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A domicile ou en Ehpad ? Le vieillissement à Mayotte au coeur des enjeux de demain

Emergence d'une classe moyenne, allongement de l'espérance de vie, le "grand âge" représenterait 6% de la population mahoraise. Les questions liées à la dépendance ont incité le Département et l'ARS à mener une réflexion sur la prise en charge des aînés. Mlezi Maore a en retour dépêché une mission pour étudier les pistes de demain.

Aucun doute, la jeunesse est la grande priorité du territoire mahorais, avec près de la moitié de la population qui est mineure. Pour autant, les aînés sont, eux aussi, de plus en plus nombreux. Avec l’augmentation du niveau de vie et la montée d’une classe moyenne, la durée de vie des Mahorais s’allonge, et la question du vieillissement se pose, et le mode « Ehpad », vilipendé ces derniers mois, est de nouveau sur la table. Ou en tout cas dans les tiroirs.

Après la jeunesse et le handicap, Mlezi Maore souhaite s’investir dans le « grand âge »

« Aujourd’hui le projet d’Ehpad n’est pas sorti, explique Maryse Duval, directrice générale du groupe SOS en charge des Senions. « C’est une vision du département et de l’ARS compte tenu du travail des femmes et de l’augmentation du niveau de vie et de l’espérance de vie, mais aussi du fait que de plus en plus d’actifs partent travailler en métropole et qu’il ne reste plus personne pour les aînés. On commence à trouver des personnes âgées isolées. Il y a aussi des personnes venant des Comores, sans papiers et qui présentent des problèmes liés au vieillissement. On sait qu’à terme c’est la structure médicalisée de vie qui sera la solution » estime cette cadre supérieure de la maison-mère de Mlezi Maore.

Son collègue Maxime Zennou, directeur général du pôle jeunesse, assure que « les autorités ont conscience des évolutions sociologiques du territoire, et le vieillissement de la population en fait partie, c’est bien qu’il y ait cette anticipation des évolutions à venir ». Selon lui, la solution ne peut pas venir d’un modèle préexistant, et devra être construite et adaptée en fonction des besoins exprimés par la population.

« Il ne faut pas une réponse unique, mais une pluralité de réponses, en tenant compte des personnes qui veulent rester chez elles avec tout un ensemble de services, et au moment où ce n’est plus possible, avoir des structures comme les unités de vie ou le modèle de type Ehpad. Il ne faut pas non plus arriver avec des réponses plaquées de la métropole, ce n’est ni envisageable ni souhaitable, mais on a exprimé notre disponibilité pour participer aux réflexions. Il ne faut pas non plus arriver avec les modèles d’il y a 20 ans, mais plutôt se projeter avec une approche moderne comme la domotique et la télémédecine.

Il y a aussi tout un travail sur le bien être, l’alimentation, la mobilité, l’animation avec de vrais lieux de vie où il se passe des choses. »

En effet, si l’idée d’un Ehpad n’est pas encore officialisée, celle des « unités de vie » a quant à elle bien fait l’objet d’un appel à projet pour 5 structures, auquel Mlezi Maore a répondu. Chaque structure permettrait d’accueillir jusqu’à cinq personnes, offrant une alternative à cheval entre l’Ehpad et le maintien à domicile.

Maryse Duval est venue à Mayotte rencontrer les responsables de l’ARS et du Département et cerner les besoins de demain

« Avec l’augmentation du niveau de vie, les gens vivent plus longtemps, il y a aussi un phénomène croissant de travail des femmes, ce qui fait qu’à un moment s’il n’y a à la maison ni l’homme ni la femme qui partent travailler toute la journée, on a beau vouloir garder chez soi ses grands parents, ça a des limites » constate Maryse Duval après quelques jours d’échanges sur l’île. « Il faut donc envisager d’autres solutions. Il existe déjà des accueillants familiaux, mais quand une personne âgée se ‘grabatise’, ces accueillants sont débordés, et ce ne sont pas des soignants. On a donc répondu à l’appel à projet sur la constitution de petites unités de vie, entre 3 et 5 personnes, qui sont dans une maison en cohabitation dans laquelle on greffe des services de services et de soins à domicile de manière structurée. »

Anticiper les besoins mais aussi les recrutements et la formation

Toutefois, le faible volume d’accueil de telles structures devrait vite se heurter à l’augmentation des besoins. Et le gros mot, entaché des scandales à répétition de ces derniers mois, revient dans la discussion.  » C’est pourquoi le Département et l’ARS se posent la question à terme de lancer un appel à projets pour un établissement médicosocial de type Ehpad pour répondre à une certaine demande de la population » poursuit la responsable. « Il faut se projeter sur ce que va être l’avenir dans cette île et la prospective du vieillissement de la population, c’est un sujet qui est à la main de nos institution ». Et d’assurer qu’après ses échanges avec l’ARS, « il y a une bonne volonté et de beaux budgets, tout ça va se mettre en place progressivement » promet-elle.

Maxime Zennou veut anticiper la formation en local pour faire face aux besoins croissants

Restera néanmoins à lever un frein de taille, qui ne concerne pas que le grand-âge : la formation et le recrutement. Si le pôle séniors du groupe SOS compte plus de 4000 salariés dans 70 Ehpad et autres structures de prise en charge, « A Mlezi, on a 170 postes à pourvoir aujourd’hui pour mettre en œuvre nos actions. Il y a une vraie crise de recrutement dans les métiers du travail social, c’est un vrai sujet » déplore Maxime Zennou qui dit n’avoir « jamais vu une telle désaffection pour ces métiers. On aura donc probablement des problèmes ici pour ouvrir de nouvelles unités. Il faudra donc aussi former localement pour éviter d’avoir des Mzungu qui viennent avec des compétences mais qui ne restent pas très longtemps ».

Y.D.

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