice est parfois appelé ancienne préfecture suite à son occupation par les services de l’Etat à partir des années 1970. Elle est classée au titre des monuments historiques en 2015. »

Un sentier botanique

Vestige d’une époque révolue

Les travaux à mener sont détaillés : Dépose et repose intégrale des parties maçonnées et des éléments en bois, consolidation de la structure métallique « en conservant la structure primaire d’Armand Moisant, concurrent direct de Gustave Eiffel à l’époque », renforcée par une structure indépendante autoportante en acier pour permettre une exploitation de type « muséal », renforcer les planchers.

La résidence a toujours vocation à devenir le Musée de Mayotte (MuMA) afin d’y exposer une partie des collections consacrées à la préservation et à la valorisation pérennes du patrimoine naturel et culturel mahorais, matériel et immatériel.

Le parcours de visite inclura le parc avec plusieurs essences endémiques et une nouvelle proposition d’aménagement comprenant des sentiers botaniques et une accessibilité aux personnes à mobilité réduite. « Ce projet culturel contribuera à la dynamisation de la ville de Dzaoudzi, bénéficiaire du programme « Action Cœur de Ville ». »

Si tout se passe bien, les travaux seront initiés en 2024, et en 2026 sera inauguré le Musée de l’Histoire dans la Résidence des Gouverneurs.

Frédéric Mitterrand devant les persiennes aux côtés du préfet Hubert Derache

IL est possible de faire un don à la Mission Patrimoine soutenue par la Fondation du patrimoine, mais par pour le projet spécifique de la Résidence du gouverneur de Dzaoudzi, car « il n’y a actuellement pas de collecte ouverte pour recueillir du mécénat populaire sur ce site. La présence d’un appel au don n’est pas un critère pour être retenu par la Mission, aussi certains projets sélectionnés par cette dernière ont actuellement une collecte en cours et d’autres non », complète Baptiste Garrigue

Anne Perzo-Lafond

Partagez l'article:

Société

NEWSLETTER

Recevez gratuitement les articles

du Journal De Mayotte

Nous ne vous enverrons jamais de spam ni ne partagerons votre adresse électronique.
Consultez notre [link]politique de confidentialité[/link].

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

SMAE : Fermeture de la distribution d’eau

SMAE – Mahoraise des Eaux informe les usagers des...

Rentrée scolaire : Après les profs, place aux élèves !

Malgré des résistances, le Recteur de Mayotte et le maire de Mamoudzou organisent un retour progressif des élèves dès lundi 27 janvier, en fonction des moyens humains et matériels disponibles après le passage du cyclone Chido six semaines plus tôt.

Les sénateurs examinent un projet de loi d’urgence considérablement enrichi

Comme leurs collègues députés, c’est en Commission des Affaires économiques que les sénateurs ont vu arriver un texte amendé. Deux articles ont disparu, et d’autres ont été abondés de plusieurs points destinés à sécuriser le secteur économique mahorais.

Drissa Samaké nommé directeur général de Ewa Air

Drissa Samaké, 42 ans, vient d’être nommé directeur général de la compagnie aérienne Ewa Air. Avec un arrêt forcé puis une reprise des activités limité à cause du cyclone Chido, le nouveau commandant de bord aura comme défi de relancer la compagnie, sans oublier toutefois les mahorais qui souhaitent voir le tarifs des billets d’avion baisser.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com