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Les femmes de Mayotte croquées par l’INSEE

L’Institut national de la statistique Réunion-Mayotte contribue aussi à la Journée internationale des droits des femmes en nous livrant une étude transversale très intéressante sur le profil des femmes vivant à Mayotte. Avec des aspects encourageants, d’autres moins.

On sait que le faible niveau de qualification, 30% en ont une contre 37% de diplômes qualifiés chez les hommes, n’œuvre pas favorablement à la recherche d’emploi puisque seulement 27% des femmes en âge de travailler en ont un, contre 22% en 2009. Elles sont 63% en métropole. Pour autant, elles en veulent, et davantage que les hommes puisque 41% d’entre elles sans emploi, souhaitent travailler, contre 29% du côté des hommes.

On le constate dans la vie courante, de plus en plus de cadres sont des femmes. Si elles ne sont encore que 36% de cette catégorie en 2019, elles étaient 1.700 à Mayotte, soit 5 fois plus qu’en 1997. Et encore, le chiffre est à actualiser en 2022. Très présentes dans la société, elles sont sous-représentées en politique, un peu comme la métropole d’il y a cinquante ans. Nous sommes passés de deux maires femmes sur la précédente mandature, à zéro actuellement. Dommage car comme témoignait une créatrice d’entreprise ce mercredi, la présence d’écharpe tricolore au féminin a permis à des femmes de faire éclore leurs projets là où les hommes restaient méfiants. Soulignons une femme parmi les quatre parlementaires, et représentative de la société civile puisque leader d’un collectif.

La part de la population jamais scolarisée chute heureusement fortement

De même que pour les cadres, et c’est lié, on note une nette amélioration du niveau de formation des filles, « parmi les jeunes femmes de 20 à 29 ans nées sur le territoire, 75 % ont un diplôme qualifiant, contre 63 % des jeunes hommes ». Les femmes nées à l’étranger ne sont que 21% à être diplômées. Ce qui pèse sur une autre statistique, celle qui concerne les plus de 50 ans, « 7 sur 10 n’ont jamais été à l’école, contre 4 sur 10 pour les hommes ».

L’absence de projet de vie, une fabrique de mères isolées

Les filles ont de meilleurs résultats à l’école que les garçons : « leur taux de réussite au baccalauréat est notamment plus élevé. Elles sont aussi plus nombreuses au centre universitaire de Mayotte et à bénéficier du Passeport mobilité-études pour partir étudier ailleurs en France. »

C’est après que ça se dégrade, mais là encore on ne peut faire d’amalgame en raison des parcours de vie. Une partie des filles va vouloir continuer les études, alors que certaines ne pensent qu’à trouver un mari et avoir des enfants, soit pour obtenir la nationalité, soit pour se donner un « rôle » social, on retrouve ce dernier trait en métropole. Entre 20 et 24 ans, 40 % des femmes à Mayotte vivent en couple, soit près de deux fois plus que dans l’Hexagone. Mais faute de réel projet de vie en commun pour les raisons citées, les séparations interviennent assez rapidement et dès 35 ans, les femmes sont de moins en moins souvent en couple. « Du fait de ces séparations et de la forte fécondité, 23 % des femmes âgées de 20 à 54 ans vivent seules avec leurs enfants, une part deux fois plus élevée que dans l’Hexagone. »

Les femmes très offensives dans la société, comme ici les femmes leader, mais non représentées en politique

Ces mères isolées sont pour la plupart confrontées à une grande précarité, puisque « la quasi-totalité d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté national et dans des conditions d’habitat difficiles. » Du fait d’une fécondité élevée, la moitié des familles de Mayotte ont au moins trois enfants mineurs. Ces familles nombreuses sont trois fois plus fréquentes que dans l’Hexagone.

Les temps libre occupé par la danse, la musique et la religion

Avec 4,6 enfants par femme en 2019, la fécondité est plus élevée à Mayotte que partout ailleurs en France, et les maternités sont plus précoces. La fécondité baisse pourtant au fil des générations mais reste forte parmi les femmes originaires des Comores, qui représentent plus de la moitié de la population des femmes en âge de procréer à Mayotte en 2017.

Nous y avions consacré un article, l’espérance de vie des femmes à Mayotte s’élève à 76,2 ans en 2019, soit 9 ans de moins qu’en France métropolitaine. Une des raisons est logiquement médicale, « les femmes habitant Mayotte recourent nettement moins à des soins médicaux que celles résidant dans l’Hexagone : le dépistage et le soin de leurs maladies chroniques en pâtissent. La moitié des habitantes de Mayotte n’ont jamais consulté de spécialiste. Près de la moitié des femmes ont dû renoncer à se soigner, pour des raisons financières – la couverture santé est très incomplète à Mayotte – ou par manque d’offre médicale. » Le mode alimentaire dégradé est aussi en cause, dont la consommation de sodas, provoquant diabète et hypertension.

La culture garde une place importante

En terme de maltraitance, la Journée des violences contre les femmes en fait état, «  en 2019, 9 % des femmes de 18 à 75 ans déclarent avoir subi des violences, physiques ou sexuelles, dans ou à l’extérieur du cercle familial, contre 5 % en France métropolitaine ». Depuis, les campagnes pour libérer la parole ont vu ces chiffres grimper.

Etant donné que moins de femmes travaillent à Mayotte qu’en métropole, elles ont davantage de temps libre et l’utilisent majoritairement à la maison. La moitié le consacre à la lecture, et c’est à 40% des écrits religieux.

La danse et la musique sont davantage pratiquées par les femmes : 29 % d’entre elles ont pratiqué la danse au cours de leur vie, et 14 % ont joué d’un instrument de musique (contre respectivement 16 % et 9 % des hommes). Le debaa et le m’biwi notamment sont des pratiques traditionnelles de chant et de danse exercées exclusivement par les femmes, tandis que le shigoma est plutôt masculin, mais se féminise au fil des générations. Les femmes regardent davantage la télévision, mais bien moins que dans l’Hexagone.

A.P-L.

 

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