A pied, à cheval (moins souvent), en voiture, en bus, en avion, en trottinette… La mobilité recouvre tous les modes de transports qui permettent de se rendre d’un point à un autre. Mais on parle là de mobilité durable, tournée vers l’avenir, qui a son salon, l’European mobility expo, du 7 au 9 juin 2022 à Paris, Porte de Versailles. Il réunissait 250 exposants, français et internationaux.
Organisé par le Groupement des autorités responsables de transport (Gart), l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) et le GIE Objectif transport public, le salon, qui est labellisé Présidence française de l’Union européenne, fait une large place aux innovations du secteur, nouveaux véhicules électriques ou fonctionnant à l’hydrogène ou au biogaz, applications MaaS (mobilité servicielle), solutions de maintenance, de billettique ou d’information voyageur, exploitation de l’intelligence artificielle et de la big data, mobilités actives…
A cette occasion est organisé un concours, les Talents européen de la mobilité, qui récompensent les femmes et les hommes qui œuvrent pour le transport public et la mobilité durable en Europe. Il se tient tous les deux ans, avec une formule digitale lors de la crise sanitaire de 2020.
Un conducteur de projet pour Caribus
Le jury est composé de journalistes européens spécialisés dans le secteur de la mobilité. Ils remettent plusieurs prix pour chaque catégorie : Meilleur jeune talent, Meilleur responsable de projet, Meilleur manager, Prix spécial pour l’ensemble de la carrière, Prix des internautes.
Et celui que nous avons étiqueté « monsieur Transport » de Mayotte, Mohamed Hamissi, a été élu meilleur responsable de projet pour Caribus, qu’il a monté contre vents et tempêtes depuis 2010. Et alors que Mayotte reste le seul département de France à ne pas bénéficier d’un transport en commun public terrestre.
« Ce prix est remis à un acteur qui a permis de manière particulièrement brillante, la création, le montage et la réalisation d’un projet. Cela comprend le leadership, la bonne gestion, et l’animation de l’équipe », nous rapport Laetitia Castioni, Chargée de communication du GIE Objectif transport public. Ils étaient 30 à concourir, dont 9 dans sa catégorie.
Savoir rester sur le ring
C’est assez plaisant de mettre en avant ce prix, sur un territoire, Mayotte, régulièrement pointé du doigt pour sa difficulté à mener des grands projets… Si cela le rend d’autant plus méritant, on comprend à l’entendre, que l’habit de responsable de projet n’est pas facile à porter à Mayotte : « Je suis très ému, et plein de reconnaissance envers les membres du jury et les organisateurs de l’événement, mais comme vous le soulignez, ce fut très compliqué de mener Caribus à son terme. Pour un mahorais qui veut œuvrer sur un tel projet au sein d’une collectivité territorial, c’est accepter de prendre des coups, des critiques virulentes, mais c’est une question de conviction, de dévouement pour la population de Mayotte. »
Dix années de portage, « j’ai commencé en 2010 avec la première étude de faisabilité, jusqu’à la notification du projet ». Dix ans compliqués, faits d’attaques et de tentatives de déstabilisation, nous en avons été témoins, pour avoir suivi l’ingénieur depuis le lancement du projet, « il faut être meneur, accepter de prendre des coups et d’y consacrer du temps. Certaines attaques m’ont touché quand même. Il faut arrêter de voir en nous des jeunes qui en font trop ! Et d’autre part, quand on a devant soi des acteurs aux objectifs contradictoires, on ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Mais c’est la preuve que quand on nous laisse travailler, on y arrive. » La 1ère pierre a été posée il y a quelques semaines.
C’est donc un homme heureux que nous avons interviewé au téléphone entre deux métros parisiens ce jeudi, « c’est une fierté personnelle, mais aussi, j’ai ressenti une fierté pour Mayotte lors de cette cérémonie. Au micro, j’ai dit que l’important, c’est d’avoir la confiance de ceux qui nous dirigent, sinon c’est déstabilisant. » Bien vu de la part de la Communauté de communes de Petite Terre d’avoir recruté ce bosseur, il y exerce ses talents comme Directeur Environnement, PCAET, Transport et Mobilité.
Caribus et Mohamed Hamissi, c’est une longue histoire, « Caribus, c’est une vision pour le territoire avant tout », résume-t-il.
Anne Perzo-Lafond