Des programmes ont été mis en place sur le plan national pour résorber l’illettrisme, qui touche notamment 9% des jeunes métropolitains. C’est peu de dire qu’il faut passer la surmultipliée à Mayotte où quasiment un jeune sur deux de 16 à 18 ans est dans cette situation (48,5%), c’est à dire qu’il ne sait pas lire, et/ou pas écrire, et/ou pas compter. S’y ajoute la non maitrise des outils informatiques. Ce qui aggrave le très faible niveau de qualification de la population à Mayotte, 71% n’a aucun diplôme qualifiant, un habitant sur trois n’a jamais été scolarisé (Chiffres INSEE).
Face à cela, il a été décidé sur le plan national, de doter chacun des savoirs de base, préalables à toute formation. Un « socle » qui a été défini par le décret du 13 février 2015 comme étant « constitué de l’ensemble des connaissances et des compétences qu’il est utile pour une personne de maitriser afin de favoriser son accès à la formation professionnelle et son insertion professionnelle ». Le certificat CléA est directement issu de ce socle.
A Mayotte, deux organismes sont habilités à délivrer le CléA, le centre Aloalo Mayotte compétences, et ESSENSYS Formation basé à La Réunion.
Ce sont les structures de l’Insertion par l’Activité économique (SIAE) qui prennent en charge ces jeunes et moins jeunes, éloignés de l’emploi car ne possédant pas ou plus les savoirs de base, qui doivent faire monter leur niveau de compétences, comme nous l’explique William Adousso, directeur d’Aloalo Mayotte compétences : « Ces personnes doivent sortir avec une meilleure employabilité, en étant certifié CléA, diplôme de niveau 3, c’est à dire, de niveau 3ème. Donc les SIAE nous demandent de les former en fonction de leurs besoins et de leurs projets ».
Il en reste toujours quelque chose
Elles arrivent d’associations comme Wenka culture, Eurêka, LVD Environnement, deux branches d’Aloalo, ou autres, « dans ces cas là, c’est AKTO qui finance la certification, ou bien », ou elles sont envoyées par l’Agefiph « qui finance la formation de ces personnes en situation de handicap ». Elles sont deux actuellement dans ce cas. Il s’agit d’apporter des connaissances de base à des personnes qui pourront ensuite être employées pour des missions de l’association dont elle dépend, collecte des déchets, secrétariat, etc.
Les 13 personnes présentes au centre de Doujani ont toutes été évaluées individuellement, indique le directeur : « C’est la 4ème fois que nous faisons passer une certification CléA depuis 2018. Nous avons en moyenne 50% de réussite, mais ceux qui sont en échec ont quasiment tous une certification partielle, ils ont emmagasiné des connaissances. »
Celles et ceux qui décrochent le CléA sont employable de suite ou peuvent poursuivre en tentant un parcours de niveau 4 (niveau Bac).
« Pour 2023, notre objectif c’est de proposer 50 parcours CléA », conclut William Adousso.
Anne Perzo-Lafond