Une matinée dédiée à la sensibilisation des responsables de clubs face aux violences sexuelles dans le sport

La libéralisation de la parole et la sensibilisation des acteurs de la jeunesse face aux problématiques des violences sexuelles semblent en bonne voie dans le 101ème département. En parallèle de la campagne retentissante Wamitoo lancée l’année dernière, le groupement d’employeurs Profession Sport Loisirs organisait ce samedi sa première conférence à destination des dirigeants de clubs sportifs.
Et ce, pour atteindre plusieurs objectifs. Anissa Lellouchi, directrice de PSL, explique que « cette conférence a été prévue dès le début de la création du service, et a pour but d’expliquer les enjeux des violences sexuelles dans le sport, et notamment inciter les dirigeants sportifs à sensibiliser les jeunes de leurs clubs, et à se former eux-mêmes».
Une matinée au cours de laquelle les différents organismes impliqués ont présenté leurs activités, les formations, sensibilisations et groupes de travail mis en place.
Puis en second temps, les associations partenaires se réunissaient en table ronde. Au cœur de ces temps d’échanges et de partage, deux témoignages marquants : celui du célèbre rugbyman Sébastien Boueilh, fondateur directeur de l’association Colosse aux pieds d’argile et lui-même victime de violences sexuelles. Mais aussi celui de Saïrati Assimakou, fondatrice de l’association Ose libérer ta parole et elle aussi victime.
La Drajes, également partenaire de PSL au même titre que la Direction aux droits des femmes et à l’égalité, l’ARS, la politique de la ville et aussi le Ministère des Outremers est intervenu pour présenter le dispositif d’honorabilité.

Sport, Mayotte
Un groupe de jeune découvrant la pratique sportive

Bernard Thoulé, représentant de la structure, nous en explique les fondements : « Avant le dispositif existait pour les professionnels, tous les éducateurs sportifs rémunérés devaient se déclarer. Il y avait un contrôle pour ceux-là, mais il n’y avait pas de contrôle pour les bénévoles ». Et avec entre 300 et 400 clubs sur l’île au lagon, cela revient à un nombre assez conséquent de bénévoles.
Mais désormais, depuis septembre 2021, le contrôle d’honorabilité est en place. Il permet ainsi de vérifier les casiers judiciaires, et si ceux-ci contiennent des infractions susceptibles de poser problème, le bénévole ne pourra être enrôlé, ce qui constitue un grand pas en avant dans la prévention.

« Il y a au moins une victime à chaque intervention »

Peut-on ainsi s’avancer sur le potentiel du milieu sportif comme terreau fertile pour les violences sexuelles ? « Dans le milieu sportif on ne peut pas donner de chiffres pour le moment parce que le service a été lancé en début 2021 et qu’il y a eu la crise, et que l’on n’a pas fait beaucoup d’interventions » explique Mme Lellouchi. Néanmoins elle précise que « sur le peu d’interventions qu’on a fait, il y a au moins une victime à chaque intervention. Alors elle n’est pas forcément du milieu sportif, ça peut être familial et autres, mais c’est presque systématique. Alors pourquoi pas utiliser le sport comme un outil pour libérer la parole aussi ? »
C’est pourquoi c’est tout un travail partenarial qui s’est mis en place avec les différents acteurs, afin de créer le service de lutte contre les violences sexuelles dans les milieux sportifs.
En amont, Profession Sport Loisirs œuvre sur les sensibilisations et formations tandis qu’en aval, le groupement oriente les victimes vers les structures qui peuvent les prendre en charge, à l’instar de l’Acfav ou encore de Mlézi Maoré.
Si la conférence de ce samedi relevait du succès, c’est l’un des nombreux axes de travail emprunté par Profession Sport Loisirs, qui continue de multiplier les formations ( et invite les dirigeants de clubs à les contacter), mais aussi les évènements, tels que les MayOlympiades pendants les vacances scolaires : des journées consacrées à plusieurs clubs avec des épreuves sportives sur la thématique des violences.
Ou encore, le 17 mai prochain, un flash mob d’ampleur sur la place Mariage, pour donner toujours plus de visibilité à  la lutte contre ce fléau bien enraciné dans le territoire, et face auxquels les acteurs sont de plus en plus nombreux à faire front commun.

Mathieu Janvier

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