Dans un contexte anxiogène et plein d’incertitudes, aborder la quête du bonheur pour cette dixième édition semblait s’apparenter à une gageure. Pourtant, avec pour thématique « Nous ; si on parlait du bonheur », le directeur artistique Simon Njami entendait « rassembler le nous le plus large possible, pour bien dire que ce qui réunit n’est pas une semblance mortifère, mais la différence, qui permet de voir, en l’autre, ce qui manque à soi ».
« Connecter les enfants avec leurs émotions intérieures »
En partenariat avec la Direction des Affaires Culturelles de la préfecture, le rectorat, le Conseil départemental ainsi que la mairie de Mamoudzou et les enseignants volontaires, l’association Zangoma a souhaité, au travers de la pratique artistique, donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer pleinement afin de les sensibiliser à leur environnement, qu’il soit humain ou naturel. Cette rencontre académique des arts plastiques de Mayotte, mise en place en 2010 par l’association, entend ainsi nourrir l’imaginaire des enfants tout en leur fournissant un médium d’expression. Pour la présidente de Zangoma, Fatima Ousseni, tout l’enjeu est « de connecter les enfants avec leurs émotions intérieures ».
Proposée aux établissements scolaires du second degré de l’académie de Mayotte, cette manifestation vise aussi à sélectionner les deux élèves qui représenteront le 101e département lors du Festival d’Arts Contemporains des Comores. Une action qui s’écrit dans la continuité du partenariat établi en 2012 entre Zangoma et le festival. Cette opportunité confère la possibilité aux jeunes de l’île de rayonner à l’international et de donner à voir Mayotte sous le prisme de la créativité et de l’altérité artistique.
Au-delà des critères de sélections exigeants, la sensibilité récompensée
Pour départager les 7 œuvres exposées, qu’elles aient été réalisées individuellement ou en
groupe, un jury s’est réuni pour délibérer autour d’une grille de critères précis. « Sur les 20 points de notation, 4 d’entre eux étaient pour le respect du thème, 4 autres pour l’esthétique plastique et l’équilibre de l’œuvre, 5 pour la maîtrise de la technique et 7 points pour l’originalité », détaille le président du jury, Philippe Fouchard, professeur d’arts plastiques au collège K2. Les œuvres, toutes les plus inventives et esthétiques les unes que les autres, ont été chaleureusement accueillies par la critique.
Le jury académique a ainsi sélectionné les deux lauréats qui participeront à la phase internationale aux Comores. Cette cérémonie aura été aussi l’occasion d’invoquer la magie de la création artistique. La principale du collège a dans ce sens, pris la décision de scolariser l’un des lauréats jusqu’alors sans établissement. « Un moment qui donne à voir la jeunesse mahoraise sous un autre angle » s’est émue Fatima Ousseni.
Pierre Mouysset