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"Impossible de rattraper les enseignements annulés", alerte le CUFR

L'amphithéâtre bondé pour cette rentréeDans un communiqué, le Centre Universitaire de Formation et de Recherche (CUFR), alerte sur les conséquence de la perte de 4 semaines de cours pour les étudiants. Et face aux tensions communautaires, défend ses valeurs, qui représentent « l’illustration éclatante des réussites de la diversité dans ce qu’elle a de plus riche, de plus vivant, sans considération des origines », « Mayotte, de la Métropole, de La Réunion, du continent Africain, de Madagascar et des îles Comoriennes voisines. Leur formation assure le rayonnement de la culture française à l’étranger. »

Leur communiqué :

« Depuis le 20 février 2018, Mayotte connait un mouvement de contestation sociale de grande ampleur qui mobilise une part importante de la population autour de questions relatives à l’engagement et aux investissements de l’État sur l’île, en particulier celles concernant la lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine. Ce mouvement s’est nettement intensifié le
lundi 5 mars 2018. Les déplacements motorisés des étudiants et des personnels du CUFR sont de ce fait devenus à de nombreux endroits de l’île impossibles en raison des barrages dressés sur les routes menant à Dembéni. Dans ces conditions, le CUFR n’a plus été en mesure d’assurer sa mission de service public. La fermeture exceptionnelle de l’établissement a dès lors été décidée le 5 mars et est entrée en vigueur jusqu’à nouvel ordre depuis le 6 mars.

Le temps perdu qui passe est extrêmement préjudiciable aux étudiants. Quatre semaines de cours ont déjà été annulées, dont les missions d’enseignement de plus de quinze intervenants extérieurs des universités partenaires. Des examens et des stages n’ont pas pu être réalisés.

Les étudiants sont désormais légitimement inquiets pour leur avenir. Tous nos efforts sont aujourd’hui tournés vers eux, dans la mesure du possible. Les ressources numériques mises en place au CUFR sont utilisées afin de leur permettre de continuer à travailler à distance. Malgré les moyens que le CUFR pourra mettre en œuvre lorsque la situation rentrera dans l’ordre, nous savons déjà qu’il ne sera pas possible de rattraper tous les enseignements annulés, et qu’aucun ne pourra l’être si la situation de blocage de l’île perdure au cours des trois prochaines semaines.

Le calendrier universitaire n’est en effet pas extensible à loisir et certaines échéances ne sont pas reportables. Il est dès lors hautement prévisible que le nombre d’étudiants redoublants sera très important à l’issue de cette année universitaire tronquée. Ce qui ne manquera pas de rendre très problématique la prochaine rentrée, compte tenu de l’accès des futurs bacheliers à la première année de licence et des limites à nos capacités d’accueil imposées par nos infrastructures. Les services administratifs et techniques fonctionnent désormais en mode « dégradé ». Ainsi, le CUFR n’est par exemple plus en mesure de payer ses fournisseurs. La situation actuelle occasionne des retards dans la réalisation des projets de développement du CUFR, dont les travaux de l’extension immobilière en cours.

En définitive, sans remettre en cause la légitimité de certaines revendications, le CUFR déplore toutefois les conséquences dommageables entraînées par la grève sur les étudiants qui se retrouveront significativement pénalisés par la situation de blocage général imposée à l’île.
Pour ne pas pénaliser davantage les étudiants, un engagement fort de l’État et des collectivités territoriales en faveur du CUFR de Mayotte est indispensable pour faire face à une augmentation massive des effectifs d’étudiants en vue d’assurer un égal accès aux études supérieures sur tout le territoire français.

Plus généralement, après plus de cinq semaines de grève, la situation de Mayotte est alarmante sur tous les plans (sanitaire, économique, social, éducatif…). Le CUFR tient ici à attirer l’attention sur l’extrême gravité des événements qui s’y déroulent actuellement et à rappeler l’importance des valeurs républicaines et universitaires.

Contre tout respect des valeurs d’égalité et de fraternité, des propos incitant à la haine de l’Autre sont proférés. Cette haine se traduit par des actes violents, comme en témoignent les habitations détruites ou brûlées appelées « décasages ».

Contre tout respect de la valeur de liberté, la circulation des individus est drastiquement entravée, parfois au point de mettre des vies en danger, empêchant autrui de travailler ou d’acquérir les biens de première nécessité.

Le CUFR a non seulement pour vocation de contribuer à l’élévation du niveau de qualification des jeunes, mais aussi de promouvoir des valeurs aux antipodes du sectarisme et de la violence. Le CUFR est une illustration éclatante des réussites de la diversité dans ce qu’elle a de plus riche, de plus vivant, sans considération des origines. Nos étudiants sont issus de Mayotte, de la Métropole, de La Réunion, du continent Africain, de Madagascar et des îles Comoriennes voisines. Leur formation assure le rayonnement de la culture française à l’étranger, elle est aussi susceptible de leur permettre en retour d’enrichir avec plus de force cette dernière en l’irriguant de leur propre culture. Le CUFR fournit un cadre favorisant naturellement les échanges et le respect entre ces divers étudiants, luttant ainsi à sa manière contre un communautarisme délétère. Quant à nos enseignants-chercheurs, ils sont intégrés dans des réseaux régionaux pour lesquels la globalisation des échanges scientifiques et humains est un apport considérable.

Les valeurs de tolérance, de défense de la justice, de respect des droits et libertés fondamentaux sont portées et défendues avec constance par le CUFR. Le respect des droits humains est placé au-dessus de toute autre règle ou considération. Aucune justification, y compris religieuse, ne peut légitimer ni excuser une atteinte portée à l’intégrité physique ou morale d’une personne, quelle que soit son origine.

Le CUFR appelle donc chacun à la tempérance, à l’ouverture à l’Autre et à la restauration du dialogue dans un climat apaisé, seul à même de permettre de s’emparer avec succès des défis considérables auxquels Mayotte est confrontée. L’attention portée à l’État de droit, combinée au souci de protéger les droits des plus faibles, guide notre mobilisation pour que se manifeste l’humanisme dont l’Université est le porteur privilégié, et pour que triomphent les valeurs de la République. »

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