Malaise chez une partie du personnel de la mairie de Koungou

« Chasse aux sorcières et au-delà », pour une partie des agents contre « management le plus collaboratif possible », selon la direction de la mairie. Depuis 2019, des tensions persistent à la commune de Koungou

« Notre maison a pris feu et s’écroule sur ses occupants, mais personne n’ose crier à l’aide ». Ce qui était au départ une intersyndicale se réduit comme peau de chagrin au seul syndicat CGT Ma, « mais majoritaire à la mairie », nous affirment les trois délégués du personnel qui ont listé trois pages de dommages dans la gestion du personnel, « les agents ne veulent pas faire grève car ils craignent pour leurs postes » : « Arrêts maladie, bousculades, aucune reconnaissance pour le travail accompli (…) 20 personnes sont virés ou ont démissionné en l’espace de 3 ans », indiquent-ils. En 2019, une grève avait été menée sur plusieurs jours.

Parmi eux, Bourhane Allaoui, l’ancien conseiller départemental de Koungou qui assure ne s’être pas représenté en raison de « désaccords persistants » avec le maire Assani Saindou Bamcolo. Ce dernier est accusé par son voisin, également délégué du personnel, Attoumani Bacoco, électricien de la commune, de l’avoir menacé devant des collègues, puis déplacé au ramassage de canettes sur la voie publique, « j’ai déposé plainte au tribunal administratif en juin 2021 pour harcèlement, on m’a retiré deux mois de salaire. Pour l’instant, je n’ai pas eu de nouvelles de la justice ».

Le 3ème porteur de revendication est Ousseni Oustadhe, le frère de Raos, qui fut maire de la commune. Mais s’ils évoquent une « chasse au sorcières depuis les élections municipales de 2020 », ils estiment que cela va au-delà, « dès qu’on discute du champ légal, on tombe sur un os ».

La mairie de Koungou

Plafond de verre pour les entretiens annuels

Les trois délégués listent une quinzaine de postes à responsabilité, ex-DGS, DGA, directeur de CCAS, etc., « partis dans d’autres services à l’extérieur de la commune », en reprochant l’impossibilité de travailler avec le DGS Alain Manteau. Que nous avons contacté.

Il s’agit pour lui prioritairement de cas d’agents qui ne suivent pas le rythme accéléré des réalisations d’investissements : « Nous avons 200 millions d’euros d’investissement à mener pendant le mandat, qui impose de se retrousser les manches. Or, certains font en 6 mois un travail à mener en 15 jours. »

Nous l’avons interpellé sur un point soulevé par les délégués du personnel, « les entretiens annuel se déroulent très bien au niveau des chefs de service, mais se retrouvent coincés au sommet de l’administration. Ce qui fait que personne ne connaît le contenu de son évaluation annuelle ». Le DGS reconnaît de « possibles loupés », mais à la marge, « après l’entretien d’une heure et demie avec l’agent, on lui adresse le compte rendu, qu’il doit cosigner ».

Le cas d’un policier municipal parti en métropole auprès d’un de ses enfants victimes d’un accident est également au menu des revendications des délégués, « il est très mal, car après avoir obtenu ses congés, il a été accusé d’abandon de poste ». C’est impossible pour Alain Manteau, « s’il a la preuve que ses congés ont été accordé, on ne peut rien lui reprocher ».

Il tend la main au syndicat, « comme l’a fait le maire en comité technique », et annonce un vaste plan de recrutement de directeurs en tout genre pour mettre en place le plan d’investissement annoncé.

A.P-L.

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