Black-out du 30 décembre : un acte de sabotage ayant visé les vannes d’alimentation en carburant des moteurs

A la suite de la coupure d’électricité ayant plongé Grande-Terre dans l’obscurité vendredi soir, le directeur général d’Electricité de Mayotte, Claude Hartmann, est revenu sur l’acte de « sabotage » ayant entraîné le black-out, alors que l’entreprise est secouée par un mouvement social.

« Parfois, les recettes les plus simples sont les meilleures ». Un rire jaune ponctue la phrase du directeur général d’Electricité de Mayotte (EDM). Vendredi soir dernier, à la veille de la venue du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, aux environs de 22h30, Grande-Terre a été plongée dans les ténèbres à la suite de ce qui relève d’un « sabotage », insiste Claude Hartmann.

Claude Hartmann, directeur général d’EDM

Une méthode simple mais imparable

Au total, d’après le communiqué de presse d’EDM, publié le lendemain, ce sont au total plus de 30 000 clients ayant été plongés dans l’obscurité. « La nature de ce sabotage est très facile à comprendre. Ce sont les vannes permettant d’amener le combustible, soit le gasoil, dans les moteurs qui ont été fermées », explique Claude Hartmann. Et à l’instar du moteur d’une voiture thermique, la coupure de l’alimentation en carburant a conduit à l’arrêt des impressionnantes machines de la centrale de Longoni. Une matérialisation on ne peut plus concrète de l’expression « fermer le robinet ».

« Ces vannes sont sur le circuit pour amener le combustible et sont destinées à la protection contre les incendies. Ce sont des vannes de sécurité et ne doivent en aucun cas être manipulées moteur en marche », détaille le directeur général. Alors que la centrale de Longoni s’arrête, plongeant Grande-Terre dans l’obscurité, la centrale des Badamiers a permis d’assurer le relais afin d’alimenter Petite-Terre. Cette situation, survenue en plein mouvement social à EDM, laisse peu de doute quant à l’origine de cet acte malveillant. « J’exclus que ce soit quelqu’un du site présent cette nuit-là qui a procédé à cet acte. Par contre c’est quelqu’un connaissant très bien le site. En clair, il y travaille mais n’était pas de service », note Claude Hartmann.

« Cela ne peut pas être, en aucun cas, un amateur »

Le mouvement social à EDM a débuté le 22 décembre dernier

Pour lui, aucun doute, « c’est quelqu’un qui vient de l’extérieur mais qui connaît parfaitement l’installation pour avoir procédé de cette manière ». Le talon d’Achille de la centrale ne pouvait donc être connu que d’un initié. La coupure d’électricité a, en outre, perturbé l’alimentation en eau le lendemain. Même constat s’agissant des microcoupures ayant secoué le réseau électrique depuis le début du mouvement de grève, « les courts-circuits provoqués ne peuvent être le fait que d’électriciens. C’est pour cela que j’appelle cela du sabotage, cela ne peut pas être, en aucun cas, un amateur ». Pourtant, le jour même, un nouveau round de négociation avec les organisations syndicales avaient conduit à l’entreprise à augmenter de « 10 % en moyenne les évolutions des rémunérations pour 2023 à EDM », tout en prévoyant aussi une prime exceptionnelle « pouvoir d’achat » de 1500 euros en moyenne « sur la paie de janvier 2023 ».

A l’heure actuelle une enquête de gendarmerie est en cours « pour savoir où l’intrusion s’est produite », renseigne le directeur général d’EDM. Il abonde, catégorique, « il faut tout examiner ». En attendant, l’accès au site de la centrale de Longoni a été renforcé « par tous les moyens », note Claude Hartmann, afin de se prémunir contre toute nouvelle intrusion.

Pierre Mouysset

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