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samedi 27 avril 2024
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« 50% d’inflation », la grande distribution réunie autour du président Ben Issa Ousseni pour enrayer l’hécatombe

"Chaos", "pénuries", l'inflation fait rage à Mayotte où le président du Département a réuni les principaux acteurs de la grande distribution, de Sodifram à Bourbon distribution en passant par Ballou. Tous constatent une chaîne de causes qui dépasse de loin les frontières de l'île, ou la seule guerre en Ukraine. Pour éviter les pénuries et freiner l'explosion des prix de l'alimentaire, du BTP et de l'énergie, le Département va créer une cellule de travail où Etat, port et distributeurs devront "jouer le jeu".

« On ne s’organise pas, on subit » lâche Nassrudine Mlanao, directeur de Sodifram au président du CD Ben Issa Ousseni. « On ne subit même pas, on ne gère plus rien » renchérit Safdar Ballou, gérant de l’entreprise d’équipement.

Réunis autour de cadres du Conseil départemental pour trouver des solutions à la crise d’approvisionnement qui s’annonce à Mayotte et fait craindre des pénuries sur les produits de première nécessité, de l’alimentaire aux matériaux de construction, la première posture des distributeurs est assez claire : l’effort ne pourra pas venir de ceux qui subissent la crise de plein fouet. Cette première rencontre était donc moins celle des solutions que de l’écoute.

A la clé, quelques constats d’abord, peu rassurants. « Les difficultés ont commencé bien avant la crise en Ukraine -avec la crise sanitaire NDLR- et se sont accentuées en mai 2021 » assure le patron de Sodifram. Parmi les difficultés principales, « les compagnies maritimes qui ont changé de routes commerciales pour la desserte de Mayotte ». Résultat, « des problèmes de transbordement, certains produits restent stationnés dans des ports pendant plusieurs mois », comme le riz. Le représentant de Bourbon Distribution, Marc Berlioz, assure que ce sont 3 mois de commandes de riz qui vont être livrés en 10 jours à peine, témoignant d’un manque de régularité dans les approvisionnements. « Ça provoque des ruptures mais pas de pénurie » tient-il à rassurer néanmoins. En revanche, les coûts explosent. « Certains trajets sont passés de 2000€ à 10 000€ par conteneur » affirme l’entrepreneur. Résultat, alors que « la viande a déjà pris 27% en un an », le gros des hausses de prix liées à la guerre en Ukraine devrait se ressentir d’ici le mois d’août, notamment sur les pâtes, l’huile et la farine.

Flambée du BTP

Le BTP est inquiet lui aussi. Avec la hausse des prix des carburants, la tonne de béton coûterait 600€ à Mamoudzou, 650€ à Passamaïnty et 1000€ à Chirongui. « Mayotte ne va pas se construire comme ça, une tonne de sable de Majicavo à Chirongui coûte le prix d’un billet pour La Réunion » déplore un intervenant.

Quant à l’acier, il serait passé selon le patron de Ballou de 700 dollars la tonne à plus de 1000 dollars sur le seul mois de février. Le ciment lui, aurait pris 20€ la tonne, passant de 160 à 180€. « Et on ne sait même pas dire quand le prochain bateau va arriver, il faut alerter l’Etat » plaide Safdar Ballou. « On parle d’une inflation de 5 à 7% en France, mais ici on est entre 40% et 50%, des produits ont pris 50% sans changer la marge de l’importateur » explique-t-il.

Avec une autre conséquence dramatique, les retards se répercutent sur les consommateurs, mais aussi sur les rayons, puisque des produits alimentaires, qui font le tour du monde avant de trouver un bateau pour Longoni, y arrivent parfois périmés. « On ne prend plus la peine de dédouaner puisque c’est périmé » déplore le gérant de Sodifram.

Le Département et la CCI réunissaient les acteurs de la grande distribution

Le port, c’est un autre point ciblé par tous les intervenants, qui déplorent les coûts et délais de déchargement et de récupération des conteneurs, selon eux délibérément rallongés pour gonfler la note de gardiennage des importations. « Ce que la délégataire conteste fermement », rappelle le président Ben Issa.

Face à cette multitude de difficultés qui rend la vie de plus en plus difficile pour les habitants, des pistes de réflexion ont tout de même été évoquées. « L’octroi de mer est le premier levier que nous avons, ainsi que les tarifs portuaires » soulève le président du Département, qui insiste pour que « tout le monde joue le jeu, car parfois des baisses sont faites mais ne sont pas visibles pour le consommateur » accuse-t-il, citant notamment les baisses d’octroi de mer sur les matériaux de  construction en 2014 ou sur l’électroménager. Et de rappeler que « jouer là dessus, c’est aussi un manque à gagner pour les communes » prévient-il.

Moins dépendre de l’import

« Nous traversons une période exceptionnelle » rebondit Sofiata Souffou, commerçante à Tsimkoura. « Jour après jours les difficultés se multiplient, les outils à utiliser, ce sont les coopératives, que ce soit de pêche, de commerce, si on partage les difficultés, ça les réduit » recommande-t-elle.

Pour Mohamed Ali Hamid, président de la CCI Mayotte, une piste est de tendre à l’autosuffisante alimentaire. Alors que plus de 9 produits sur 10 sont importés, il préconise de développer l’agriculture, et de se « retourner vers la mer », une source de revenus sont les Mahorais se seraient selon lui détournés.

Mais parce que tous les problèmes ne viennent pas que de Mayotte, les solutions doivent aussi se trouver au delà. Avec du lobbying, une pression de l’Etat auprès des transporteurs maritimes ou des ports, entre autres pistes évoquées.

le président Ben Issa annonce la création d’un « groupe de travail » qui réunira de nouveau les commerçants mais aussi l’Etat et le port pour trouver des solutions conjointes

Pour y parvenir, le président Ben Issa annonce la création d’un « groupe de travail » qui réunira de nouveau les commerçants mais aussi l’Etat et le port pour trouver des solutions conjointes. Sans quoi, prédisent les patrons présents ce jeudi, « ce sera le chaos, et il se passera la même chose qu’en Guadeloupe » où des émeutes ont récemment paralysé l’île antillaise. Tout juste quatre ans après la crise de 2018, ni l’Etat, ni le monde économique, ne voudront prendre le risque d’une évolution en ce sens.

Y.D.

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