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Mamoudzou

Justice : CARIBUS ne devrait pas sortir les freins avant son lancement

On se souvient que le lancement du projet Caribus avait soulevé un tollé chez une partie des acteurs économiques de Kawéni, craignant pour leur avenir. Trois d’entre eux s’étaient constitués en association et avaient déposé plainte. L’affaire était jugée au tribunal administratif ce mardi.

Alors qu’un chantier titanesque se profile à Kawéni autour des aménagements nécessaires à la voie consacrée au bus du transport en commun urbain CARIBUS, les acteurs économiques, dont le groupe SODIFRAM, craignant pour leur avenir, se sont fédérés, et avaient créé l’ « association pour la défense des intérêts économique de Kawéni ».

Plusieurs motivations les ont amenés à déposer plainte contre le préfet et la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (CADEMA), rassemblées dans une demande d’annulation de la déclaration d’utilité publique du projet CARIBUS, prise le 1er août 2020 par le préfet. Les trois sociétés qui constituent l’association craignent pour leur activité avec la mise en place d’un sens unique de circulation. Pour mémoire, une sorte de rond-point géant va se dessiner autour des ronds-points de la zone Nel et de SFR, en passant par la zone technique de Colas/Tetrama, derrière la SOMIVA. Une voie sera consacrée aux véhicules, l’autre aux bus.

La ligne 1 devant Jumbo avec sa desserte de ligne unique pour les bus (en haut de la photo)

L’association fait flèche de tout bois, en demandant également une mise en compatibilité du plan local d’urbanisme de la commune de Mamoudzou, une étude de l’impact environnemental, une erreur manifeste d’appréciation sur l’ensemble du projet, dont son coût, etc.

Contrairement au tribunal judiciaire, l’instance administrative se fait déjà une idée par la déclaration du rapporteur public, sorte d’éclaireur pour les juges réunis ce mardi en collégialité. Sans trop de préambule, celui-ci mettait en évidence un projet « d’intérêt général », avec en face des « expropriations obligées », et des atteintes à l’environnement « pas excessives » au regard de l’objectif : « une offre de transport collectif pour tous, une alternative aux voitures individuelles ». La première pierre a d’ailleurs été posée en février dernier.

Le prix du gain de temps

Les risques que fait peser la voie à sens unique de la rue de l’Archipel sur la circulation des poids lourds pour les livraisons, sont évalués par l’association des 3 entreprises de la zone à « la chute de moitié du chiffre d’affaires ». Ils demandent la pérennisation du double sens. Le rapporteur public mettait en avant la réponse de la CADEMA qui a saisi la Commission d’indemnisation des entreprises. Et la possibilité d’utiliser le parking-relais de 300 places au sud de la ligne 1.

On apprendra que les 5.900 m2 de mangroves détruites à Kawéni, vont être compensées par 2,8 ha de mangroves plantés « dans une zone tampon », et les « grands arbres », préservés.

Le seul point qui va dans le sens de l’association n’a pas été soulevé par le rapporteur public, c’est la crainte initiale d’une évaluation erronée de l’investissement de 145 millions d’euros. Sur lesquels un sérieux correctif a été apporté depuis, avec un chiffrage à 245 millions d’euros pour ces 4 lignes de bus*.

SIM, Mayotte
Pose de la première pierre du projet Caribus en février dernier

En conclusion, le rapporteur public faisait pencher la balance du côté du Caribus, « avec l’absence d’inconvénients excessifs par rapport à l’intérêt du projet ».

L’avocate de la défense, Me Sarah Heitzmann, venue tout spécialement du barreau de Rennes spécialisé dans les procédures foncières, n’a eu qu’à enfoncer le clou, « je n’ai pas de contradicteurs », constatait-elle face au banc vide de la partie adverse : « Il y a évidemment des inconvénients, mais il faut voir les apports de ce premier réseau de transport en commun en site propre. Il va faire économiser de 10 mn à une demi-heure aux passagers »… toutes choses égales par ailleurs. Or, le nombre de véhicules arrivant sur nos routes suit une courbe ascendante.

Comme pour le tramway à Bordeaux, la période la plus à craindre est celle des premiers coups de marteaux-piqueurs sur Kawéni, entre les deux ronds-points Nel et SFR, où la circulation sera alternée. La mise en  place d’un grand parking pour apporter une alternative pendant la phase des travaux avait été suggérée, et aurait permis de proposer une solution pour les livraisons, mais semble-t-il pas retenue.

Le délibéré sera livré dans un mois, il suit majoritairement les conclusions du rapporteur public.

Anne Perzo-Lafond

* Le tracé part des Hauts-Vallons jusqu’à Vahibé, sur 4 lignes de bus différentes : ligne 1, Hauts-Vallons/Passamainty, la 2, Passamainty/Dembéni, la 3, les hauts de Mamoudzou, et la 4, Passamainty/Vahibé

 

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