Écobuages et incendies : de mauvaises habitudes qui ne changent pas

Alors que l'année 2022 vient de s'achever, plus de 600 interventions pour feux ont été effectués par le SDIS976* dans le département. Un chiffre sensiblement égal à l'année dernière et qui concerne surtout les écobuages non contrôlés. Plusieurs acteurs nous parlent de ce fléau et des précautions à prendre.

Les écobuages, souvent confondus avec l’agriculture sur brûlis, sont très présent dans l’île. Ces derniers causent beaucoup de dégâts notamment au niveau de la terre. Le colonel Neis, du SDIS976, nous parle d’un problème en particulier: « L’une des problématiques de l’écobuage est que le feu ramène la terre à nu. Si c’était contrôlé il n’y aurait pas trop de soucis, mais dans la grande majorité des cas le feu n’est pas contrôlé et brûle plus que prévu. Cela part en incendie et les racines de beaucoup de plantes, notamment, brûlent aussi. Sans les racines, plus rien ne peut retenir la terre. Vous avez déjà remarqué ce qui se passe quand il y’a de fortes pluies ? C’est une des conséquences mais je peux vous en citer plein d’autres comme les dégâts sur la faune et la flore. »

Les pompiers se démènent pour intervenir sur les nombreux feux agricoles

Un arrêté préfectoral qui n’est pas respecté

Les préventions sont bien présentes notamment avec l’encadrement obligatoire des feux agricoles via un arrêté préfectoral datant de 2017. Franck Duguépéroux, chef du service développement des territoires ruraux à la DAAF*, a son opinion sur les raisons du non respect de cet arrêté. Il nous la développe : « Dès lors qu’on a l’information d’un feu agricole, on fait une enquête, on identifie le propriétaire. Je peux vous dire une chose, c’est rarement le propriétaire qui déclenche le feu. La plupart du temps, c’est un occupant illégal qui en est à l’origine. Chaque année la DAAF lance une campagne de sensibilisation, dans le but de cesser ces pratiques, mais ce n’est pas suffisant. »

« Les autorités compétentes doivent faire respecter cet arrêté »

Une prévention insuffisante, c’est aussi l’avis du colonel Neis. Ce dernier aimerait « plus d’actions de la part des autorités » comme il nous l’explique : « Il y a un arrêté pour encadrer les feux agricoles, pas respecté. Des campagnes de prévention et des spots publicitaires sont mis en place, mais est-ce qu’ils sont vus? Dans le cas où c’est un occupant illégal qui déclenche le feu, vous pensez qu’il va regarder la télé et se dire ‘mince c’est pas bien ce que je fais’ ou bien ‘ah je dois penser à faire une déclaration’ ? Non. Les autorités compétentes comme la police ou la mairie doivent faire respecter cet arrêté. Ce n’est pas le cas actuellement. »

« Padza » ou terre morte ici en arrière plan. Une des conséquences des écobuages intensifs et répétés

« Nous devons mener ce combat ensemble »

Pour Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou, tout le monde doit se serrer les coudes dans cette problématique. « La mairie, la police nationale, les habitants… nous devons mener ce combat ensemble. Nous sommes tous responsables à notre niveau. De notre côté, nous ferons le nécessaire », conclut-il.

En attendant, les chiffres complets des feux et incendies de l’année 2022, ainsi que leurs origines et leurs natures seront disponibles d’ici février 2023. Tout semble à refaire en ce qui concerne la prévention pour cette nouvelle année.

Houmadi Abdallah

*SDIS976 = Service Départemental d’Incendie et de Secours de Mayotte.
*DAAF = Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt 

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