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Constructions scolaires : les maires se font de nouveau tirer l’oreille

Ce n’est pas une nouveauté, et un ancien vice-recteur l’avait énoncé avec moins de doigté il y a dix ans : les constructions scolaires dans le 1er degré ne parviennent pas à suivre le rythme des naissances. Le syndicat du 1er degré FSU-SNUipp demande de nouveau la nationalisation temporaire des programmes de construction et de rénovation.

Rivomalala Rakotondravelo, le leader du SNUIpp, avait porté l’affaire jusque devant le président Hollande qui n’avait pu tenir sa promesse de faire sortir 500 salles de classe par an pour les maternelles et les écoles élémentaires.

C’est une compétence du maire que de fournir assez d’écoles dans le premier degré pour intégrer les enfants de sa commune. Une structure avait été créée pour booster ces construction, le SMIAM, qui avait été dévoyé, les maires avaient du se mettre à l’ouvrage. Mais à reculons, et s’abritant derrière un manque de foncier. Il faut dire que la croissance continue des naissances est fortement impactées par des arrivées en provenance d’Anjouan, puisque les trois quarts des mères sont nées à l’étranger et elles ont un taux de fécondité deux fois supérieur aux mères natives de Mayotte, selon l’INSEE.

Pour autant, sans construction de salles de classe supplémentaire, ce sont tous les enfants de l’île qui sont condamnés à subir un enseignement en rotation, deux classes se partageant une salle au cours de la journée. Avec des horaires chargés donc, ce qui nuit à la qualité de l’enseignement et incite le SNUipp à monter au créneau dans un communiqué.

Si globalement la rentrée 2022 s’est bien passée, en dehors de quelques incidents isolés – une gageure sur un territoire compliqué – le rapport entre les élèves scolarisés et le nombre de classe augmente. Avec 3000 élèves en plus dans le primaire, et les quelques constructions, rénovations et solutions alternatives, il manque toujours 800 classes tel qu’évalué par le recteur. Selon le syndicat, il n’y en aurait eu que 15 de construites.

La qualité de scolarisation des petits conditionne leur réussite ultérieure

Faire à la place des maires plutôt que de faire avec ?

Après la détermination affichée ces trois dernières années, on retombe dans un rythme ralenti de construction. Sur les 50 millions d’euros programmés annuellement pour les constructions scolaires du premier degré, tout n’est pas consommé. L’ancienne secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire avait évoqué« sur la période 2014-2018, un taux de réalisation des constructions de salles de classe de 23 % » à Mayotte.

Pourtant, le manque d’ingénierie a été comblé par la création d’une cellule de construction des salles de classe, avec appui de l’AFD et des compétences de la DEAL. Répondant à une logique de ne pas déposséder les maires tout en offrant un appui de l’Etat, là où le leader du SNUipp, Rivomalala Rakotondravelo préconise une « nationalisation temporaire de la construction des écoles ».

On devine donc que le bilan de l’utilisation de la dotation spéciale de constructions scolaires qui est demandé au préfet ne sera pas glorieux, creusant l’écart avec ce qui était prévu au plan pluriannuel établi par le préfet Sorain avec les maires.

Un retard qui va croissant et qui ne peut qu’impacter la scolarisation des tout petit, dès 3 ans, et la mise en place des réformes pourtant initiées et développées par Gilles Halbout, telle que la différenciation pédagogique, les animations périscolaires, ou le dédoublement des classes de CP/CE1. Ce qui impacte donc sur « la qualité de l’enseignement », souligne Rivo, et donc sur les résultats scolaires.

Le secrétaire départemental compte faire part de ces problématiques et d’autres revendications au ministre de l’Education nationale qui doit se rendre à Mayotte dans le courant du mois de septembre.

Anne Perzo-Lafond

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