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La SNSM Mayotte, entre multiplication des sauvetages et recherche de financements

Un après la réception du navire de la SNSM et un peu plus de six mois après sa mise en service, quel bilan dresser pour les sauveteurs en mer de Mayotte à l’heure où de plus en plus d’usagers profitent du lagon ?

47 personnes secourues en 2021

Ce lundi encore, les équipes de la Société Nationale de Sauvetage en Mer de Mayotte étaient mobilisées pour porter secours à une trentaine d’enfants en difficulté sur le lagon. Une opération comme tant d’autres, parmi les nombreuses pratiquées depuis la mise en service du nouveau navire, le Tamani, en juillet 2021. Le navire était attendu depuis longtemps et a déjà été bien rentabilisé depuis son arrivée sur le lagon. Rien qu’en 2021, en six mois donc, les équipes de la SNSM Mayotte ont procédé à 31 interventions. Et le nombre de personnes sauvées est croissant : 47 personnes étaient secourues en 2021, directement par le Tamani.

Le Tamani est le plus gros semi-rigide de la la SNSM nationale.

Depuis le début de l’année 2022, les équipes n’ont pas non plus chômé. Déjà trois interventions, et pas moins de 33 personnes assistées. L’une concernait des pêcheurs pris dans la tempête au nord d’Anjouan et récupérés à Mtsamboro. Une autre, plus récente, relevait de la récupération de 4 personnes dans un kwassa à 12 nautiques au large de petite-Terre. Un kwassa vraisemblablement sortant, dont les passagers ont été remis aux forces de l’ordre. La dernière concernait l’opération de ce lundi, gonflant considérablement le nombre de personnes secourues en une seule intervention.
Un total de 34 interventions donc, Mais comme l’explique le patron de la station Alain Pucel, « C’est crescendo. Il y a de plus en plus de monde sur le lagon. Les mahorais s’approprient de plus en plus leur lagon, il y a de plus en plus d’enfants, de personnes qui naviguent, beaucoup de pêcheurs, et on va de plus en plus loin. C’est un peu la loi des chiffres ». Et tout ce travail que la SNSM peut désormais entreprendre, selon M. Pucel, ce sont « des choses qui étaient dévolues à la LIC. On est de plus en plus sur le secours en mer, et la LIC de plus en plus sur ses activités ».

Des missions diverses

Les types d’interventions sont divers, Les missions des bénévoles de la SNSM sont nombreuses. Il peut tantôt s’agir de récupération de pêcheurs, remorquages de navires de plaisance, secours aux kwassas en difficultés… Sur ce dernier point potentiellement polémique, Alain Pucel coupe court : « On est là pour la sauvegarde de la vie humaine. On récupère les gens, après lorsqu’on arrive à terre, c’est la Police aux Frontières qui effectue son travail de vérification. Que ce soient des ESI ou non, ça ne nous regarde pas. Soit ils sont en bonne santé et dans ce cas ils sont soumis à un contrôle de police comme toute personne qui entre dans le territoire national, soit ils sont en mauvais état, et là le SMUR ou les pompiers les amène à l’hôpital ».

Les formations @ SNSM

Au-delà de ces missions sensibles, la SNSM apporte son concours aux manifestations sportives, pour les courses de pirogues ou de natation. Mais la société nationale des sauveteurs en mer aide également lorsque des débris flottants gènent la navigation, ou lorsqu’il s’agissait de récupérer des personnes à terre quand le SDIS n’en avait pas les moyens par exemple. SDIS avec qui la SNSM œuvre d’ailleurs en parfaite complémentarité : « La doctrine c’est que tout ce qui se trouve à terre et à proximité de la terre ce sont les pompiers, et tout ce qui se trouve en mer c’est nous », explique le patron.

Un turn-over incessant

Véritable réalité sociétale du 101ème département, le turn-over pose aussi des difficultés à la SNSM. A ce jour, la structure compte 35 bénévoles. Via une application, ceux-ci sont déclenchés en cas d’alerte. Sur les 35 bénévoles, il en faut au moins 4 pour opérer le navire, et maximum 6. Ainsi, la SNSM est opérationnel H24. Les patrons forment un noyau dur, autour duquel gravitent les équipiers. Mais turn-over sur l’île oblige, « on les forme au fur et à mesure pour les rendre opérationnels ». Des formations très fréquentes donc, qui consistent à acquérir à la fois les notions fondamentales du secourisme et bien évidement, du maritime.

Des moyens financiers limités ?

L’argent est le nerf de la guerre, c’est aussi vrai pour des entités telles que le SNSM. Fonctionnant entièrement sur la base de mécénat, la structure a pu se faire aider par le ministère des Outremer au début de son activité. L’entreprise Total contribue largement en apportant un budget carburant renouvelé cette année encore. Mais face aux coûts de fonctionnement, le besoin en apports reste réel. Le navire a couté 260 000 euros, et le budget sur une intervention peut atteindre les 1500 euros sur une journée, en raison du carburant. « Le Ministère des Outremer nous a aidé un peu cette année, et quelques particuliers. Après derrière on aimerait bien que la convention avec l’aéroport qui était notre principale source de financement puisse reprendre, explique Alain Pucel. Mais c’est l’aéroport qui a les cartes en main ». Il faudrait que « les entreprises mahoraises se rendent compte qu’on est au service des mahorais, et pas au service d’une partie de la population » reprend le patron de la station.
Et ce avant de préciser qu’une partie des dons reçus provient des particuliers, lesquels peuvent bénéficier d’une exonération fiscale à hauteur de 66%. Il suffit pour faire un don de de se rendre sur le site SNSM.org, et de sélectionner la station de Dzaoudzi.

Mathieu Janvier

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