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JEP 2021 : À Ouangani, patrimoine en partage et patrimoine en péril

La Ligue de l’enseignement et ses partenaires organisaient ce weekend à l’occasion des journées européennes du patrimoine deux jours d’ateliers et de balades à Barakani (Ouangani) à destination des petits comme des grands. L’occasion de faire découvrir et transmettre culture et savoirs-faire locaux sans cacher les blessures du patrimoine naturel.

Des surprises en cascade. Alors que la ligue de l’enseignement avait tablé sur le site préservé de Valarano et ses chutes d’eaux limpides pour une immersion onirique, c’est une toute autre leçon que tirera le visiteur de la balade contée organisée au pied levé à Barakani. « Valarano n’est pas accessible au grand public et nous avons eu l’autorisation d’accès trop tard pour pouvoir nous organiser », explique un animateur, un peu déçu.

Ce qui ne semble pas pour autant chagriner les groupes de bambins circulant d’ateliers en ateliers animés par la ligue et son partenaire du jour, l’association Kaza. Eux, sont ravis. Tant du jeu de piste organisé la veille à destination des CM1 et CM2 autour de 12 lieux emblématiques du village et racontés par les anciens, que de la balade contée du jour auprès de la cascade du village. « Cela permet les faire s’approprier les lieux et l’histoire qu’ils dégagent, car ils [les enfants] connaissent souvent mal leur village. L’objectif est aussi de créer du lien entre les générations », explique Maud Peyretou, chargée de mission à la Ligue de l’enseignement.

À l’image de Jacob, les animateurs de la Ligue de l’enseignement n’ont pas ménagé leurs efforts pour créer un moment des plus convivial

Valoriser les ateliers de lutte contre l’illettrisme

Surtout, l’objectif de l’évènement est de célébrer tout un travail effectué depuis mars en synergie avec le PRE de Kawéni, Wema Watrou et Kaza autour d’une trentaine d’ateliers de lutte contre l’illettrisme à destination des jeunes comme des adultes. « C’est le moment de valoriser ceux qui ont suivi les ateliers tout au long de l’année », indique encore Maud Peyretou, pas mécontente du chemin parcouru autour du thème « traditions et objets anciens ». La bonne humeur est donc au rendez-vous sur la petite place de Barakani. Et les différents animateurs ne ménagent pas leurs efforts pour créer une ambiance chaleureuse. Pari réussi de ce point de vue là.

Pollution au long cours

Pourtant, au retour de leur balade, certains adultes tordent un peu le nez. Il faut dire qu’ils n’étaient pas loin de devoir se le boucher à l’endroit même où ils devaient trouver le clou du spectacle de leur petite marche. Et en fait de clous, c’est plutôt des frigos et autres déchets que l’on trouve gisant à la surface d’une eau saumâtre, irisée des essences de produits ménagers. Le spectacle est désolant. Deux semaines auparavant, pourtant, une journée de nettoyage avait été organisée sur place.

C’est une eau saumâtre, témoin de pratiques néfastes, qui vient se déverser et stagner au pied de la cascade de Barakani

En remontant à l’origine des chutes d’eau, on comprend mieux une des sources du mal. Plusieurs familles lavent leur linge dans une rivière déjà troublée par l’opération. Et marcheurs comme animateurs de discourir sur le chemin du retour. La faute aux autorités, selon les uns, à une mauvaise éducation selon les autres. Au manque de solutions alternatives face à une réalité pourtant évidente pour beaucoup. Une chose est sûre, le patrimoine naturel est en péril. Et s’il fallait une balade contée pour s’en rendre compte, ce n’est pas une histoire.

Grégoire Mérot

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