Opération de sensibilisation du Parc marin, les jeunes en première ligne face à la pollution

La plage de Mliha sur la commune de M’Tsangamouji a accueilli ce mardi la 9e édition de l'opération « Premières bulles au pays du corail ». Organisé par le Parc naturel marin, cet événement a rassemblé une centaine d’enfants provenant d’Acoua, Mtsamboro et M’Tsangamouji. En partenariat avec les associations environnementales de l’île, l’objectif était de les sensibiliser à la nécessité de préserver la faune et la flore du lagon.

Une image vaut parfois mille mots. C’est le sentiment qui émane au regard du cadavre d’une murène ayant ingurgité un morceau de sandale en plastique. « Nous l’avons trouvé ce matin sur la plage en arrivant. Voilà l’impact en temps réel de la pollution », constate Christophe Fontfreyde, directeur délégué du Parc naturel marin de Mayotte. Pour la centaine d’enfants, âgés de 12 à 18 ans, présents à l’opération « Premières bulles au pays du corail », les conséquences environnementales des activités humaines ne pouvaient pas être plus perceptibles. « Nous leur avons expliqué le lien entre la présence de ce morceau de plastique dans les boyaux de l’animal et sa mort », poursuit le directeur délégué avant d’ajouter « c’est un exemple du continuum terre mer ».

De nombreux ateliers et activités ont été proposés tout au long de la journée

Mieux connaître pour mieux comprendre et protéger

Pour susciter la prise de conscience des conséquences des activités humaines sur l’environnement marin, Christophe Fontfreyde détaille la stratégie mise en place dans le cadre de cette journée de sensibilisation : « le premier boulot c’est de leur montrer la beauté du lagon avec la possibilité de faire un baptême de plongée et ensuite leur montrer que les activités sur terre ont un impact sur lui.». Afin d’accompagner cette prise de conscience, des ateliers sur les oiseaux marins, les tortues marines, la gestion des déchets, la mangrove, le corail ont été proposés en partenariat avec les associations environnementales telles que Mayotte Nature Environnement, GEPOMAY ou encore Oulanga Na Nyamba. « Les jeunes sont très demandeurs, plein de curiosité. Il y a une grande implication de leur part », témoigne David Lorieux, membre du Parc naturel marin.

La jeunesse en tant qu’ambassadeur de l’environnement

Une maquette pour mieux appréhender les conséquences de l’érosion

Il n’est pas question de sombrer dans un discours misérabiliste met en garde le directeur délégué. Bien au contraire, « s’il y a bel et bien des formes de pressions liées aux activités humaines, c’est encore jouable de sauver le lagon si on fait prendre conscience aux plus jeunes de la nécessité de le protéger ». Une vision partagée de concert avec Abdou Dahalani, président du Parc naturel marin. Il ne manque pas de rappeler l’une des vocations de ce dernier, « éduquer ». « On ne peut protéger que si on a la connaissance des conséquences de nos actions », souligne-t-il. Alors, pour répercuter au mieux les informations et les discours de sensibilisation, les jeunes sont un public de premier choix. « Les enfants sont des ambassadeurs, ils les relais auprès des parents et ils sont des acteurs à part entière de la sensibilisation », se réjouit le président.

Favoriser un consensus sociétal sur les enjeux de préservation

Sensibilisation au tri des déchets

Afin de toucher le plus large public possible, l’opération « Premières bulles au pays du corail » est itinérante d’année en année. Si la crise sanitaire a freiné les démarches du Parc naturel marin lors des années précédentes, Abdou Dahalani fait savoir que cette opération s’est déjà déroulée « en Petite-Terre, Tahiti plage lors d’éditions précédentes ». Il poursuit, « nous travaillons avec les mairies qui sont demandeuses. Ce sont elles qui sélectionnent les enfants ».

Ces partenariats nourrissent le consensus de la société autour des enjeux de préservation du lagon. Comme le rappelle le président, « l’idée n’est pas d’interdire les activités humaines mais d’utiliser au mieux l’espace pour que la faune et la flore puissent se régénérer ». Sur ce point Christophe Fontfreyde abonde, « quand on en arrive au stade de faire la police en sanctionnant, c’est un échec car nous sommes avant tout dans la sensibilisation ». Une sensibilisation indispensable afin que la murène ne devienne pas, malgré elle, une allégorie du 101e département.

Pierre Mouysset

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