Week-end difficile pour les pompiers de Mayotte : le SDIS alerte sur les mises à feu

Ces derniers jours, les sapeurs-pompiers de Mayotte se sont mobilisés pour combattre des dizaines de feux allumés volontairement. Un situation critique et alarmante quant aux spécificités du territoire, face à laquelle le SDIS alerte sur les mises à feu récurrentes bien qu'interdites. 

Ces derniers jours l’adage disant qu’il n’y a pas de fumée sans feu s’est encore illustré à Mayotte. Tout le long du week-end, sur les très nombreux départs de feu volontaires dans le but de brûler des végétaux, les pompiers de Mayotte ont dû faire face à une dizaine de feux ayant échappé à leurs instigateurs.

Une dizaine de départ de feu non contrôlés ces derniers jours @SDIS 976

Comme l’explique le colonel Honor, directeur-adjoint du SDIS Mayotte, ces départs de feux ont spécialement concerné la zone du Sud, les communes de Dembéni, Bandrélé, et M’Boinatsa. C’est sur cette dernière localité que l’incendie a particulièrement posé problème. « Le feu a posé beaucoup de difficultés » reprend le colonel. En raison des difficultés d’accès, les pompiers ont dû se déplacer à pieds, sans pouvoir emmener d’eau avec eux : « C’est impossible d’emmener de l’eau à 2km du camion ». Il aura fallu éteindre le feu par ratissage et piétinement, néanmoins cette méthode pose l’inconvénient de laisser des points chauds par endroits, lesquels peuvent repartir avec le vent. « Et c’est ce qu’il s’est passé ». Le feu a ainsi menacé plusieurs maisons, et des nids électriques. La question de couper les lignes électriques s’est posée, et les hommes du Service départemental d’incendie et de secours ont dû évacuer deux familles, en déployant des moyens pour protéger les maisons.

Les soldats du feu en action @SDIS 976

Toujours selon le directeur adjoint du SDIS, ce genre d’évènement pose grandement problème. « Ce qu’il faut intégrer c’est qu’à Mayotte, contrairement à la métropole où on peut demander des renforts et les recevoir rapidement, on ne peut pas. On a donc eu des moyens de Longoni qui sont allés jusqu’à Kani-kéli ». Sauf qu’une fois les moyens de Longoni déployés dans le Sud, le secteur du Nord est ainsi rendu vulnérable : si un incendie se déclare dans le Nord, il faudra faire venir des moyens d’un autre endroit de l’île. Et la circulation étant ce qu’elle est…

« Ce que les gens doivent comprendre, c’est qu’allumer un feu de végétaux au Sud du département peut entraîner un drame au Nord du département. Il est impératif que les gens comprennent cela », déclare le colonel Honor. Pourtant, les feux sauvages restent une pratique plus que courante dans les habitudes mahoraises, en dépit de la réglementation préfectorale qui les interdit. Mais « quand on allume un feu, on crée un risque. Même si on allume des petites feuilles, elles sont légères, et à la moindre bourrasque de vent, la feuille va s’envoler et créer un départ de feu ».
En dépit des risques, les mauvaises pratiques ont la vie dure. Rien que ce week-end, pas moins de 4 hectares sont partis en fumée. Lorsque que l’on connait les pressions intenses liées à la déforestation, l’information est plus que préoccupante. Et ce, sans évoquer les risques de drames humains, au sein d’un territoire dont la seule géographie suffit à compliquer n’importe quelle intervention des secours. Sans oublier qu’à en croire les prévisions de Météo France, les prochains mois seront plus secs qu’à l’accoutumée, ce qui ne risque en rien de faciliter la problématique.

Mathieu Janvier

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