L’appel d’Ambdilwahedou Soumaïla à la mobilisation des élus n’avait reçu qu’un maigre écho ce lundi matin pluvieux à Passamainty devant la permanence de Mansour Kamardine. Il s’agissait pourtant d’une réponse aux attaques répétées contre les symboles de la République à la suite des démolitions de quartiers insalubres à Doujani, telle que l’avait voulu Ambdilwahedou Soumaila, « la République ne cèdera pas face aux voyous », répétait-il ce lundi matin.
Le député Mansour Kamardine était absent pour cause de présence à Paris ce lundi où la réforme des retraites était présentée en conseil des ministres et où doit être déposé à l’Assemblée nationale cette semaine l’accord contesté entre Etats membres de la COI.
Sa suppléante ne s’exprimera qu’en shimaore, et incitait notamment à agir « ouvoimoja leo », ensemble aujourd’hui.
La leader d’un des Collectifs de citoyens, Safina Soula le rappelait au micro : « Comme lors de l’incendie de la mairie de Koungou, c’est la République qu’on attaque », et déplorait « l’absence de réponse de l’Etat » à ces actes, et impliquait l’ensemble de la population, « nous sommes aussi responsables nous les mahorais. Dans certains endroits, il y a des bidonvilles, mais dans d’autres, par chez moi, il y a des maisons en dur qui abritent des gens », sous-entendu qui hébergent des étrangers en situation irrégulière contre loyer. Elle invitait à davantage de mobilisation, « seule condition pour gagner le combat ».
Il n’y avait ce lundi matin à Passamainty que trois conseillers départementaux, et deux maires, Sada et Mamoudzou. Ce qu’explique ce dernier : « J’ai lancé l’appel samedi, pour une mobilisation matinale ce lundi, tout le monde n’a pu se dégager. De toute façon, le pluriel commence à deux, non ?! » Ce sera son seul trait d’humour en ce lundi matin où sa cible se révélait être principalement les associations de protections des habitants de ces quartiers.
Entre droits et conditions de vie, une balance déséquilibrée
On peut même parler de charge virulente : « Nous nous sommes rendus sur place à Doujani pour annoncer la destruction du quartier pour mieux reloger les habitants. Nous ne voulons plus de ces bidonvilles. Or, des associations ‘droit-de-l’hommistes’ se sont cachées derrière des soi-disant étudiants pour rédiger des lettres à l’intention des élus et des autorités de Mayotte, en incitant les habitants à rester dans ces bidonvilles où ils ont leurs droits. Comment ces associations peuvent-elles les maintenir dans un environnement dégradé, avec des latrines à même le sol, dans la plus grande insécurité sanitaire pendant que leurs dirigeants dorment dans les appartements climatisés et à l’abri de la pluie ?! »
Le maire fait référence aux plaintes systématiques au tribunal administratif qui ont pour effet d’annuler ou de retarder ces démolitions de cases en tôle, qui ont été érigées ça et là, sans permis, au fur et à mesure des arrivées des occupants. Nous l’avons interpellé précisément sur les droits des habitants, et sur l’étendue de l’enquête sociale qui y a été menée lors de la destruction des 160 cases de Doujani : « Ce sont 300 personnes qui ont été concernées au départ, et nous en sommes rendus à 600, dans le cadre d’une enquête très détaillée. Nous avons relogés tous ceux qui le devaient ». Le préfet Thierry Suquet avait donné le chiffre de 120 personnes mises à l’abri.
Au-delà de l’aspect humain, le maire fait valoir la problématique de l’aménagement du territoire, « nous avons des écoles, des équipements de loisir à construire, et précisément pour la population ».
A.P-L.