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Mouvement social à EDM : « Je ne peux pas fermer les yeux sur les questions de discipline »

Alors que les négociations entre la direction d’Electricité de Mayotte et l’intersyndicale ont été suspendues vendredi dernier en fin d’après-midi, le poste HTA / BT aux sorties du poste source de Sada prenait feu entraînant une coupure dans tout le Sud de Grande-Terre.

Les jours de grèves se succèdent à l’instar des coupures d’électricité mais le procédé a semblé avoir franchi un cap supplémentaire dans la nuit de vendredi à samedi. Le poste HTA / BT, assurant la liaison entre le réseau haute tension HTA (HTA) et le réseau basse tension (BT), à proximité du poste source de Sada a été incendié provoquant une coupure dans tout le Sud de Grande-Terre.

Le remplacement de l’équipement se chiffre en dizaines de milliers d’euros

Un incendie dont l’origine semble volontaire

Présent sur les lieux samedi après-midi, le directeur général d’Electricité de Mayotte a pu constater au côté de son équipe que le poste « a brûlé portes ouvertes », en témoigne le relatif bon état des portes du local. Selon Claude Hartmann, un poste de cette nature ne peut s’embraser spontanément en raison des matériaux spécifiques qui sont censés retarder tout départ de feu. « Il a fallu l’aider pour arriver à ce stade », constate le directeur général d’EDM. Pour certains techniciens présents sur les lieux ce samedi, le fait que le local n’ait pas explosé est un miracle, « puisque il y a de huile à l’intérieur ».

Les dégâts occasionnés et le coût évalué à plus de 100 000 euros pour le remplacer, note Claude Hartmann, constituent un acte de sabotage supplémentaire aux yeux de la direction alors même que depuis le 22 décembre dernier, l’entreprise est aux prises avec un mouvement social. Pourtant, le dénouement aurait pu survenir vendredi dernier lors du cycle de négociations avec l’intersyndicale. Après cinq heures de discussions, l’ensemble des parties prenantes ont réussi à se mettre d’accord sur l’ensemble des points abordés, sauf le dernier.

« C’est nous les clients qui subissons les conséquences »

« Ils voulaient me faire dire que j’allais fermer les yeux sur les poursuites disciplinaires concernant les exactions qui ont été commises », fait savoir Claude Hartmann. Il poursuit : « C’était hors de question. Il y a eu des choses trop graves qui se sont passées. J’ai refusé de pouvoir appliquer une sorte d’amnistie. Je ne peux pas fermer les yeux sur les questions de discipline ». Quelques heures seulement après, le poste HTA / BT prenait feu, une coïncidence fortuite qui n’échappe pas au directeur général d’EDM : « le jour même où je dis que je ne fermerai pas les yeux sur les sanctions que je devrais prendre, il y a cet incident ».

Les travaux engagés samedi après-midi ont permis de faire un raccordement entre les câbles d’entrées et de sorties

Coupure après coupure, la patience et la résilience de la population de l’île semble chaque jour un peu moins encline à subir les dommages collatéraux de ce conflit social. Un des habitants vivant dans le secteur du poste incendié a laissé échapper son mécontentement : « c’est nous les clients qui subissons les conséquences. Ils revendiquent mais ce n’est pas une raison ». D’ailleurs, samedi en milieu de matinée, un barrage a été dressé à proximité du poste par les riverains afin d’attirer l’attention des autorités publiques concernant le retour du courant. « On a bloqué la route pendant une heure car on n’avait pas de nouvelles sur le retour du courant », abonde un des habitants. Si les plaintes d’EDM se succèdent et se cumulent, pour l’heure, note Claude Hartmann, « je n’ai aucune nouvelle de garde à vue, de mises en examen. Ce n’est pas faute d’avoir fourni les heures, les dates ». Concernant la reprise des négociations, le directeur général se veut intransigeant « on butte sur une phrase celle qui dit que ‘la direction ne prendra aucune sanction’. Je ne peux pas écrire ça et je ne l’écrirai pas ».

Une situation qui n’est pas l’apanage de Mayotte

Alors qu’en Guadeloupe un conflit social à la centrale d’EDF PEI de Pointe Jarry dure depuis le 19 décembre dernier entraînant « à plusieurs reprises des coupures tournantes pour la population guadeloupéenne pendant la pointe du soir pouvant concerner plus de 30.000 clients », le « ministre délégué chargé des outre-mer, Jean-François Carenco [a] demand[é] aux parties d’endosser une posture et de respecter un cadre qui permette un dialogue social de qualité; et de trouver les solutions raisonnables pour retrouver un fonctionnement normal ». Une situation comparable à celle que rencontre la population du 101e département. Est-ce à dire que si le conflit social se prolonge, le Gouvernement puisse également intervenir afin la fin du conflit social à EDM ?

Pierre Mouysset

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