L’immanquable course de pirogues se déroulait ce premier dimanche de novembre. La marée montante du lagon mahorais donnait un tempo. Elle laissait aussi place à une audience et des participants de toute l’île. Digne d’un grand festival, comme le présente le Parc Naturel Marin, principal organisateur, la course de laka, baptisée avec une certaine tradition « le défi du fundi », proposait son lot de surprises, d’émotions et de découvertes.
Chaque binôme piroguiers devait démarrer de la plage de M’bouini. Sur un parcours de trois kilomètres, il devait contourner l’îlot, avant de retrouver la ligne d’arrivée, après avoir portés la pirogue, sur les derniers mètres. Une expérience hors norme, physique et pleine de bonnes énergies.
Rameurs sachant ramer
L’organisation répondait présent aux moments clés. Le public soutenait les rameurs dans une ambiance digne d’un grand départ d’une compétition internationale.
Dès 9h du matin, les premiers ont pagayé de toutes leurs forces, tout en se dosant leur force pour réussir à franchir l’arrivée dans un temps record. Les plus jeunes, lors d’une seconde course en fin de matinée, ont réussi l’exploit de tous arriver à la destination finale. Toutes et tous évidemment soutenu par un public dynamique, bien présent dès le départ et bien sûr à l’arrivée, comme de grands supporters. Malgré un soleil de plomb dès la fin de matinée, la contribution ne faiblissait pas pour autant du côté du public, que des piroguiers du jour.
L’intermède de ces premières courses donnait place à un traditionnel instant musical. L’association Nourou Ya Maore a offert un extrait du répertoire de l’île, en chant, danse, sifflets et percussions. Le public s’est pressé autour de ce court évènement, berçant les récupérations et échauffements à l’ombre des arbres tropicaux. Un verre de jus de tamarin en main, il pouvait entendre ces voix d’hommes effacer le vent de l’océan Indien.
La belle traversée
La grande course des entreprises locales démarrait à 14h précise. Tout le monde était là pour le plaisir d’une participation en partage avec les autres. Malgré un faux départ au chiffre 7, les équipes ont fait grande sensation dans leur lancement et leur traversée. Tout ça jusqu’au retour des trois pirogues gagnantes pour la finale.
La dernière course de la journée pouvait conclure cette radieuse journée solaire. Ainsi les futurs gagnants allaient prétendre remporter les magnifiques trophées en bois peints : de belles pirogues de décoration, fabriquées par un artisan local.
Vers la fin d’après-midi, alors que l’immortel fundi de M’bouini reprenait le large sur sa vieille pirogue à voile, les vainqueurs recevaient leurs prix sur le podium de cette compétition exceptionnelle. En tête, l’Association sportive de Boueni Mtiti ainsi que Tommy et Thibault, du collège de Labattoir.
Parions que certains seront bercés lors des prochaines nuits par le rythme des vagues, le son de l’océan dans les oreilles, et des rames en bois qui percent l’eau bleue du lagon de Mayotte.
Germain Le Carpentier