Météo France projette l’océan Indien en 2100

Dans 80 ans, il va faire encore plus chaud et plus sec dans notre zone, et beaucoup auront les pieds dans l’eau, selon les données de l’étude Building Resilience in the Indian Ocean.

Alors que la COP27 se tient sur le continent africain à Charm-El-Cheikh du 6 au 18 novembre, les résultats d’une étude climatique menée sur l’océan Indien et publiée par Météo France, veut démontrer que la région en ressent déjà les premiers effets.

Les précédentes prévisions de Météo France pour Mayotte allaient dans le sens d’une saison des pluies plus courte et avec des systèmes dépressionnaires plus intenses. C’est ce que confirme le projet BRIO, pour Building Resilience in the Indian Ocean, qui permet à Météo-France d’évaluer l’impact du réchauffement climatique d’ici 2100 dans le sud-ouest de l’océan Indien : La Réunion, Maurice, Madagascar, Mayotte, les Seychelles et les Comores.

Une étude qui n’est pas encore publique, mais dont les données ont été présentées pour la première fois lors du forum Swiocof (South-West Indian Ocean Climate Outlook Forum) en septembre à Victoria (Seychelles).

Tout d’abord, en regardant dans le rétroviseur, il révèle que le niveau de l’océan Indien s’est élevé en moyenne de 5 millimètres par an sur la période 1993-2017, soit 12 centimètres en tout, rapportent nos confrères du Monde qui relaient l’étude. Un phénomène qui se double à Mayotte de la subsidence (enfoncement) de l’île sous l’effet de la vidange de la chambre magmatique donnant naissance au volcan sous-marin à 50km de là. Pour rappel, l’enfoncement est d’environ 10 centimètres à l’Ouest, et de 20 centimètres à l’Est. Soit une perte de plus de 30 cm sur cette zone lorsqu’on prend en compte l’élévation du niveau de l’océan Indien. Ce qui a amené les autorités à lancer à chaque grande marée des alertes jaunes vagues-submersion comme ces jours-ci. Des travaux de sécurisation du littoral utilisant le fonds Barnier ont été annoncés.

L’océan fait tampon pour les îles

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Malnutrition comme on l’a vu à Madagascar avec la famine en janvier cette année, ou déplacement des populations, le phénomène est en marche. Il y a un an, on découvrait que des habitants de l’archipel de San Blas quittaient leurs îles, le niveau de la mer des Caraïbes s’étant élevé de plus de 25 centimètres, et il y a quelques jours, ce sont d’autres habitants, ceux de l’île Gardi Sugdub toujours aux Caraïbes, qui doivent faire de même.

Les projections émises par BRIO prennent en compte les trois scénarios du Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), pessimiste, intermédiaire et optimiste en fonction des mesures prises par les Etats.

« Dans le pire des scénarios, les températures augmenteront d’ici 2100 de 3 °C à 5 °C dans le sud-ouest de l’océan Indien par rapport à la période 1981-2010. Ce réchauffement sera plus élevé encore sur la côte africaine et dans les terres de Madagascar avec une augmentation de 5 °C à 6 °C. Il est moindre dans les îles, entourées par l’océan qui absorbe mieux la hausse des températures. Dans le scénario optimiste – désormais considéré comme très peu probable vu la tendance actuelle des émissions – le réchauffement se limitera à 1,5 °C en fin de siècle. Et à 2 °C pour le médian ».

Alors qu’une anomalie sèche est annoncée sur le Sud-Ouest de l’océan Indien pour la fin de l’année, comprenant notre territoire, c’est à dire moins de pluies et qui seront plus tardives, on attend de connaître les prévisions spécifiques à Mayotte dans cette projection BRIO sur 2100.

A.P-L.

 

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