« Moi à titre personnel je ne suis pas très inquiète » exprime Véronique Fabre, la principale du collège Ouvoimoja de Passamaïnty. « On a communiqué avec les familles pour dire qu’on serait très exigeants sur le port du masque. Nous renforçons les consignes de sécurité avec la mise en place un peu plus stricte des gestes barrière, à part ça c’est une rentrée de janvier comme d’habitude, on va tout mettre en place pour que les choses se passent bien » explique-t-elle, précisant que les demi-jauges ne concernant que le lycée, « au collège on fonctionne normalement ».
Normalement, ou presque. En effet, avec plus de 12% d’absentéisme chez les profs, un peu de réorganisation a dû avoir lieu dans ce collège de presque 2000 élèves.
« L’absentéisme, on va gérer comme d’habitude », explique la principale, « avec des remplacements de courte durée ou des modifications d’emploi du temps pour ne pas impacter la vie scolaire. Les CPE et surveillants vont avoir fort à faire pour gérer les choses. Mes adjoints ont fait un effort de recrutement, on a 8 services civique en appui, ce qui va permettre de tenir pendant cette phase transitoire ».
« On a recruté des remplaçants supplémentaires, les chefs d’établissement ont modifié les emplois du temps pour qu’il n’y ait pas trop de trou pour les élèves » abonde le recteur Gilles Halbout qui tablait sur 10 à 15% de profs absents sur le territoire, toutes causes confondues.
Mais si le discours se veut rassurant, dans la droite ligne de la communication nationale sur cette rentrée voulue comme la plus normale possible, les prochains jours s’annoncent incertains. « On s’adapte, on vit au jour le jour » admet Véronique Fabre, face à un absentéisme dont on ne sait s’il va s’accentuer ou se résorber. Et si la presse nationale évoque largement la situation « compliquée » en métropole après une semaine d’école, Mayotte appliquera les mêmes protocoles. Un choix a été fait, celui de l’école pour tous malgré la reprise épidémique. « Il faudra maintenant voir sur le terrain où on en sera demain et après-demain, personne n’est devin pour dire si on a anticipé à la hauteur ce qui va se passer » s’interroge le recteur de Mayotte. « Sachant que sur l’île on est particulièrement touchés… »
Une incertitude qui se fait inquiétude. Le SnuiPP avait dès la semaine dernière appelé à une grève nationale le 13 janvier. La CGT Educ’Action lui a depuis emboîté le pas. Evoquant une « situation quasi inédite », le syndicat » exige du ministère des moyens pour non seulement garantir la santé et la sécurité des personnels et des élèves mais aussi pour leur permettre de travailler et d’étudier dans des conditions respectueuses. Il est clair que les semaines qui arrivent ne pourront pas permettre de travailler sereinement » estime la CGT Educ’Action dans son communiqué. La section mahoraise du syndicat se joint à l’appel à la mobilisation ce jeudi « contre un protocole sanitaire inapplicable » et pour des créations « massives » de postes, et et rappelle la « journée de grève interprofessionnelle pour les salaires et l’emploi » qui aura lieu le 27 janvier.
Egalement, la FSU Mayotte rappelle qu’elle « n’a jamais été favorable à la fermeture des établissements » mais elle juge « indispensable que la communauté éducative travaille dans des conditions maximales de sécurité sanitaire », « demande le report des épreuves de spécialité du baccalauréat de mars à juin » et « relaie la grève nationale prévue le 13 janvier 2022 ».
* Article mis à jour le 11 janvier à 9h25
Y.D.