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Alignement des minimas sociaux : « l’Etat et le conseil départemental en ont les moyens »

Dans une tribune, le Medef Mayotte rappelle sa ligne de crête : converger vers les montants nationaux en terme d’allocations, tout en soutenant les entreprises en contrepartie. Et les mesures d’accompagnement sur le prix du carburant offrent l’occasion de prouver qu’on peut déroger.

Nous l’avions souligné, Mayotte est le département ultramarin le plus épargné par la hausse des prix à la pompe, grâce à l’aide d’Etat, à l’effort du conseil départemental sur les taxes et à Total, qui applique ici la remise de 20 centimes institué sur le plan national, dont les autres DOM sont privés à différents niveaux en raison de la présence d’opérateurs concurrents. L’essence voit son prix chuter de 52 centimes en septembre. « Sur un plein de 50 litres, cela fait économiser 26 euros », soulignait Karine Poisson, la DG de Total Mayotte. Pour le conseil départemental, c’est se priver de 1,2 million d’euros de recettes. Un effort mené sur 3 mois.

Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte, espère voir ces efforts poursuivis par tous les acteurs, « le carburant détaxé prend tout son sens en apportant un soutien vital  aux entreprises se trouvant en grande difficulté économique », relate-t-elle, évoquant les embouteillages monstrueux perturbateurs de productivité, les caillassages des bus scolaires, et son entreprise Carla Baltus transports en sait quelque chose, les barrages routiers, etc.

Karine Poisson, Thierry Suquet et Ben Issa Ousseni lors des annonces des remises carburant

Une juste compensation, semble dire la présidente du Medef, qui demande de trouver un parallèle identique en attendant l’alignement des minimas sociaux. Pour rappel, et pour ceux qui pensent en métropole que Mayotte est française à cause des allocations, le RSA est toujours à 50% ici. Et toutes les prestations sociales sont à l’identique, alors que les impôts sont à 100% voire plus, les portefeuilles de ceux qui ont payé les taxes d’habitation il y a 5 ans s’en souviennent encore.

La présidente du Medef plaide pour un RSA à 100%, « si nous voulons combattre la pauvreté dans notre département », et celle qui dirige aussi des entreprises dans son département de naissance la Guyane, renchérit, « L’État et le Conseil Départemental en ont les moyens, comme en Guyane ».

L’accès aux logements sociaux est compliqué à Mayotte

Accéder au dispositif de BER

Pour aller dans son sens, on peut rajouter que le développement des entreprises, et des programmes d’habitats social et très social passe par une revalorisation des minimas sociaux est indispensable : « Il y a trop de projets immobiliers mort-nés en silence, alors que les habitants de Mayotte ont besoin de logements de qualité salubres à des prix abordables. L’ESH AL’MA saura le démontrer dans un futur proche en construisant 5000 logements sur l’île. »

Relever les minimas, cela implique de relever les cotisations des patrons et des salariés, « les entreprises feront des efforts si le gouvernement les accompagne en conservant le CICE majoré et en mettant en place des exonérations de charges sociales adaptées », une ligne qu’ont toujours défendu les patrons ici. Et pas seulement sur les bas salaires, il en va de « l’attractivité du territoire ».

Sur ce sujet, glissons qu’il serait intéressant que Mayotte bénéficie d’un dispositif reconduit par le projet de loi de Finances 2022, qui permet aux entreprises qui s’implantent dans un Bassin d’Emplois à Redynamiser (BER) jusqu’au 31 décembre 2023 de bénéficier de l’exonération des cotisations patronales d’assurances sociales, d’allocations familiales ainsi que du versement mobilité pendant 5 ans, et dans la limite du produit du nombre d’heures rémunérées par le montant du salaire minimum de croissance majoré de 40 %.

Le Medef met aussi l’accent sur le coût du fret qui doit être subventionné, « car il a triplé en moyenne depuis deux ans. 700€ de remise de fret par conteneur demeure un effet de leurre qui ne se fera aucunement sentir. » Idem, sur la continuité territoriale qui a un coût et qui, « comme en Corse doit être compensée ».

Et rappelle qu’une population qui vit à 77% sous le seuil de pauvreté, « ne pourra survivre face à la hausse exponentielle des prix des produits de base (huiles, poissons, viandes,…)

A.P-L.

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