La grande maison située non loin de la station Total de Combani sera bien plus qu’une énième structure de l’association Mlezi Maore. La toute nouvelle Maison de santé mentale, dispositif expérimental qui répond à un appel d’offre lancé il y a à peine plus d’un an, est un pont qui enjambe la frontière entre la médecine psychiatrique, prérogative de l’hôpital ou du libéral, et le médico-social, secteur d’activité historique de l’association Mlezi Maore.
L’objectif de cette structure hybride est de créer une offre « innovante » qui réponde aux besoins du territoire, en matière de soin, mais surtout d’accompagnement.
« A la base c’est un projet innovant co-porté par Mlezi Maore et le CHM » indique Alexis Singre, coordinateur de la maison de santé mentale. Ce dernier évoque les « difficultés liées au manque de lits en psychiatrie. Dans le réseau de santé mentale, on a du mal à avoir un parcours de soin sans la continuité. Il y a beaucoup de ruptures dans les parcours de soin, notamment du fait qu’il y a beaucoup de fragilité sociale. L’idée était de réunir dans un même lieu le socio-éducatif, le médico-social et le soin, pour accompagner au mieux les personnes et éviter toute rupture de parcours ». Avec la maison de santé mentale, l’objectif est « de faire du soin autrement, avec de l’accueil collectif, des projets, et en mettant la personne au cœur de son projet pour qu’elle soit moteur des projets qui se mettent en place. »
Première grande étape, ce lundi la structure a commencé à étudier les dossiers d’admission d’une dizaine de bénéficiaires futurs. Et si officiellement, elle a « commencé à accueillir » les « enfants et adolescents », les salles, qui sortent d’un an de travaux, ne sont encore presque pas meublées, et il reste un peu de chemin avant que la grande maison n’atteigne tout son potentiel.
Mais qu’importe, l’accueil, maître mot des lieux, est ouvert, et quiconque viendrait s’y présenter serait pris en charge assure le chef de service. Et ce, « de manière inconditionnelle ».
« Il y a vraiment cette idée d’être une maison, avec un accueil ouvert et inconditionnel de 8h15 à 17h sans interruption y compris le midi. L’esprit c’est de passer la porte même sans rdv et d’être accueilli. »
Une fois la porte franchie, plusieurs parcours d’ouvrent pour le demandeur, qu’il vienne de lui même, ou orienté par un des partenaires de la maison de santé mentale. Il peut bénéficier d’un accompagnement par le personnel de la structure, qui compte notamment trois médecins, des animateurs, des aides-soignants et des éducateurs spécialisés, ou être orienté vers les urgences psychiatriques ou tout professionnel plus adapté.
« Une des forces de la MSM, c’est que ce ne sont pas des prises en charge mais des accompagnements » poursuit Alexis Singre, « chaque professionnel est un accompagnant et pas un professionnel qui prend en charge. L’usager vient rencontrer une personne plus qu’un professionnel ».
Du coup, ce même lieu verra se dérouler des consultations médicales classiques, des échanges avec un psychologue ou des ateliers de groupe selon les besoins. Une aide à la parentalité est aussi dans les cartons, ce qui correspond à un besoin criant du territoire.
Dès que la structure aura reçu toutes les autorisations des autorités pour lancer l’aspect médical de ses missions, elle pourra accueillir les adultes, avec une présence du CHM sous la forme d’un CMP (centre médico-psychologique). De quoi répondre à un autre besoin, qui est de décentraliser l’offre de soins psychiatriques hors de Mamoudzou. Et si cette structure destinée aux habitants de la 3CO est une expérimentation, Mlezi Maore a d’ores et déjà l’ambition d’en voir fleurir dans chaque intercommunalité, afin de créer un maillage optimal du territoire.
Y.D.