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jeudi 28 mars 2024
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Le recteur reçoit les maires : vers une vision « polyvalente » des constructions scolaires

Face aux besoins de Mayotte, inégalés en France, la Chambre régionale des comptes s’est spécialisée dans l’étude de l’exercice de la compétence scolaire dans les 17 communes de l’île. De quoi largement abonder la rencontre entre les maires et le recteur, qui infléchit les grands axes pour s’adapter au contexte et prêcher « la polyvalence ».

Ce mardi, l’ensemble des maires de Mayotte était convié au rectorat par Jacques Mikulovic pour échanger autour du projet académique. Signe d’une nouvelle génération de maires, ils avaient massivement répondu présent, certains épaulés de leurs services technique. Du côté du rectorat aussi on avait avancé les forces vives avec inspecteurs et inspectrices de circonscriptions, en plus de la garde rapprochée du recteur.

Des énergies au service de multiples sujets pour cette rencontre dans la salle Samuel Paty du rectorat, avec en tête de liste et loin devant, les constructions et rénovation des écoles et réfectoires. « J’ai besoin de deux salles supplémentaires en modulaire », se lançait le maire de Boueni, « nous n’avons plus de place pour scolariser de nouveaux élèves », se plaignait son collègue de Mtsamboro, « face à l’évolution exponentielle du nombre d’élèves, nos capacités en périscolaires, et équipements sportifs, sont insuffisantes, nos besoins sont colossaux », renchérissait le maire de Chirongui, « nous sommes à 100% en rotation, comment faire pour proposer un déjeuner à tous les élèves ? », interrogeait la représentante de Sada, « la rotation est devenue la règle à Mayotte, jusqu’à quand ?! », interpellait le maire de Ouangani, Youssouf Ambdi, qui se plaignait de « ne pas être assez accompagné par le rectorat dans les constructions scolaires ».

Maires et DGS avaient largement répondu présent

Ayant relayé dans nos colonnes la création en 2021 de la plateforme d’ingénierie rassemblant notamment l’AFD pour les finances et la DEAL pour la compétence BTP, nous avons interrogé l’élu à ce sujet, il s’en montrait très satisfait… une structure à l’initiative du précédent recteur Gilles Halbout. « Je ne savais pas que le rectorat en était à l’origine. Nous avons été très accompagnés par la DEAL sur de nombreux projets à Ouangani. Un chantier de T14 (14 classes) va démarrer, 4 classes sont construites en maternelle, 12 en projection, et sur 8 groupes scolaires, une petite partie a un réfectoire, il faut poursuivre dans les autres. »

Les écoles vues comme « un appel d’air à la migration »

Si tous les maires ne sollicitent pas cette plateforme comme Mouslim Abdourahamane à Boueni, « je me débrouille tout seul ! », nous confiait-il, les résultats semblent encourageant si l’on compare à l’atonie d’il y a 3 ans tant du côté des élus que de celui de la DEAL. Et Jacques Mikulovic enfonçait le clou, « nous avons chacun nos compétences à décliner, mais nous sommes avant tout partenaires. »

Mamoudzou qui concentre à elle seule l’ensemble des problématiques de l’île, enregistre 18.000 élèves inscrits, pour 457 en liste d’attente. Prés de 3% des jeunes n’y sont donc pas scolarisés. Rappelons que la réforme de scolarisation des 3 ans de l’école de la confiance a rajouté une surcharge énorme sur les épaules des élus, financièrement compensée, mais encore faut-il faire tourner la bétonnière sur du foncier. Et en avoir la volonté, relevait le recteur : « J’ai été interpellé par des élus qui voient dans la construction des écoles un appel d’air à la migration. Il faut bien entendu accueillir les enfants quelque soit leur origine, mais je comprends leur position entre le marteau et l’enclume. C’est pourquoi je propose de faire évoluer notre vision ». Pour Jacques Mikulovic, il s’agit d’envisager les constructions comme étant polyvalentes, « un équipement sportif peut servir à du périscolaire », et sa vision du polyvalent va au-delà et interroge beaucoup de secteurs.

Jacques Mikulovic: « Vous avez un certain nombre de compétences, mais nous sommes partenaires »

La restauration scolaire par exemple, « est-ce qu’on continue avec des constructions de cuisine centrale, véritables usines de production qui alimentera vos communs, certes au norme grâce au financement du rectorat pour diminuer vos coûts de construction, ou investissons-nous dans des équipements polyvalents ? »

Des classes multi-usages

Car un des bras droit du recteur invitait à repenser entièrement les constructions : « A la difficulté de dédoublement des CP-CE1, une commune de Mureaux dans les Yvelines a répondu par la création d’un pôle éducatif. Qui intègre l’école, un apprentissage de la musique, du périscolaire, l’ouverture des bibliothèques y compris en dehors des horaires scolaires, etc. Les classes doivent être flexibles, utilisées pour plusieurs fonctions, des locaux multi-usages en quelque sorte. »

Un argumentaire savamment amené pour s’interroger sur la situation de Mayotte, à la traine du pays en matière de dotations et d’équipements, Jacques Mikulovic appelait à renverser la tendance : « A Mayotte, je note à la fois de l’ambition et de la frustration de ne pas être équipé comme en métropole. S’il faut avoir cette exigence d’équité, d’ailleurs, des progrès phénoménaux ont été fait en 15 ans, il faut prendre en compte les difficultés de foncier, les délais de réalisation et la jeunesse de la collectivité. De plus, la course identitaire peut mener aux mêmes échecs, on le voit avec les difficultés croissantes de l’acquisition des savoirs fondamentaux en métropole. Il faut donc aussi trouver nos propres solutions, et voir comment on peut s’organiser ensemble pour trouver des solutions aux problèmes de rotation d’effectifs, etc. »

« Comment accueillir tous les jeunes au réfectoire avec des écoles 100% en rotation? », interrogeait-on du côté de Sada

Dans le chef-lieu, on rapportait une autre difficulté, celle de la maîtrise de la langue, « nos élèves sont très à l’écart du français, il faut le renforcer. » Un sujet dont le recteur veut faire son « cheval de bataille » : « C’est un frein à la réussite scolaire ». Avec la question cyclique, qui revient à chaque mouvement de recteur, « faut-il rendre obligatoire l’usage de la langue française dans les écoles ou passer par la langue vernaculaire ? Je ne suis fermé à rien, et suggère de lancer un Conseil académique des langues régionales ». Une interrogation qui relance le débat, avec un contexte qui évolue. Les enseignants de primaire qui ne s’exprimaient qu’en shimaore ont un pied sinon deux, à la retraite, remplacés par des jeunes formés. Mais les dégâts sont considérables, « alors que beaucoup de mahorais comme vous tous, maitrisent la langue française mieux que certains métropolitains, 70 à 80% des élèves sont en difficulté sur ce sujet, et pas uniquement des migrants. Or, nous visons l’excellence, surtout que, pour faire un pont avec la mobilisation du jour, c’est cette jeunesse qui va permettre de sauver notre système de retraite par répartition ! ».

Anne Perzo-Lafond

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