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jeudi 16 janvier 2025

Agressions entre Kawéni et Koungou : force ne doit plus rester à la rue

D’un côté des chauffeurs de bus à qui on demande à 20h de rajouter plus d’une heure de trajet, d’autre part un gestionnaire de transport scolaire qui demande une sécurisation des trajets… Quelle volonté pour ne pas repartir de zéro ?

Les évènements de la veille sont difficiles à digérer pour les chauffeurs de bus qui assuraient le transport des élèves vers Koungou ce jeudi soir. Ils ont décidé d’exercer leur droit de retrait ce vendredi. Cela rappelle de bien mauvais souvenirs, la grève de 2018 ayant débuté par un mouvement des transporteurs scolaires, qui avaient obtenu des garanties d’accompagnement. Beaucoup ont été mises en place, mais reste la sécurisation des trajets en cas de difficultés.

Ce fut le cas ce jeudi soir, comme nous le rapporte Kamal Attoumani, délégué CFDT chez Matis. « J’ai ramassé comme d’habitude les élèves au lycée de Kahani à 17h30, pour les acheminer à Majikavo et Koungou. Arrivés à Tsoundzou, on nous informe d’un problème, mais la société Transdev (gestionnaire du marche, ndlr) nous assure qu’une escorte va nous être affectée. Nous étions trois bus, et peu avant 20h, on nous dit de faire demi-tour et de passer par Vahibé et Dzoumogne, pour rejoindre Koungou par le Nord. » Jugeant qu’il est déjà tard, les chauffeurs prennent l’initiative de passer par Kawéni, « la police nationale était stationnée au niveau de Disma, mais à Majikavo, nous avons dû forcer deux barrages montés par des jeunes. J’avais 20 élèves, et les autres, 30 à 40 dans leur bus. »

Une initiative dont les conséquences auraient pu être graves, mais qui reflètent son quotidien, assure-t-il : « Le jour même à 14h45, je me faisais caillasser à Mtsamboro. Normalement, nous n’exerçons pas un métier à risque. Il faut assurer notre sécurité, cela fait longtemps qu’on le demande. » Des médiateurs et des PEC auraient également été retirés du circuit de ramassage scolaire. Les chauffeurs du transporteur Narendre Mbeli ont donc décidé d’opérer un droit de retrait, « nous verrons s’il est prolongé en fonction des réponses obtenues ». Une quinzaine de bus du circuit de ramassage scolaire était donc immobilisée ce vendredi*.

Redonner confiance aux transporteurs scolaires

Des « actes de vandalisme forts »

Le directeur de Transdev, Frédéric Delouye, le dit tout de go, « la situation est difficile ». Et parle « d’actes de vandalisme forts », et de « zone de Kawéni impraticable ce jeudi soir » : « Nous avons stoppé les véhicules en attendant que la zone soit sécurisée par les forces de l’ordre, mais elles étaient occupées par ailleurs, il n’y avait pas que Kawéni comme soucis. Nous avons donc proposé un autre itinéraire par le Nord, mais les chauffeurs ont pris l’initiative de passer quand même. » Une rencontre est prévue avec le transporteur, « et un travail avec les forces de l’ordre pour sécuriser le tronçon ».

Deux réponses à apporter à la suite de ces évènements. Une fois encore, le déficit en forces de l’ordre est soulignée par les parties, que ce soit en zone gendarmerie où les militaires nous expliquent ne pas pouvoir être partout, ou en zone police comme le rapportent ces deux témoignages. Nous avions appris en effet que les 70 renforts de gendarmes, ont quitté l’île. Des effectifs massifs et durables sont attendus. Ainsi qu’en médiateurs.

Autre point non tranché, lorsque surviennent des tensions dans un quartier avec des caillassages à la clé, ce qui semble pour l’instant irrévocable, une méthodologie doit être mise en place, en sécurisation massive de la zone et une communication vers les usagers. L’enjeu est le plus souvent plus important que l’arrivée d’une épidémie ou qu’une coupure d’eau, surtout en cas d’agression à la machette, et pourtant, la prise en compte et la communication sont bien moindre au niveau des pouvoirs publics. Les précieux groupes WhatsApp des quartiers renseignent, mais ne sont pas à l’abri d’informations en décalage avec la réalité, parfois puisées dans la surabondance de déclarations farfelues sur les réseaux sociaux.

Le président du Tribunal Judiciaire lui-même postait un message sur les réseaux sociaux, soulignant qu’il se préparait « à une nuit d’angoisse », « tant que toutes mes troupes n’ont pas été exfiltrées ».

A l’heure où on parle de plan Marshall, ces deux préalables seraient déjà un grand pas.

Anne Perzo-Lafond

*Le Réseau Halo informe qu’en raison des dégâts occasionnés suite aux nombreux caillassages des véhicules du réseau Halo, dans la zone Kawéni jusqu’au carrefour de Dzoumogné, le service ne pourra être assuré dans cette zone ce samedi 11 juin 2022.
Le retour à un fonctionnement habituel devrait être effectif à compter du lundi 13 juin 2022. Pour plus de renseignements, nous invitons l’ensemble de nos usagers à :
– Contacter Transdev Mayotte au 0269 666 360
– Rester connecté aux alertes infos via « www.halo.yt ».
– Suivre les évolutions sur la page facebook «Halo’ Mayotte

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