« Si le colonel Larabi le veut bien, j’aimerais qu’il me donne un nombre entre 1 et 31 ». Réunis sur la petite esplanade devant le siège de la police municipale, un cercle de jeunes marsouins et de leurs familles écoutent attentivement les propos du maire, Assani Saindou Bamcolo.
« Trente », scande le chef de corps du Régiment du Service Militaire Adapté de Mayotte (RSMA), avant qu’un des encadrants militaires, tout en montrant la voie à suivre pour réaliser la série de pompes, intime l’ordre de se mettre en position. Le maire, le colonel ainsi que l’ensemble des jeunes recrues s’exécutent. Une espièglerie du premier édile de Koungou, un brin nostalgique de son passage au sein de l’institution, symbolise à sa manière la fraternité dans l’épreuve sportive ainsi que la proximité nouée avec le RSMA, au nom de la réussite de la jeunesse de l’île.
« Il y a la volonté de prendre votre vie en main »
Cette ambiance informelle tranche avec l’atmosphère solennelle planant, quelques instants auparavant, sur la place du marché de Koungou. Réunis en ce lieu pour la cérémonie de présentation au drapeau, les volontaires stagiaires ont reçu leurs insignes d’appartenance à la famille du RSMA de Mayotte. « Derrière cette décision de rejoindre le régiment, il y a la volonté de prendre votre vie en main », s’est exprimé le colonel Larabi lors de son discours, soulignant que « c’est à force de petites choses bien faites que l’on finit par en faire de grandes ».
Si le drapeau du régiment, symbole de la République et des valeurs défendues par le France, est vierge de noms de victoires militaires, il n’en est pas exempt pour autant. « Nos victoires sont silencieuses et modestes. Elles seront vos joies, vos fiertés d’avoir réussi par le travail », a prononcé le chef de corps dans son allocution.
« Donner une chance à cette jeunesse »
Cette fierté en devenir était pourtant bel et bien palpable en cette matinée, qu’il s’agisse de la réception de l’insigne du RSMA, arboré sur la poitrine des volontaires, ou encore lors du défilé dans la rue principale. Remerciant les jeunes d’avoir participé à la cérémonie, le premier édile a insisté sur leur rôle futur de bâtisseur de Mayotte, d’autant que parmi les engagés volontaires, une douzaine est originaire de la commune. « La volonté du maire c’est de donner une chance à cette jeunesse », renseigne le directeur du cabinet du premier édile, Abdou Marendada.
C’est dans ce cadre qu’en juillet dernier une convention avec le RSMA et la ville de Koungou a été signée. Il s’agissait alors de faciliter les démarches de candidature et permettre le déploiement de permanences dans les quartiers prioritaires de la commune. Grâce à ces actions, indique le directeur de cabinet, « douze jeunes ont déjà pu intégrer le régiment ». Néanmoins, la municipalité tient à poursuivre ses efforts en travaillant sur d’autres dispositifs, notamment pour l’accompagnement « de la jeunesse en difficulté administrative ». Pour ce faire, « un centre de formation de métropole va déployer une antenne à Koungou », dévoile Abdou Marendada mais ses propos se veulent lapidaires : « la seule chose que je peux dire sur ce dispositif c’est qu’actuellement nous faisons un recensement auprès des jeunes potentiellement concernés ».
Être au plus près de la population pour susciter des vocations
En ce qui concerne les engagés volontaires présentés au drapeau, ils vont désormais intégrer l’une des 21 formations dispensées par le RSMA, à l’instar de la technicienne volontaire Nafouanti qui entend suivre « la filière agent magasinier », ou encore de cet autre jeune engagé volontaire souhaitant s’orienter « dans la formation pour devenir transport routier ». Tous aspirent à trouver un métier. Des réussites en devenir qui gagnent à se faire connaître afin de susciter de nouvelles vocations ; un enjeu pour le RSMA expliquant la volonté du colonel Larabi « d’être au plus proche de la population ». En travaillant de concert avec les mairies pour l’organisation de ces cérémonies, comme en août dernier avec celle de Sada, l’objectif est d’aller au contact des familles. « Durant la période du Covid, il y a eu un creux, les cérémonies se faisaient dans l’intimité du RSMA, mais il y a la volonté d’aller vers les communes », renseigne le chef de corps qui précise vouloir augmenter leurs régularités. La jeunesse de Mayotte est loin d’être dépourvue de rêves.
Pierre Mouysset