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Mamoudzou

Pénurie de logements, « chacun doit se bouger et faire son job ! »

Le directeur général de Soliha, venu de Paris pour se rendre compte de la réalité du logement à Mayotte, ne mâchait pas ses mots ce lundi en mairie de Mamoudzou. A Majicavo, La Vigie et Boboka, il a vu "la misère", une population "handicapée" et des enfants "sans perspective". "Il y a urgence à Mayotte" a-t-il plaidé alors qu'élus et acteurs locaux rappelaient la problématique du foncier.

« Développer une politique plus adaptée à l’outre-mer », tel est l’objectif affiché par Michel Pelenc, directeur général de Soliha, qui œuvre à construire des solutions de relogement, notamment à Majicavo Dubai. « Quand on est là, on comprend mieux ce qu’il se passe et ce qu’il faut faire que depuis Paris » a-t-il plaidé ce lundi, après avoir visité ce week-end les projets de résorption de l’habitat insalubre de Majicavo, Labattoir et Boboka à Mamoudzou. Pour lui le constat est alarmant. Face à une sorte de constat d’impuissance des acteurs locaux, confrontés au mur du foncier, il rappelle la base. « Vous avez une urgence ici a Mayotte. On ne peut pas avoir des gens qui vivent dans des conditions misérables et des gamins qui n’ont pas de perspectives, des personnes handicapées, de la misère. Chacun doit se bouger pour faire son job ! » s’est-il exclamé.

Autour de la table, élus et représentants de différentes administrations y allaient de leurs chiffres chocs. 70% de la population sous le seuil de pauvreté. Un chômage 3,5 fois plus fort qu’en métropole. Des loyers élevés qui tournent autour de 9,32€ le m² en moyenne, et 92% des demandeurs d’un logement social qui sont en fait éligibles par leurs faibles revenus à des logements très sociaux… quasiment inexistants.

Le foncier, bête noire des acteurs du territoire

« Le produit logement devra être mis en adéquation avec ces constats », a concédé Michel Pelenc. « Il faut que les coûts de sortie soient en phase avec les contributions possibles des ménages ». Les logements subventionnés comme ceux de Dubaï qui reviennent à 50 à 100€ par mois aux foyers les plus précaires restent marginaux, même si « ça fonctionne » assure-t-il. Sans doute en faudrait-il bien plus, mais où ? Comment ? Et pour qui ? Et quid de la rénovation de l’existant, « qui souffre » du climat tropical a-t-il pu constater.

Et le directeur de rappeler qu’il existe des outils, des subventions, des dispositifs comme la ligne budgétaire unique ou les crédits d’impôts. Mais avec un parc immobilier qui compte pas moins de « 14000 logements en dur construits sans droit ni titre, cela bloque des subventions publiques  » s’exclame un des participants à la réunion de ce lundi.

« Les politiques sont au service des citoyens, pas au service des règlements »

La propriété foncière, un « problème de base » pour ces acteurs, pour qui bien souvent la législation semble inadaptée à l’ampleur des besoins mahorais

« En 6 ans de procédure on n’a pas avancé sur le terrain Boboka car on arrivait pas a identifier les propriétaires. 6 ans pour rien » soufflait Mohamed Moindjie, ancien adjoint au maire de Mamoudzou. « C’est très compliqué quand on sait que les besoins sont partout. L’argent est la, mais la réalité mahoraise est singulière. L’eau circule mais les tuyaux ne sont pas branchés. Il y a des dispositifs de droit commun mais ici le droit commun a un problème. On ne va pas changer Mayotte. Donc cette réalité il faut la mettre sur la table. J’ai lu dans le JDM ce matin que nous battons les records en termes de chômage, raisonnez sans tenir compte de cette singularité et nous allons droit au mur ».
Le visiteur ne mâchait pas ses mots

Le mur, encore faut-il qu’il sorte de terre. Entre 2016 et 2019, à peine 50 logements sociaux ont été bâtis chaque année. Sur les presque 74 000 logements qui compte l’île, seuls 2000 sont des logements sociaux, pour la plupart sur-occupés.

Alors, des règles trop strictes sont-elles inadaptées aux besoins « urgents » de Mayotte en termes de logement ? Charge aux élus d’être inventifs pour le directeur de SOliha. « Les politiques sont au service des citoyens, pas au service des règlements » concluait-il, dans une dernière punchline bien sentie, comme un appel du pied à l’innovation. Sur un territoire qui, ça tombe bien, s’y prête plutôt bien.
Y.D.

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