Cette semaine, ce sont les journalistes qui font l’info. Qui la font et la défont d’ailleurs. Pour la 33ème Semaine de la presse et des médias dans l’Ecole organisée par le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi), plusieurs établissements de l’île accueillent des professionnels des médias.
L’objectif est d’aider les élèves de la maternelle au lycée à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l’actualité et « à se forger une identité de citoyen ».
Le thème de cette année, « S’informer pour comprendre le monde », sera développé dans une dizaine d’établissements devant des élèves de tout niveau.
Partenaire de l’événement, le JDM a pu intervenir ce lundi au collège de Kwale, devant une classe de 3ème et une de 4ème, avec la présence d’élèves d’UP2A, unité pédagogique pour élèves allophones arrivants. Rechercher l’information, la vérifier, construire un article, et éduquer aux réseaux sociaux, étaient au menu.
A l’issue de l’intervention, on peut désormais dégager deux pistes à travailler avec les élèves : l’utilité de suivre l’actualité, et s’armer face aux réseaux sociaux.
En dehors de rares exceptions, tous les élèves ont un téléphone, c’est leur pass vers le reste du monde. Du côté des informations, c’est le JT de Mayotte la 1ère qu’ils regardent majoritairement, même s’ils connaissent la chaine privée Kwezi. Ils ont donc accès à une information locale, peu s’informent en dehors de cela.
Mes amis d’Instagram
Tous ont entendu parler de la guerre en Ukraine, certains de Poutine, et seule une poignée sur 60 vont au-delà, en regardant une chaine comme France 24 par exemple.
Nous avons développé des problématiques locales, comme l’artificielle pénurie de bouteille de gaz, pour expliquer la construction d’une information. Avec un bon écho de leur part sur la méthode de traitement d’une information.
Sollicités pour énumérer les thèmes qu’ils souhaiteraient voir aborder en proximité de leur quotidien, revient le harcèlement. Et les ados sont tous sur Instagram, « pour discuter avec mes amis », dit l’un, « pour me faire d’autres amis », dit l’autre. Sans prise de conscience sur le profil, possiblement faussé, de l’interlocuteur. Le retour sur l’affaire Mila n’était pas de trop, du nom de cette jeune lycéenne de 16 ans, insultée par un homme sur Instagram, pour ses préférences sexuelles, à qui elle répondra par une violente et vulgaire charge contre l’islam, lui vaudra d’être déscolarisée car menacée de mort. Onze de ses cyber-agresseurs ont été condamnés à de la prison avec sursis, mais il y a plus tranquille pour commencer dans la vie.
Ce n’est pas pour rien si, selon un sondage de l’ACSEL et de la CDC relayé par l’Express, la moitié des français ne font pas confiance aux réseaux sociaux, notamment sur la confidentialité et la sécurité de leurs données, mais aussi sur la véracité des informations reprises.
Parmi les élèves rencontrés, peu s’intéressent au métier de journaliste, et quant à l’idée de monter un journal interne au collège, les plus fanas étaient les filles, en dehors d’une, « on se sent pas capables »… La presse, certains ont tenté, motivés par la puissance de ce 4ème pouvoir*, et y ont laissé des plumes.
Anne Perzo-Lafond
* Face aux trois pouvoirs incarnant l’État, pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire