Le volcan Hunga-Tonga-Hunga-Ha’apai a un nom presque aussi imprononçable que ses homologues islandais. Mais il sait se faire entendre. Ce weekend-end, ce volcan, qui forme une petite île du Pacifique Sud est entré en éruption dans une explosion colossale, qui a pulvérisé l’île apparue il y a une dizaine d’années, et causé un tsunami meurtrier sur les îles voisines. Il a aussi généré une onde de choc atmosphérique qui a fait le tour du globe. « L’intense éruption du volcan Hunga Tonga dans le Pacifique Sud-Ouest ce 15 janvier 2022 à 04h14 UTC a généré une puissante onde de choc ou onde de pression atmosphérique qui s’est propagée sur l’ensemble du globe. La Réunion et Mayotte, respectivement situés à environ 12800 km et 14200 km du volcan, ne font pas exception ! » indique en effet Météo France sur sa page Facebook. L’onde s’est propagée à la vitesse du son, jusqu’à être enregistrée par les stations météo comme une » hausse rapide de la pression suivie d’une baisse rapide », d’abord à La Réunion, puis à Mayotte un peu plus d’une heure plus tard. « L’onde de choc a donc mis 11h24 pour arriver à La Réunion et 12h35 jusqu’à Mayotte. Cela donne une vitesse de propagation de 1120 à 1130 km/h (ou 311 à 313 m/s), ce qui correspond à la vitesse du son dans l’air pour des températures froides typiques de la haute troposphère » indique encore Météo France.
« Ce volcan sous marin a explosé et généré une onde de choc qu’on voit sur les images satellites, qui rappelle l’explosion chimique du port de Beyrouth, mais puissance 10 » illustre Philippe Caroff, de Météo France Océan Indien qui explique que « le son a pu être entendu à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde ». Or, poursuit-il, « l’onde sonore, même inaudible à longue distance, se matérialise sur une onde qui peut se voir sur un baromètre. On l’a vu sur la plupart des baromètres du globe un crochet barométrique, une surpression ponctuelle de l’ordre de 2 Hpa, et on a reçu l’onde par les deux côtés, par l’est et par l’ouest ».
En effet, une deuxième variation de pression a été relevée une dizaine d’heures plus tard. L’onde ayant fait le tour du globe dans les deux directions est donc « revenue » par l’ouest, touchant Mayotte en premier cette fois.
Le pic de pression atmosphérique (voir photo) enregistré n’est pas négligeable puisque la variation relevée équivaut à une variation de deux à trois hectopascals. C’est toutefois trop peu pour avoir été ressenti par la population, ou pour représenter le moindre risque.
Toutefois, « par le passé il y a eu des événements similaires et bien plus dévastateurs, comme l’explosion du Krakatoa qui avait généré un tsunami majeur dans tous l’océan Indien. Sans parler de l’explosion du Santorin qui avait dévasté la Crête du temps de la civilisation minoenne qui avait donné lieu au mythe de l’Atlantide » indique encore le responsable de Météo France.
Ce phénomène qualifié de « peu fréquent » qui a fait le tour du globe n’est pas sans rappeler aussi le phénomène sismovolcanique de Mayotte qui se poursuit. En 2018, quelques mois après les plus gros séismes de mai et juin, des secousses de très basse fréquence (séismes VLP) imperceptibles par la population avaient été repérées par les sismomètres du monde entier, ce qui avait permis par triangulation d’en situer la source à Mayotte, et de corroborer la thèse d’une origine volcanique, ce qui allait être confirmé par la première mission May’Obs quelques semaines plus tard. Or, trois VLP ont encore été repérés en décembre. Si ces ondes se propagent dans la terre et non dans l’air comme celle évoquée plus haut, elles viennent rappeler que les éruptions volcaniques sont des phénomènes qui, à leur manière, font trembler toute la planète.
A la Réunion en revanche, le Piton de la Fournaise ne tremble presque plus, et semble avoir opté pour un repos surprise. L’observatoire indique un arrêt « brutal » du trémor volcanique, trois semaines et demie après le début de l’éruption.
Y.D.