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jeudi 28 mars 2024
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Insécurité et incivilités nuisent à la collecte des déchets

Entre dégradations des bacs de collecte et incivilités lors des manzarakas, la collecte des déchets à Mayotte s’apparente à résoudre la quadrature du cercle. Le président du SIDEVAM 976, Houssamoudine Abdallah, ainsi que son DGS Chanoor Cassam dressent un état des lieux des conséquences de tels agissements tout en abordant les nouveautés qui seront bientôt proposées aux habitants de l’île.

« Placées au premier rang des priorités du nouveau quinquennat, les problématiques environnementales revêtent en outre-mer une acuité particulière. Décharges sauvages, pollution des littoraux, tri sélectif insuffisant y témoignent d’une situation préoccupante ». Ces propos tenus en mai dernier, par le président de la Délégation sénatoriale aux outre-mer, Stéphane Artano (Rassemblement Démocratique et Social Européen) sont sans équivoque concernant la problématique que revêt la collecte des déchets dans les territoires ultra-marins.

Les bacs de collecte première victime des dégradations

Et ces difficultés sont parfois décuplées quand les incivilités viennent perturber, en profondeur, les moyens déployés par les territoires. « Toutes les difficultés d’insécurité à Mayotte ont des conséquences néfastes aux niveaux de la collecte des déchets », soupire le président du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (SIDEVAM 976), Houssamoudine Abdallah.

En l’absence de matériel de collecte, les déchets se multiplient plus aisément, image d’illustration

Le phénomène de dégradation des bacs de collecte semble emblématique des problématiques rencontrées par le syndicat. Dans la nuit du 10 au 11 août, en Petite-Terre, le SIDEVAM a enregistré une perte de 20 bacs collectifs, tous brûlés. « Un bac subventionné coûte 150 euros », informe Chanoor Cassam, Directeur Général des Services (DGS) du SIDEVAM 976. Une perte qui se chiffre donc à 3000 euros. Plus récemment encore, des bacs ont été dégradés à Kaweni lors des échauffourées du 17 août dernier. Mais d’autres incivilités, moins spectaculaires mais tout aussi préoccupantes, nuisent également à l’efficacité de la collecte des déchets.

Les manzarakas et leurs lots de gravats et autres encombrants

« Un tiers de la flotte de nos trente camions, soit une dizaine, est à l’arrêt », informe le président. En cause ? La saison des manzarakas et son lot de déchets en tout genre. « On a plusieurs types de déchets, tout est mélangé », abonde le DGS. Les gravats des travaux côtoient les encombrants dans les bacs de collecte. Or, les camions actuels du syndicat ne sont pas adaptés pour recevoir ces types de déchets.

Résultats, les pannes se multiplient d’autant que cette année il y a eu une « forte surcharge des moyens de collecte, deux fois plus par rapport à l’année dernière », renseigne le président. Il poursuit : « le moindre surcoût est supporté par la collectivité et donc par les mahorais ». Et des surcoûts, il y en a eu dans la mesure où des camions ont été loués pour faire face à l’immobilisation d’une partie de la flotte du SIDEVAM. Une situation « doublement impactante pour les mahorais et les mahoraises » avec une collecte perturbée et un effort financier supplémentaire à consentir pour pallier les dégradations du matériel. « Le SIDEVAM est financé par les impôts et les intercommunalités c’est-à-dire que le budget est 100 % mahorais », rappelle Houssamoudine Abdallah.

Renforcer la collecte des encombrants

Pour faire face à la multiplication des gravats et encombrants, le SIDEVAM a investi dans l’acquisition de « quatre camions » afin d’appuyer la collecte des camions bennes classiques. « Pour l’instant il n’y avait qu’un seul camion de ce type qui tournait dans toutes les intercommunalités mais d’ici la fin du mois d’août un camion de ce nouveau genre sera présent dans chacune d’elles afin de réaliser des tournées pour récupérer les encombrants, la ferraille, les déchets ménagers etc. », se félicite le président. Par ailleurs, renseigne le DGS, « la mise en place d’un service en temps réel pour faciliter la collecte de ces types de déchets directement chez les particuliers » est prévue. Un moyen de lutter contre les dépôts sauvages.

Le tri sélectif reste à développer sur l’île

L’absence de valorisation des déchets pèse sur le porte monnaie du contribuable

En outre, « une étude d’accompagnement sur l’ensemble des points de collecte à Mayotte » est en cours « en partenariat avec les municipalités ». Cette démarche entend permettre de savoir « dans quel quartier placer les bacs de tri en s’adaptant aux dépôts de déchets », informe le DGS. Actuellement, « près de mille points ont été identifiés qu’il s’agisse de points enterrés, semi enterrés ou des dalles de dépôt », abonde le président.

Un investissement qui permettra de renforcer le tri sur l’île puisque « on le rappelle, un territoire à fort taux de tri est un territoire où le système de ramassage coûte moins cher dans la mesure où l’enfouissement des déchets représente un certain coût alors que les déchets triés sont envoyés dans des filières de revalorisation ». Néanmoins, la pyramide des âges à Mayotte n’est pas sans conséquences sur l’efficacité de ce tri dans la mesure où « six mille tonnes de couches par an finissent en enfouissement », reconnaît le président du syndicat qui affirme « qu’on réfléchit à des solutions de revalorisation ».

Pierre Mouysset

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