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Un nouveau centre pénitentiaire annoncé par Eric Dupond-Moretti, sous condition de foncier

Cité judiciaire et deuxième prison, même combat, ces deux grandes annonces du garde des Sceaux sont conditionnées au problème du foncier. Charge aux élus locaux et à la préfecture de trouver des terrains pour ces deux projets d'envergure. Le ministre veut aussi renforcer la prévention de la récidive, et donner aux détenus les moyens de leur réinsertion.

Et l’ancien ténor du barreau se mua en ténor des barreaux. Eric Dupond-Moretti a annoncé ce samedi matin la construction « pas dans 20 ans » d’un nouveau centre pénitentiaire. L’actuelle prison de Majicavo, pourtant récente, s’avère largement sous-dimensionnée. La surpopulation carcérale y atteint pas loin de 200% pour les hommes.

« J’ai demandé au préfet d’actionner tous les leviers de l’Etat, pour que l’on trouve un terrain afin que l’on puisse construire un nouvel établissement pénitentiaire à Mayotte. Mayotte a besoin d’un nouvel établissement pénitentiaire. La justice, la chancellerie, le gouvernement, sont prêts à mettre l’argent pour la construction, nous avons besoin d ‘un terrain » a exprimé le ministre à l’issu de sa visite de la prison.

« Le problème ici ce n’est pas vétusté des locaux, ils sont récents, ils ont été livrés en 2015-2016, mais en réalité on n’a pas envisagé l’avenir, on pensait sans doute que l’on serait tranquilles pour 20 ans mais l’augmentation de la délinquance et sa particularité ici insulaire avec une démographie que vous connaissez fait qu’on a vu trop court, et naturellement on se retrouve confrontés à une situation dans laquelle on a une surpopulation carcérale qu’il faut absolument régler ».

Une nouvelle prison donc, mais sous quelle forme ?

Le directeur jeunesse du groupe SOS Maxime Zennou était venu évoquer les dispositifs d’insertion portés par l’association Mlezi Maore à Mayotte

« Les besoins restent à définir, mais il n’est pas question de recommette les erreurs qui ont été commises. On a eu une très courte vue puisque 6 ans plus tard on est embolisés, il faut qu’on voie large. Il faut impérativement que l’on ait un quartier de semi liberté, ça permet également de lutter plus efficacement contre la récidive. Nous viserons large pour désemboliser cet établissement pénitentiaire et pour que le second établissement pénitentiaire permette à l’administration pénitentiaire de respirer et permette la mise en place de structures favorables à la lutte contre la récidive. C’est ça mon objectif, la fermeté de la réponse pénale, sans démagogie, l’humanisme sans angélisme, c’est ça la ligne de crête qui est la mienne. Il faut punir, il faut aussi envisager la réinsertion. La construction d’un établissement supplémentaire, c’est cela. Dans une situation de surpopulation pénitentiaire, on ne peut rien faire, on ne peut que subir. Et les premiers qui subissent ce sont les agents, les détenus aussi, et ça, ce n’est plus possible. Nous sommes prêts à mettre l’argent, il nous faut un terrain, et ce n’est pas la Chancellerie qui peut trouver le terrain. »

Une vision des choses qui rejoint celle qui lui a été présentée par les professionnels du service de probation et d’insertion, Mlezi Maore et la FMAE, fédération mahoraise des associations environnementales, qui accueillent des condamnés pour des travaux d’intérêt général. Le message est que la prison ne règle pas tout, et que s’il faut des places en plus, il faut aussi des moyens de réinsertion, et de prévention de la récidive. Des avancées ont lieu, puisque le nombre de structures accueillant des TIG a été multipliée par près de 3 en deux ans, avec notamment un engagement des collectivités locales.

Le sénateur Thani fait partie des élus qui militent pour un CEF à Mayotte, ce dernier n’est pas exclu

Quant aux mineurs, si le quartier de Majikavo n’est « pas concerné par la surpopulation » malgré ses seulement 30 places, la construction d’un centre éducatif fermé n’est pas exclue. « Je l’ai évoqué car c’est une question qui a déjà été évoquée. Le sénateur Thani, à chaque fois que je le rencontre au Sénat, évoque cette question. Des discussions continueront à être menées, c’est plus facile de construire un CEF qu’une nouvelle prison ou une cité judiciaire, la question est sur la table » a poursuivi le ministre.

Les annonces structurelles sont donc nombreuses, et susceptibles de représenter une enveloppe considérable pour améliorer la Justice à Mayotte. Mais ces propos, tenus en fin de mandature et teintés de nombreuses réserves notamment concernant le foncier, laissent un arrière goût de discours de campagne. En dehors du CEF, le nouveau centre pénitentiaire et la cité judiciaire ont peu de chance de voir le jour avant la fin de la prochaine mandature.

Y.D.

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