La « Journée île morte » à Mayotte trouve un écho dans les médias nationaux

L’opération « Journée île morte » de ce jeudi semble avoir eu un écho bien au-delà des frontières du 101e département. Plusieurs médias nationaux n’ont pas manqué de relayer le communiqué de presse de l'Association des Maires de Mayotte, de la FCPE ou encore les récents propos du préfet de Mayotte.

Qu’il s’agisse du Figaro, de Marianne, du Parisien ou encore de 20 Minutes et Clicanoo, ces médias à partir de l’AFP notent que « moins d’un mois après la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, Mayotte a connu ces derniers jours une vague de violences qui a touché l’ensemble de l’île, avec des barrages enflammés, des affrontements entre bandes rivales et avec les forces de l’ordre, ainsi que des caillassages de bus scolaires et de véhicules particuliers ».

Soulignant l’absence de transport en commun afin de pallier la suspension du transport scolaire, Le Parisien, à l’instar de Clicanoo, relaye dans son article la position de la Fédération des conseils de parents d’élèves s’inquiétant de l’impact d’une telle mesure sur les élèves, « estimant que l’intérêt supérieur des enfants ne devait pas être sacrifié ». La plupart de ces médias, toujours avec l’AFP, rapportent également les propos tenus par le préfet de Mayotte concernant, entre autres, que « la pire des choses qui puisse nous arriver jeudi c’est que la totalité des enfants n’aient que comme encadrement les délinquants (…) Une journée de mobilisation pour montrer que Mayotte ne veut pas de l’insécurité, je trouve ça très bien, mais Mayotte qui abandonne ses enfants aux mains des délinquants, attention ».

Depuis la métropole, des analyses parfois hors-sol

Place de la République dans la matinée de ce jeudi 15 septembre

Afin de mettre en évidence le contexte sécuritaire particulier du 101e département, Le Parisien, 20Minutes ou encore Clicanoo reprennent les chiffres d’une étude de l’Insee datant de novembre 2021 faisant état que « près de la moitié des personnes se sentent en insécurité souvent ou de temps en temps, à leur domicile ou leur quartier, soit cinq à six fois plus que les habitants de l’Hexagone ».

Pour sa part Elise Palomares, socio-anthropologue et maître de conférences à l’Université de Rouen, invitée sur France Culture est allée de son argumentaire analytique pour tenter d’expliquer la situation à Mayotte avant de s’interroger : « est-ce que l’égalité, la vie normale, le statut de citoyen à part entière, peut-il être atteint en demandant à l’État de brutaliser les délinquants, de les enfermer, d’expulser toujours plus de citoyens en situation irrégulière et irrégularisés par la législation qui elle-même change, de déscolariser, détruire des quartiers, de remettre en cause le droit du sol, de militariser la frontière avec les îles voisines. Est-ce que c’est ça qui va permettre d’en sortir? ». Une vision qui semble assez déconnectée de la réalité vécue par les habitants du 101e département dont les problématiques, depuis la métropole, sont bien souvent cantonnées à des analyses hors sol.

Pierre Mouysset

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